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Pourquoi les femmes continuent-elles de mourir?
Publié dans Business News le 28 - 04 - 2019

Des ouvrières agricoles sont mortes, transportées comme du bétail dans un pickup. Depuis, et à chaque occasion qui se présente d'ailleurs, nous avons droit au discours qui cherche à opposer les femmes rurales aux femmes urbaines. Ce discours, bien sûr, qui se croit savant et consciencieux, est répété à diverses occasions : le 13 août, le 8 mars, les accidents de transport, les petites filles de ménage, le débat sur la parité, l'égalité dans l'héritage, etc...

Il paraît que tout ça c'est fait pour les femmes urbaines, que les femmes urbaines sont frivoles et gâtées, que cela ne sert en rien les femmes rurales, que les femmes rurales ont tout le mérite. Tout ceci répété, martelé, porté, publié, crié sur tous les toits et les plateaux par..... des hommes.

Bien sûr. Ces messieurs aiment nous dire que c'est notre faute. Nous culpabiliser. Se déculpabiliser. Dresser les femmes les unes contre les autres. Nous expliquer les choses de la vie. Du mansplaining (demandez à Google), quoi.

Ca serait donc de notre faute? Ben voyons.

Alors, voici quelques éléments de base pour le débat : Les femmes rurales, exactement comme les femmes urbaines, sont victimes de la société machiste. C'est à dire, de la domination des hommes sur les centres de pouvoir, les moyens de production économique, les structures de la société, la transmission de biens, les espaces d'expression et autres petits détails. Tout ceci au moyen de la répression, du formatage social, aux stéréotypes, de la précarité, du faible accès à l'éducation, du harcèlement dans l'espace public, de la mauvaise représentation, de l'intimidation, et accessoirement de la violence physique. Il n'y a pas de femmes urbaines contre les femmes rurales.

Il y a une discrimination contre les femmes. La discrimination s'exerce dans des lieux différents. Mais la discrimination est la même. Et les victimes sont les mêmes.

Il se raconte d'ailleurs que cette discrimination serait exercée par les hommes : hommes de la famille, contremaîtres d'usines, patrons dans les bureaux, harceleurs de rue, violeurs, proxénètes, chauffeurs de pickups, propriétaires de champs. On raconte ça dans l'histoire humaine .... Il paraît même que ça s'enseigne dans les livres. Mais, nous les femmes, nous le vivons au quotidien.

Vous savez ce qui améliore la vie des femmes dans les campagnes ?

Ce ne sont pas les safaris photos effectués dans les campagnes pour "visiter" les femmes dans les campagnes. Ce ne sont pas les insultes contre les femmes instruites. Ce ne sont pas les poèmes publiés sur Facebook. Ce n'est pas la nouvelle vaisselle achetée pour manger les briks de Ramadan. Ce ne sont pas les prêches daéchiens diffusés dans les taxis. Ce ne sont pas les publicités de lessive. Ce ne sont pas les émissions de Amine Gara et Naoufel Ouertani. Ce ne sont pas les constructeurs automobiles.

Ce qui améliore la vie des femmes dans les campagnes ? Les droits arrachés par d'autres femmes. Le droit à la santé, l'accès à l'éducation, le droit de vote, la contraception, la fin de la polygamie, le mariage et le divorce civils avec consentement de la femme, l'autonomie économique et financière dans la loi, la pénalisation de la violence, la reconnaissance du viol conjugal. Les femmes qui ont arraché ces droits et continuent à lutter pour d'autres droits, sont souvent des femmes urbaines, ces femmes qui continuent à relever le niveau d'exigences en termes de citoyenneté, d'égalité, de dignité, de justice.

Ces droits sont le fruit de luttes, et non pas de la bienveillance d'un ou de plusieurs hommes. Des luttes portées par des femmes dans le monde. Ces droits ont sorti les femmes de la condition d'esclavage millénaire qu'elles ont subi, réduites à leurs basiques fonctions physiques et biologiques, aux mains de ceux qui ont mis ce système en place et l'ont perpétué.

En dépit de tout cela, la situation reste déplorable. Les lois, les droits, tout cela a du mal à devenir réalité. Pourquoi ? Parce que la société humaine est d'abord faite d'humains, pas de théories. Une société juste est faite d'humains justes. Ce sont ces humains qui n'arrivent pas à se transformer. Ce qui transforme les sociétés et les personnes se sont les mentalités, c'est la culture, c'est l'éducation, c'est la prise de conscience, c'est l'envie d'être meilleurs.

En Tunisie, et ailleurs puisque les femmes souffrent encore de discrimination sous diverses formes dans diverses parties du monde, les mentalités doivent évoluer. Plus que jamais, les femmes ont besoin d'une société juste.

Ce que les lois, défendues par des femmes et des hommes, tentent de faire, c'est d'établir la règle de droit que les humains sont égaux, à tous les niveaux, dans tous les cercles, sous toutes les formes, dans tous leurs genres. Les lois sont le cadre neutre et objectif d'interaction entre nous. Elles projettent les sociétés dans ce qu'elles doivent être. Elles forment notre socle commun et façonnent notre évolution. Les lois justes font les sociétés justes. Elles sont les garantes de la citoyenneté pleine et digne.

La citoyenneté est un pouvoir, un pouvoir légal, juridique et politique. Et elle est aussi un pouvoir économique. La citoyenneté est assise par l'autonomie. D'où la nécessaire lutte pour les droits économiques. Mettre fin à la précarité économique mettra fin à la précarité sociale, au prolétariat politique, à l'esclavage des femmes, à leur soumission à la volonté d'autrui, aux abus.

Pour être vénérés, les Pharaons ont fait construire les pyramides par les esclaves. Dans les sociétés modernes, pour être vénéré, on construit la richesse économique. Des carrières réussies, des maisons, des voitures, des usines, des banques, des champs, des fermes. Et derrière cette richesse, des femmes. Des épouses, des mères, des filles, des ouvrières, des fermières qui exécutent les besognes ingrates, qui gèrent la vie domestique, qui font un travail non reconnu et non rémunéré. Le FMI estime que le travail non rémunéré des femmes représente un manque à gagner de 10.000 milliards de dollars dans le monde.

Pour être citoyennes à part entière, pour ne plus mourir sur les chemins agricoles, dans les ateliers de fortune, sous les coups des hommes violents, les femmes doivent conquérir l'autonomie économique. Leur travail, sous toutes ses formes, doit être valorisé et reconnu au même titre que celui des hommes. Elles doivent avoir accès aux moyens de production. Elles doivent jouir des mêmes droits de propriété. Elles doivent bénéficier des mêmes formes d'acquisition et de transmission de biens.

Elles ont besoin d'égalité dans l'héritage. L'égalité de recevoir une part juste et égale des biens économiques et des moyens de production accumulés dans les familles, grâce à leur travail, rémunéré ou non.

Imaginez-vous quelque part. Dans un café, au restaurant, au bureau, au stade, dans la rue, à la banque, dans une administration publique, dans une école, sur la place du village. Regardez autour de vous, et décidez, au pif, que la moitié des personnes autour de vous aura moins de droits que les autres, portera ce qu'on décidera pour elle, fera la cuisine et le ménage pour les autres, gagnera moins d'argent, lira moins, passera moins dans les médias, possédera moins de biens, sera battue, vaudra moins à tous les niveaux, ira chercher l'eau à la source, ne pourra pas décider de son avenir, sera pénalisée en raison de ses caractéristiques biologiques. Comme ça. Parce qu'elle est du mauvais côté d'une ligne imaginaire tracée, de manière aléatoire, dans la société. Inadmissible, n'est-ce pas?

Vous voulez mettre fin aux injustices? Vous voulez être justes et meilleurs? Vous ne voulez plus que la moitié de l'humanité soit battue, humiliée, spoliée, tuée?

Alors, gommez cette ligne.


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