Ce n'est pas Youssef Chahed qui payera le prix de l'intervention de Ammar Amroussia. C'est malheureusement, encore une fois, cette gauche qui n'arrive pas à se construire, à évoluer, à convaincre de sa crédibilité.
Un député qui se voit encore en militant syndicaliste, qui croit faire une bonne blague au comptoir du café. Un député qui n'apporte rien à ses électeurs.
Si Ammar, quel dommage. Chacun de vos dérapages affaiblit un peu plus une gauche dont nous avons, ô combien, besoin. Vous éloignez vos électeurs des affaires publiques alors que leurs voix méritent une représentation digne et efficace. Pour qui voteront-ils aux prochaines élections? Dans quel but? Qui parlera pour eux?
Quand vous aurez fini de rire de votre "bon mot", souvenez-vous que personne ne vous a élu pour passer à la télé, pour faire rire, pour des plaisanteries vulgaires et grasses. Il y a d'autres lieux pour ça. La gauche, les militants de gauche, méritent mieux. Elle n'a pas besoin de "leaders" charismatiques et historiques. Elle a besoin de propositions. Elle a besoin d'occuper la place qui est la sienne sur l'échiquier politique.
La gauche tunisienne est un exemple de militantisme, de patriotisme et d'engagement. Elle a su résister aux pires abus de la dictature. Elle a été présente aux principales étapes de l'histoire politique et sociale de notre pays.
Des noms d'hommes et de femmes de gauche sont inscrits en lettres d'or dans les livres d'histoire contemporaine. Certains ont payé de leurs vies leur engagement et leur vision. Ils ne sont plus là pour voir le chemin parcouru.
Peut-être que c'est tant mieux. Les Habib Achour, Mohamed Harmel, Chokri Belaid, Ahmed Brahim, Farhat Hached, Hafnaoui Al-Maghzaoui seraient-ils en droit de se demander s'ils ont lutté pour que vous puissiez parler de sucettes et autres acrobaties à l'Assemblée des Représentants du Peuple? Heureusement qu'ils sont dispensés de répondre.
Si Ammar avez-vous conscience de votre responsabilité historique? Nous sommes tous testés, Si Ammar. La place que vous occupez ouvre la voie à d'autres élus et d'autres responsables de gauche. Ou la leur ferme.
L'histoire nous observe et nous juge. Elle juge notre capacité à mériter ce qui nous arrive.
Que méritons-nous, Monsieur l'Elu? Quels représentants méritons-nous? Combien d'emplois ont été créés à Gafsa ce soir, par vos propos? Quels projets d'infrastructure ont été réalisés? Quelles avancées avons-nous obtenues en termes de droits et libertés?
Monsieur l'Elu, vos bonnes blagues renforcent vos ennemis. Elles seront retenues contre vous, et contre nous.
Que vos insultes vous tiennent bien au chaud la nuit. La bataille pour la démocratie a fait un pas en arrière aujourd'hui. Comme elle avait fait un pas en arrière avant, avec vos interventions précédentes.