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Hichem Fourati au service de Youssef Chahed
Publié dans Business News le 27 - 08 - 2019

Le ministre de l'Intérieur fait preuve de plus en plus de zèle pour répondre aux attentes du chef du gouvernement. Il prend de gros risques et fait revivre les démons du passé avec une police qui exécute les ordres du politique.

Une police au service du gouvernant et non du citoyen ? La Tunisie a longtemps souffert de ce syndrome. En 2011, au lendemain de la Révolution, les sécuritaires ont promis et juré qu'on ne les reprendra plus et qu'ils seront désormais exclusivement au service du citoyen appliquant strictement la loi. Cet engagement semble avoir été une parenthèse que vient de fermer Hichem Fourati, actuel ministre de l'Intérieur qui se plie en quatre pour faire plaisir à son chef du gouvernement Youssef Chahed.
Les faits sont têtus et ils ne sauraient être démentis par un simple communiqué rédigé avec une langue de bois où le déni le dispute à la mauvaise foi.
Les faits en question sont cette arrestation spectaculaire du vendredi 23 juillet au péage de Medjez El Bab de Nabil Karoui, favori de la présidentielle qui aura lieu le 15 septembre prochain, soit dans trois semaines. L'arrestation a fait couler beaucoup d'encre et continuera à en faire couler, mais c'est aussi une goutte qui fait remplir le vase des accointances entre la classe politique et l'appareil sécuritaire. Les fantômes du passé avec le retour du bâton policier, des arrestations musclées, du zèle et de l'arbitraire sont encore présents dans les esprits. Que la police fasse du zèle, cela se voit partout dans le monde, mais quand c'est commandité par l'appareil même de l'Etat, ça prend des proportions démesurées.
Les faits, le candidat Nabil Karoui rentrait vers Tunis, en milieu d'après-midi de ce vendredi caniculaire, après avoir passé la journée à rencontrer des citoyens dans le cadre de sa campagne électorale. Arrivé au péage, à bord de sa Range Rover et à la tête d'un bon cortège de son équipe de campagne, il est arrêté par des agents de la Garde nationale à bord de plusieurs 4x4 dont certains sont en tenue civile et d'autres se suffisant d'un simple étendard sur lequel est inscrit police.
L'équipe de campagne munie de plusieurs caméras et accompagnée d'une équipe de télé est immédiatement intimidée par les forces de l'ordre et empêchée de filmer l'interpellation puis l'arrestation. La polémique est enclenchée de suite et, dans un premier temps, on parle carrément de kidnapping, vu que les agents ne portaient pas tous l'uniforme. Dans un pays craignant un acte terroriste à chaque instant et un candidat menacé de mort des dizaines de fois, on ne peut penser décemment à une interpellation officielle d'agents de l'Etat.
Les réactions des médias, de la société civile et de la classe politique, aussi bien des islamistes que des progressistes, n'ont pas tardé. De Hammadi Jebali à Lotfi Zitoun et de Abdelkrim Zbidi à Ahmed Néjib Chebbi, on n'a fait que dénoncer les vases communicants douteux entre l'appareil sécuritaire et le pouvoir en place. Les démons du passé n'ont jamais été aussi présents.

Réagissant assez rapidement à la polémique, le ministère de l'Intérieur botte en touche et déclare dans un communiqué expéditif et bâclé « qu'une brigade a exécuté le mandat de dépôt émis par la justice à l'encontre de Nabil Karoui (…) soulignant que Nabil Karoui a pris connaissance du mandat de dépôt et a obéi aux ordres des unités sécuritaires ».
Sauf que l'histoire n'est pas aussi juste que cela, car l'abus policier est bien clair d'après les rares vidéos qu'a pu prendre l'équipe de campagne de Nabil Karoui.
Il y a d'abord la coutume en la matière. On n'interpelle pas une personne recherchée comme cela, sauf s'il s'agit d'un bandit de grand chemin qui est plutôt poursuivi par la police ou la Garde nationale et non par la justice. Quand la justice émet un mandat d'amener ou de dépôt, son exécution par les forces de l'ordre prend plusieurs jours, parfois plusieurs mois et parfois jamais comme c'était le cas pour l'ancien ministre et ambassadeur Mohamed Najem Gharsalli. Une interpellation qui se fait quelques heures seulement après l'émission d'un mandat de dépôt cela ne peut être que commandité. D'habitude, quand il s'agit d'exécuter un tel mandat, la police interpelle le prévenu à son domicile ou à son travail. Quand il est inscrit dans le registre national des personnes recherchées, il est arrêté au bord de la route lors d'un contrôle policier routinier ou aux frontières.
Vendredi dernier, le candidat à la présidentielle a eu un traitement spécial. Ce n'est pas une première, il a eu droit au même traitement spécial des forces de l'ordre quand il s'agissait d'exécuter une décision de la Haica pour saisir les équipements et interrompre la diffusion de sa chaîne Nessma. C'était en avril dernier, au lendemain de l'apparition pour la première fois de Nabil Karoui en bonne position dans les sondages. Pourtant, la décision de la Haica date de plusieurs années et ses tentatives de faire exécuter ses décisions par les forces de l'ordre et le pouvoir exécutif sont longtemps restées lettre morte.
Le ministère de l'Intérieur parle d'une simple exécution, ordinaire, en dépit de sa forme qui n'a rien d'ordinaire, mais fait l'impasse sur le mélange des genres. Nabil Karoui est interpellé à la fois par des agents en civil, par des membres de la Garde nationale (paramilitaire) et par la police si l'on se tient aux dossards observés dans les vidéos ! La zone de Medjez El Bab étant une région sécurisée par la Garde nationale, que viennent donc faire ces agents de police ?

Mais il y a plus grave, car au moment de l'interpellation, les agents des forces de l'ordre (police et Garde nationale) ont bafoué un texte constitutionnel et un article de loi en empêchant les journalistes accompagnant Nabil Karoui de filmer la scène. De quel droit ? Les articles 9, 10 et 11 du décret-loi relatif à la presse interdit clairement tout type d'entrave ou de pression de n'importe quelle autorité du journaliste lors de la confection de sa matière. L'article 14 du même code stipule que quiconque offense, insulte un journaliste ou l'agresse par paroles, gestes, actes ou menaces, dans l'exercice de ses fonctions, est sanctionné de la peine d'outrage à fonctionnaire public ou assimilé prévue à l'article 123 du code pénal.
Ce type d'interpellation (à la commande ou sur mesure) a déjà été observé il n'y a pas longtemps avec l'homme politique et de médias, Borhen Bsaïes. Condamné à de la prison ferme par une cour d'appel, les agents des forces de l'ordre l'ont arrêté sur la route à peine deux heures après sa condamnation !
Quand les forces de l'ordre tiennent à exécuter un mandat judiciaire, elles y arrivent ! Mais cela ne s'observe pas avec tout le monde et le cas de M. Gharsalli est loin d'être unique.
Autant d'éléments qui ont fait réagir la société civile et les médias, mais aussi les sécuritaires eux-mêmes. Lundi 26 août, le Syndicat des fonctionnaires de la direction générale des unités d'intervention invite ses membres, mais aussi l'appareil judiciaire, à résister à toute tentative d'amener les appareils sécuritaires et judiciaires dans les conflits politiques. Le syndicat appelle à résister aux personnes impliquées dans ce genre d'agissement et à les dénoncer, afin de protéger l'Etat et la nation.

Ces interférences entre l'appareil sécuritaire et l'appareil politique ont connu une belle accalmie depuis l'arrivée de Béji Caïd Essebsi au pouvoir. Pendant un temps, les forces de l'ordre ne faisaient qu'appliquer la loi évitant tout parti-pris idéologique ou politique. C'était le cas sous Najem Gharsalli, mais aussi sous Lotfi Brahem.
Les choses n'ont changé que depuis l'arrivée de Hichem Fourati à la tête du ministère de l'Intérieur, nommé à ce poste par Youssef Chahed, contre la volonté de feu Béji Caïd Essebsi.
Vieil enfant de l'appareil sécuritaire, appartenant à cette génération qui ne fait que respecter les ordres, sans vérifier leur légalité, et veillant à leur application avec zèle, M. Fourati n'a jamais hésité à mobiliser les grands moyens pour satisfaire son hiérarque. Il avait de très grandes chances d'être bien vu par son chef, mais il a pris le risque d'être mal vu par l'opinion publique et les médias nationaux et internationaux, car son zèle était grotesque et les abus observés ce vendredi étaient un peu gros. Mobiliser une « armée » pour arrêter un individu dont on connait l'adresse, empêcher les caméras de filmer et jouer ensuite à la Sainte Nitouche pour dire que l'on ne fait qu'appliquer une ordonnance judiciaire n'a rien d'ordinaire ! Le risque de l'image est moindre que cette peur que Hichem Fourati donne aux observateurs avec le retour des démons du passé d'une police aux ordres du politique.


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