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Interview de Omar Béhi : Je vois le bout du tunnel
Publié dans Business News le 28 - 06 - 2018

Serrer la ceinture a été le mot d'ordre du gouvernement cette année. Tout est bon tant que ça permet de collecter de nouvelles ressources fiscales ou de faire des économies. Au menu, de nouvelles impositions, une hausse de prix, etc. Les Tunisiens ne savent plus sur quel pied danser, ces décisions touchant de plein fouet leur pouvoir d'achat, les poussant dans leurs derniers retranchements. Pour en savoir plus, Business News a rencontré, mercredi 27 juin 2018, Omar Béhi, ministre du Commerce, qui sans langue de bois, nous a éclairé sur plusieurs sujets. Interview.

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé le décaissement de la troisième tranche du prêt accordé à la Tunisie. Où en sommes-nous avec cette institution, certains experts évoquant la possibilité d'une rupture totale de l'accord ?
Je ne suis pas en relation directe avec le FMI. Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que la revue du FMI est excellente et qu'il s'agit sans doute de la meilleure depuis des années. Même si on peut juger sévères certaines de leurs recommandations, et là je pense à l'augmentation du taux moyen du marché monétaire (TMM) ou encore à la hausse des prix des carburants, celles-ci sont nécessaires car le budget ne peut pas suivre, et il est donc impossible de faire autrement. L'augmentation du prix du baril de pétrole est imprévisible et augmenter les prix devient inévitable. Le crédit du FMI sera débloqué le 4 ou le 6 juillet. Il en sera de même pour le prêt de la Banque mondiale. Cela va nous donner un souffle nouveau par rapport aux réserves en devise.
En parallèle, nous nous attendons à une amélioration de la situation du secteur du tourisme. Le nombre de nuitées a augmenté de 40% et les chiffres annoncés sont assez intéressants, d'ici septembre on s'attend à une augmentation notable des réserves en devise dans le pays. Le but, aussi, est de remplir les hôtels et d'aider les hôteliers qui ont été très durement touchés depuis 2010. Le tourisme, les crédits, l'année agricole qui se présente bien et la reprise des exportations ne font qu'augurer le meilleur pour une relance de l'économie même si des efforts sont encore nécessaires. Il ne faut pas oublier qu'on vient de loin.

Vous parlez de l'évolution des exportations, donnez-nous des chiffres…
Je suis une personne qui fonctionne avec les chiffres, je suis pragmatique et je ne suis absolument pas dans l'optimisme béat, je suis réaliste ! Je pense que le meilleur indicateur de l'évaluation des exportations est celui de leur évolution à prix constant. L'INS publie chaque mois l'évolution du commerce extérieur à chiffres constants et cela donne une image assez réelle de ce qui se passe dans le pays. Si on compte depuis 2011, il y a eu de bonnes années, notamment en ce qui concerne l'agriculture mais aussi de mauvaises, si on revient à 2015, nous avions eu une bonne année et une année record pour l'exportation de l'huile d'olive, pourtant nous avions fait un chiffre d'export de -2,2% à prix constant. En 2017, nous avons réalisé pour la première fois un chiffre positif de 4,3%. Mieux, pour les six premiers mois de 2018, nous sommes à des chiffres de l'ordre de 8,8% à l'export et à +0% à l'import, à prix constant.
Si on peut dire que les revenus de l'agriculture dépendent des années et sont quelque part tributaires du hasard, il ne faut pas oublier que nos recettes de l'exportation n'en proviennent pas majoritairement et proviennent surtout du secteur des industries mécaniques et électriques (IME) qui ont augmenté de 20%, ce qui revient en valeur absolue à la même augmentation de l'huile d'olive (de l'ordre de 150%), soit de 1,1 milliard de dinars en 2018. Le textile aussi n'est pas à oublier, nous sommes en 2018 à +22% et nous avons enregistré près de 100% d'augmentation en recettes dans le secteur agroalimentaire. On peut donc parler d'une vraie reprise, certes engendrée par la dévaluation du dinar mais aussi d'une augmentation de la productivité et le fait que la machine a recommencé à tourner. Il n'y a qu'à voir et constater que tous les grands groupes font des résultats positifs et il y a une dynamique qui revient, il faut aussi prendre cela en compte. Les choses vont s'améliorer, je reste réaliste et si on se base sur les chiffres. On ne peut que le penser malgré une augmentation significative du prix du baril de pétrole, dont l'impact est très négatif sur notre balance et nos recettes, et la reprise est assez relative et faible de la production du phosphate en plus d'une baisse de 15% des exportations au mois de Ramadan. Il y a de bons signes annonciateurs sur lesquels on doit se baser pour avancer.

Quid du budget? Peut-on entrevoir le retour à un équilibre prochainement ?
Pour ce qui est du budget, on peut dire que les recettes sont bonnes. Le ministre des Finances, Ridha Chalghoum l'avait annoncé, les recettes sont meilleures que les prévisions. Il faut le dire et le redire, tant que nous avons un grand déficit budgétaire, nous ne pouvons ni contrôler le dinar, ni maitriser l'inflation ! Nous en sommes à plus de 7% d'inflation alors qu'au-dessus des 3%, on devrait commencer à s'alarmer. Nous avons pour objectif de diminuer le déficit budgétaire en dessous de la barre des 4,9%, et plus nous tenterons de réduire l'inflation, plus nous devrons augmenter le budget et donc augmenter les taxes. Il est compliqué en même temps de devoir contrôler le déficit budgétaire, contrôler le déficit commercial et maîtriser l'inflation, c'est compliqué et contradictoire. Réduire les dépenses est impossible, nous ne pouvons réduire les salaires ou licencier des gens, alors le recours à l'augmentation des taxes est inéluctable.
Cela est pareil pour les importations que nous devons aussi réduire, pour maîtriser le déficit de la balance commerciale. Pour cela nous avons changé les valeurs tendances et aussi augmenté les taxes à l'import comme vous pouvez le constater. Toutes ces décisions sont dures à prendre mais indispensables pour assainir les finances publiques. Nous avons, malgré l'impopularité, choisi cette voie car c'est en fin de compte cela notre mission et il est de notre responsabilité d'engager les réformes nécessaires pour endiguer l'inflation qui ne dépassera pas les 8% pour redescendre à 7% à la fin de l'année.

Justement s'agissant des chiffres communiqués par l'INS, les gens mettent, entre autre, en doute le choix du panier.
L'INS fait de l'excellent travail il n'y a qu'à voir leurs publications sur le site, depuis 2011. Ces chiffres ne sont pas contestables. Les rapports de l'INS sont publics, je trouve que la différence n'est pas énorme entre les nomenclatures 2005 et 2010. Le poids du panier alimentation était à 29,8, avec les nouvelles mesures il tombe à 28,9, ce n'est pas ça qui va changer grand-chose. Il va certes y avoir quelques ajustements mais cela reste faible quand même, selon des chiffres qui proviennent d'études très sérieuses.

Comment se porte notre balance commerciale ? Allez-vous prendre des décisions contre l'importation provenant de la Chine comme cela a été le cas pour la Turquie ?
Les derniers chiffres, du 20 juin, font état d'une augmentation de l'importation de 22% et de 17% en ce qui concerne l'exportation. Le taux de couverture est passé de 67% à 72%. On note donc une légère amélioration au niveau du déficit absolu de la balance commerciale. Par rapport à la Chine, nous n'avons pas d'accord de libre-échange contrairement à la Turquie où on importait à taux 0% ; Cela nous a permis de renégocier les termes de l'accord et augmenter les taxes à 25% sur une longue liste de produits. Avec la Chine cela n'est pas évident et nous ne sommes pas les seuls à être concernés.

Et le marché parallèle où en êtes-vous ?
La lutte contre le commerce parallèle est un effort combiné entre les ministères de l'Intérieur, de la Défense nationale, des Finances et du Commerce. Nous travaillons sur ce dossier et les choses ne sont pas toujours évidentes. C'est un fléau mondial et nous devons serrer encore plus l'étau. Cela a été entrepris notamment par les services de douane et la campagne de lutte contre la corruption a touché un grand nombre de contrebandiers, c'est un travail de longue haleine que nous allons poursuivre. En ce qui concerne le contrôle technique et les barrières tarifaires, nous œuvrons dans ce sens surtout en ce qui concerne des produits que nous produisons. Nous avons aussi conclu un accord avec la BCT pour exiger un autofinancement pour les importations selon une liste que nous avons établie sur des produits dont nous disposons ou dont nous comptons disposer comme de luxe. Nous avons également conclu un accord avec les concessionnaires automobiles pour réduire de 20% leurs importations. Nous œuvrons à limier les importations sur des produits bien particuliers et nous espérons poursuivre sur cette lancée.

Vous avez pourtant promis aux concessionnaires de revoir ce taux, où en êtes-vous ?
Il ne faut pas associer le secteur des IME au secteur automobile. Ce dernier est un secteur fortement importateur et nous devions le cadrer, nous avons notamment instauré des conditions sur le FCR -NDLR l'incessibilité d'un an des véhicules bénéficiant de ce régime-. Nous sommes conscients de l'importance du secteur et nous œuvrons simplement à l'organiser car il y'a beaucoup de fuites. Il est normal qu'on veuille les aider et nous sommes là pour le faire, mais nous ne sommes pas un contexte où nous devons encourager le Tunisien à vivre au-dessus de ses moyens. Il faut noter que l'épargne est passée de 22% à 8%, les gens n'épargnent plus pour consommer (notamment pour l'achat de véhicules). Dans une période de crise, il faut quand même serrer la ceinture et ne pas faciliter l'octroi de crédit, dès que la situation sera améliorée nous réviserons évidemment les quotas. Pour ce qui est de la libéralisation du marché, il faut prendre en compte que l'économie est tirée par trois facteurs : la consommation, l'investissement et l'exportation. Le moteur de la consommation dans un petit pays comme la Tunisie a montré ses limites et c'est bien cela qui a créé de l'inflation. Les négociations sociales qui reprennent seront d'ailleurs l'occasion de voir avec les parties sociales un moyen de ne pas enfoncer le pays dans une crise provoquée notamment par les recrutements massifs entre 2011 et 2013. Cela reste toutefois sujet à discussion. Les réformes sont difficilement acceptées, il faut voir ce qui s'est produit en Grèce où les salaires ont été réduits de 30%, nous ne voulons pas en arriver là.

Pensez-vous que vous êtes, quelque part victime des gouvernements qui vous ont précédé ?
Des décisions ont été prises en 2011, elles ont eu des conséquences mais je ne peux les qualifier d'erreurs car le contexte était particulier et le peuple a voulu reprendre un pouvoir qui lui a été interdit. Elles sont peut-être populistes mais compréhensibles et pour la plupart légitimes, le fait que 40% du budget est alloué aux salaires reste toutefois une des causes de la crise…

Combien de personnes de votre ministère ont déposé leur dossier pour bénéficier du programme de départ anticipé?
Le départ à la retraite volontaire n'a pas eu beaucoup de succès car les conditions ne sont pas optimales.


Pour ce qui est de l'augmentation du prix du carburant qui a scandalisé les citoyens, pourquoi ne pas l'avoir annoncée plus tôt ?
Dans tous les pays du monde, les augmentations ne sont pas annoncées et les gens ne seront jamais préparés à une augmentation et ne peuvent jamais être convaincus de son utilité et cela est légitime. Il est impossible de les convaincre, cela crée en plus des spéculations alors que la question est simple, est-ce que ces augmentations sont légitimes? Quand le prix du baril de pétrole augmente substantiellement, nous n'avons d'autre choix que d'augmenter les prix. Le budget a été calculé selon un certain prix, et prévenir une augmentation ou une diminution du prix du pétrole est impossible, le marché est très spéculatif. L'augmentation d'un seul dollar du prix du baril, engendre 120 millions de dinars additionnels à déduire du budget, quand cela est de 20 dollars comme c'est le cas, nous sommes à environ 2,5 milliards de dinars. D'où allons-nous apporter cet argent, si ce n'est en augmentant les prix? Ce que nous avons fait c'est ajouter 1 milliard de dinars de plus pour arriver à une compensation énergétique de 2,7 milliards de dinars pour 2018, mais nous avons dû augmenter les prix pour ne pas laisser filer le déficit.

D'autres augmentations sont-elles à prévoir ?
Il n'y a pas d'augmentations prévues pour l'instant. Il y a toujours des réflexions sur des augmentations mais rien n'a été décidé ou envisagé surtout en ce qui concerne les produits de base.

Avez-vous l'intention de libéraliser plusieurs marchés, détenus par l'Office du Commerce et dont l'Etat a le monopole, comme le café, le thé ou riz?
Non, l'Etat garantit l'approvisionnement de ces produits à des prix étudiés. Parfois, nous donnons des autorisations pour certaines niches.

Où en êtes-vous dans les négociations de l'Aleca sur le libre-échange de services, de produits agricoles et la libre circulation des personnes ?
Le dossier est traité par Hichem Ben Ahmed, négociateur en chef de l'Aleca. Nous allons procéder avec progressivité et avec une mise à niveau préalable comme on l'a fait en 1995 : nous l'avons fait pour l'industrie, nous avons démantelé sur 10 ans, pour l'agriculture nous allons aussi étaler la mise à niveau sur un certain nombre d'années. L'accord est toutefois dans notre intérêt l'Europe est notre plus grand marché, on y exporte plus de 80% et c'est notre plus grand partenaire historique stratégique et commercial. On a besoin d'eux et ils ont besoin de nous. L'Aleca nous devons l'étudier mais c'est dans notre intérêt. Avant 1995, nous n'avions rien en termes d'industries, en ce moment nous avons des entreprises capables d'exporter car un effort de mise à niveau a été fait grâce à l'accord de 95. Nous sommes passés à un taux de couverture de 100% et les seuls pays avec lesquels nous n'avons pas de déficit sont les pays européens. Dans toute négociation il ne peut y avoir un gagnant exclusif ou un perdant exclusif et un des points de blocage est la libre circulation des personnes, car nous réclamons la libre circulation de nos professionnels. C'est légitime qu'ils puissent circuler librement pour pouvoir se mesurer à la concurrence.

Dans la situation économique du pays, voyez-vous la fin du tunnel ?
Je suis réaliste et optimiste, je vois la fin du tunnel. Les chiffres me permettent de le dire et cela en me basant sur l'augmentation du taux de croissance. Les choses seront nettement meilleures en 2019, j'en suis certain. L'instabilité politique est une mauvaise chose. Avec un ministre qui change tous les ans, on ne peut même pas entreprendre des réformes. Ce gouvernement est le seul à avoir dépassé un an et demi d'existence, et cette stabilité il la faut, surtout au niveau de la présidence du gouvernement. On peut changer quelques ministres mais pour que les choses soient stables et puissent continuer à fonctionner, même au niveau de l'administration, cette stabilité est nécessaire et vitale. C'est la stabilité qui crée de la croissance. Il y'a aussi le perçu, croire que tous les politiciens sont des menteurs ou des voleurs est d'abord faux et contre-productif. Les langues se sont déliées, c'est bien, mais il ne faut pas dire tout et n'importe quoi. Il faut un apprentissage, c'est normal et humain et c'est une évolution classique des choses. Il faut du temps pour être capable de discerner et la stabilité est primordiale, dans le cadre d'un consensus. Le gouvernement écoute, prend en considération et décide. Cela été le cas de la loi de finances qui est passée malgré le tollé de réactions qu'elle a pu susciter. C'est un exemple édifiant mais qui dénote de la volonté du gouvernement de tenir bon dans les réformes qu'elles jugent nécessaires.
On ne peut pas gouverner avec le consensus, il faut décider tenir bon et mettre en place les réformer qui s'imposent. Cela prend du temps car les choses doivent se faire de manière à ce que des résultats suivent. Nous nous sommes engagés à atteindre 3% de croissance en 2018 et 4% en 2019 et réduire le déficit et nous travaillons sur ça. Le chef du gouvernement a annoncé qu'il n'y aura pas de nouvelles taxes l'an prochain pour qu'il y ait de la stabilité. L'économie réelle marche globalement, c'est au niveau des finances publiques que réside le problème. Un grand effort est à faire pour élargir l'assiette fiscale et intégrer l'informel dans le formel, qui pourra se faire notamment par la diminution de la circulation du cash qui a doublé de 6 à 12 milliards, le "décache", et par l'instauration d'outil comme le mobile paiement.
Globalement, la situation économique s'est améliorée. On ne peut pas dire qu'elle soit bonne. Nous visons à augmenter le taux de croissance 3% en 2018 et 4% en 2019, mais aussi d'arriver à 50 milliards de dinars en export en 2020. Nous avons prévu de faire 13,3% d'augmentation par an et nous en sommes en ce moment à 24% ce qui est largement supérieur à nos objectifs. Les indicateurs sont bons, nous devons rester sur cette lancée pour améliorer encore la situation, nous devons fournir tous ensemble un grand effort.
La loi sur l'enrichissement a été présentée par le gouvernement, elle concerne les employés du public car c'est facile de les contrôler. C'est nous qui avons mis en place cela, et nous avons augmenté les salaires des juges qui font aujourd'hui un travail colossal en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Il faut aussi laisser travailler l'appareil judiciaire. Le chef du gouvernement ne va pas à chaque fois faire quelque chose de spectaculaire. Nous leur avons donné les moyens nécessaires et la société civile joue aussi son rôle pour que les choses avancent.

Comment évaluez-vous votre rendement ?
Ce n'est pas à moi de me juger, c'est aux autres de le faire. J'essaie de faire mon maximum et surtout de m'entourer de personnes qualifiées, qui sont toutes issues de l'administration.
Notre priorité c'est de booster l'export, de contrôler les circuits de distribution et surtout d'appliquer la loi. Mais c'est un travail de longue haleine. Il faut lancer les réformes, notamment celle de la compensation pour passer d'un système de compensation de produits à celui de compensation de revenus. Un tel système pourra se mettre en place dans 2 à 3 ans, alléger ainsi les caisses de l'Etat et aller vraiment à ses destinataires.

Myriam BEN ZINEB & Imen NOUIRA


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