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Elections : la double fracture
Publié dans Business News le 17 - 09 - 2019

Séisme, débâcle, Tsunami, il n'y a pas de mots assez forts pour exprimer le choc ressenti par les modernistes à la proclamation des résultats de l'élection présidentielle du 15 septembre 2019, pourtant ébruités par les instituts de sondage en août et confirmés en septembre jusqu'à la veille du scrutin, voire. Ils ont circulé, ils étaient connus par tous, a fortiori par les principaux concernés. Mais nul n'est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir : Kaïs Saïed et Nabil Karoui étaient tout devant ; et plus d'un âne du Buridan bien derrière ; et au beau milieu d'une cohorte de velléitaires, de parvenus, d'aventuriers et de charlatans, un homme irréprochable, Zbidi. Il était le mieux placé dans les sondages sur les huit candidats issus de la même mouvance. Il fallait le défendre. Nous étions nombreux à l'avoir fait. Il fallait l'abattre. Des gens de notre camp moderniste l'ont fait de la manière la plus abjecte.

Ces élections sanctionnent une élite politique cupide et plus sévèrement l'élite dite moderniste. Il s'agit là d'une double fracture qui déchire la société : l'une oppose le peuple aux élites et l'autre fait voler en éclats la famille moderniste. La première fracture érige le peuple contre les élites. C'est là la quintessence du populisme, même si ce terme désigne une constellation de phénomènes.
Entendons-nous bien, ce n'est pas le peuple qui est populiste mais Kaïs Saïed et Nabil Karoui et même Abdelfattah Mourou et consorts, chacun d'eux coupant le peuple réel en « petits bouts » l'ensemble faisant le Peuple, un concept. Kaïs Saïed en appelle au vrai peuple, un peuple moral, introuvable dans les faits, une fiction pré-politique (le peuple perpétuellement souverain), para-institutionnelle (sur le modèle de la Jamahiriyya libyenne, avec des représentants au nombre des délégations) et para-légale (la chariâa comme source éventuelle de législation, sans trop y insister car Saïed n'insiste pas trop sur rien, d'ailleurs). Saïed est un populiste plastique qui parle impassiblement d'un hors lieu : tout est dans tout car un parti est toujours une partie d'un tout ! La dialectique a parlé ! Il a subjugué les jeunes par un puritanisme antipolitique, les « bac+ » par sa culture juridique, les conservateurs par ses convictions réactionnaires et les révolutionnaires par le souffle « dégagiste » qui l'anime. L'homme est un objet de curiosité publique, un Marzouki la roublardise en moins. Il ne vient pas des luttes. C'était un Gentil Universitaire. En fait, une pure création des médias post-14, de ces journalistes qui n'ont pas pris la peine de faire d'investigations sur le personnage, se contentant railleurs de recueillir les déclarations d'un technicien du droit. Karoui vient aussi des médias. Il en joue, il les manipule et il les met au service de politiciens avec lesquels il est à tu et à toi, le dernier en date Béji. Et sur les traces de son mentor, il s'est dit qu'au fond que les prétendants ne le surpassent guère. Oubliez cette fiction d'un jeune homme qui rêvait d'être président. Trop de bêtises – un euphémisme pour désigner des crapuleries – émaillent un parcours sinueux. Mais voilà, l'homme a été frappé par le malheur, la mort d'un proche étant un mal radical disait Kant, a fortiori la disparition d'un fils. Il faut avoir une culture christique pour croire à la rédemption. L'islam connaît la repentance mais guère l'expiation de la faute par la mortification, le châtiment corporel qu'on s'inflige soi-même en public. Karoui veut se racheter.
Hyper-agité, il se met à sillonner le pays. Il découvre la misère. Il veut y remédier. Chapeau bas. Il veut donc devenir président ; et c'est le chaînon manquant entre la cause et l'effet, les prémisses et la conclusion, la rédemption et la folle ambition. On appelle cela en philosophie un enthymème (passer des prémisses à la conclusion sans passer par l'enchaînement déductif). Son peuple à lui est une population globale, un nombre et un lieu, des personnes dans les douars, une bouche à nourrir, un malade à soigner. Son populisme est alimentaire. Karoui et Saïed zappent l'élite politique. Et tous deux demandent son départ. A tort parce que l'élite se reproduit inévitablement. A raison car celle-ci est corrompue et incompétente, celle-là même que le peuple vient de désavouer, non sans scrupules comme en atteste le faible taux de participation. Malheureusement pour voter à droite: Mourou, Mraihi, Makhlouf et Marzouki. Plus classique et moins sophistiqué, le populisme de cette bande des quatre fait fond sur des valeurs conservatrices, l'esprit d'un peuple croyant.

Le discrédit frappe particulièrement le personnel moderniste plus que jamais divisé entre zbidistes et chahedistes. C'est la deuxième déchirure. Les modernistes ont déjà perdu la bataille des idées et des valeurs depuis que l'islamisme a été normalisé. L'équipe de Chahed s'est particulièrement illustrée par un indifférentisme moral et un désintérêt intellectuel affligeants pour les débats de société. Aucune prise de position sur aucun sujet qui fâche. Des copains de quartier ont subtilisé le pouvoir au vieux Lion au soir de sa vie ; et du coup ils ont pensé le ravir aux électeurs d'autant plus aisément qu'ils ont été rejoints par un troupeau de parlementaires itinérants, littéralement obsédés par le renouvèlement de leur mandat. C'est tout. Ils ont refusé toutes les offres d'alliances.
Pourquoi en faire quand on a l'aval de Ghannouchi et qu'on est sûr de passer haut la main. Ils se sont fait convaincre que les élections se gagnent par la ruse, le mensonge, la prébende et les représailles. Ils ont pensé que le seul frein à « l'étrange destin du poulain » était Zbidi, le mieux placé dans les sondages depuis fin août, malgré une entrée en campagne ratée. Inspirés par les trolls russes, ils ont imperturbablement inondé la Toile de fake-news jusqu'au à une demi-heure de la clôture des bureaux de vote. Les Grecs appellent cette obstination l'hybris, l'arrogance qui s'empare des puissants jusqu'à défier les Divinités. Les modernistes n'ont plus d'idées. Ils sont divisés. Béji les a un moment réunis et puis il les a sciemment éparpillés. Ils se sont présentés en ordre dispersé.
Et maintenant, ils font semblant de s'unir, juste le temps que notre colère s'apaise. Eh ben non ! Tout ce personnel doit partir s'il ne veut pas être « dégagé » et céder la place à des jeunes intellectuellement robustes, moralement irréprochables et politiquement habiles. C'est la seule manière de réconcilier le peuple avec son élite.


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