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Youssef Chahed : Quand il est libéré, il vole !
Publié dans Business News le 23 - 03 - 2018

Mal en point politiquement depuis les dernières sorties du président de la République, fragilisé par la puissante centrale syndicale UGTT et enfin convoqué par les députés de l'ARP ce 23 mars 2018, Youssef Chahed savait qu'il jouait gros lors de son audition. Son discours a fait taire tous les sceptiques et l'a fait entrer dans les rangs des hommes d'Etat. Retour sur un discours qui fera date !

« Je vais commencer mon discours par une question, ce n'est pas habituel, je le sais, mais je voulais savoir qui sont les parties qui ne veulent pas qu'il y ait des élections municipales » d'emblée, Youssef Chahed fixe la tonalité de son discours, il est là pour agir, pas pour réagir, il prend les devants, adresse des coups à ses détracteurs, attaque, dirige les débats et fixe les priorités.

S'il se vante de quelques bons indicateurs économiques (le taux de croissance a augmenté, le chômage a baissé et les exportations sont en augmentation), conséquence des mesures gouvernementales pour relancer l'économie, Youssef Chahed est bien conscient des difficultés persistantes (dans les réserves de change, dans le taux d'inflation élevé..), qu'il qualifie de problèmes structurels de finances publiques.

Et au chef du gouvernement d'entamer alors un véritable récital, dans ce qui constituera indéniablement le temps fort de son discours « Il faut des réformes structurelles pour réformer en profondeur la situation des Caisses sociales, caisses de compensation et des entreprises publiques…On est le premier gouvernement à avoir ouvert ce gigantesque dossier et on a une vision claire pour réformer ces secteurs ».

Youssef Chahed lancera dans la foulée une pique aux partis politiques (même ceux qui le soutiennent officiellement), organisations nationales (patronales et syndicales) concernant la mise en exécution de ces épineuses réformes : « En réalité, tout le monde est d'accord pour le diagnostic mais quand on veut mettre en œuvre ces réformes le corporatisme l'emporte et empêchera toute réforme ! Mais nous allons réformer ! Le temps des grandes réformes est venu, Il y a un prix à réformer, nous sommes prêts à le payer » affirme un chef du gouvernement qui n'a jamais semblé être aussi déterminé, et libéré de toute emprise politique et partisane.


Point par point, Youssef Chahed prend la peine d'expliquer aux députés et à l'opinion publique le bien fondé de ses réformes. Sur les caisses sociales, il affirme qu'il y a urgence pour réformer car la situation est très difficile et précaire : « la CNSS et la CNRPS accusent 100 millions de dinars par mois de déficit, on ne peut pas continuer comme cela. Le citoyen en paie les prix » indique-t-il. Pour résoudre ces problèmes, le chef du gouvernement a indiqué que la loi de finances de 2018 a déjà prévu une cotisation de solidarité de 1% et que le gouvernement va proposer un projet de décret pour réformer la CNSS et un projet de loi pour réformer la CNRPS : « On va demander aux organisations sociales leurs avis dans un délai d'une semaine, passé ce délai, on va ensuite soumettre le projet à l'ARP, toutefois, nous tenons à préserver le principe de solidarité sur lequel repose tout notre système de sécurité sociale » a-t-il argumenté.

Sur les entreprises publiques, le chef du gouvernement a déploré le fait qu'elles soient lourdement déficitaires : « 6500 millions de dinars de dettes cumulées pour les entreprises publiques en 2016. On ne peut pas continuer comme cela, L'Etat ne peut plus couvrir les dettes de ces entreprises, on a besoin de cet argent pour la santé, l'éducation… » a-t-il affirmé.

Pour Youssef Chahed, il faut distinguer les entreprises publiques dans le secteur concurrentiel qui peuvent être privatisées totalement ou partiellement des autres entreprises publiques qui assurent un service public et qui sont en monopole, et dont la privatisation n'est pas à l'ordre du jour.
« Il faut restructurer les entreprises en ayant en tête le principe du maintien de la paix sociale, des emplois et les droits des salariés » explique Chahed qui brise ensuite le tabou de la privatisation dans certaines situations : « Il faut que l'Etat privatise certains secteurs non stratégiques, cela va apporter des ressources pour investir dans la santé et l'éducation. Je ne suis pas pour le libéralisme à outrance, mais l'Etat providence dans sa version pure a échoué partout dans le monde », a-t-il martelé.

Le chef du gouvernement indique qu'il est pour une politique qui prend en compte les considérations sociales. Dans ce cadre, il se dit attaché aux principes de revenu minimum, de couverture médicale universelle, et de logement décent pour tous. Dans ce cadre, Chahed a annoncé que le gouvernement préparait des mesures pour permettre aux personnes qui n'ont pas de revenus stables (taxis ou commerçants) d'obtenir des crédits pour construire des maisons.

Evoquant le chantier de l'éducation, le chef du gouvernement concède dès le départ un constat amer : l'ascenseur social est en panne, et énumère ensuite la liste des problèmes auxquels est confrontée l'école : Problème dans le personnel éducatif, infrastructure, emploi du temps des élèves, niveau général des élèves, problèmes de suicide et de violence.
Les chiffres annoncés par Chahed sont alarmants : plus de 100 000 élèves quittent l'école chaque année, soit plus de 300 par jour. Pour remédier à cette situation, le chef du gouvernement a annoncé une stratégie pour réformer l'école. Ainsi, 500 millions de dinars seront alloués pour restructurer l'infrastructure et le corps enseignant bénéficiera de formations et de stages.


L'école de la 2ème chance pour les élèves qui quittent l'école va voir le jour selon Chahed et le gouvernement envisage de mettre en place la séance unique pour permettre les élèves de pratiquer les activités culturelles et sportives.
Autre annonce importante, des quotas seront réservés aux élèves brillants dans les zones défavorisées dans les grandes universités en Tunisie, car aujourd'hui en Tunisie, les élèves des régions défavorisées n'ont pas les mêmes chances de réussite que les autres, reconnait Chahed.
Le chef du gouvernement insiste pour la nécessité de libérer l'initiative et les talents, dans l'économie (adoption prochaine de la loi sur les startups ; mesures pour réduire la bureaucratie). Mais au préalable, il faut lutter contre la corruption, et la contrebande, affirme Chahed.

Youssef Chahed déclare qu'il savait que la lute contre la corruption allait couter cher à l'équipe gouvernementale, mais affirme que son équipe n'a peur de personne et qu'elle fera tout pour aller au bout de ses intentions « C'est notre vision pour la Tunisie, faire de notre pays un Etat de droit et de l'égalité des chances ».

Enfin, Youssef Chahed conclut son discours en citant une célèbre maxime politique « la différence entre l'homme politique et l'homme d'Etat est que le premier pense aux premières élections, et le deuxième aux prochaines générations » dit-il sous les ovations des députés. Youssef Chahed enchaine : « Je crois en la liberté, en la démocratie, en la République, Vive la Tunisie ! ».

Libéré des pressions politiques qui pesaient sur lui, Youssef Chahed a réussi son meilleur discours depuis son intronisation. Brisant les tabous, il a énuméré les problèmes qu'affronte l'économie tunisienne tout en prenant soin d'y apporter des solutions. Indépendamment de son sort en tant que chef du gouvernement, Youssef Chahed aura marqué les esprits et gagné des points auprès de l'opinion politique.
Serait-ce suffisant pour garder son poste ? Seul l'avenir nous le dira. Sinon, l'élection présidentielle de 2019 pointe son nez et Chahed aura certainement une carte à jouer même s'il a profité du discours pour réaffirmer son appartenance à Nidaa Tounes et sa loyauté envers Béji Caïd Essebsi.


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