Après quelques deux mois d'un monde confiné, avec plus de quatre milliards d'individus contraints à vivre cloitrés, le retour à la vie extérieure prend une tournure pour le moins inattendue. Aux Etats-Unis, à Minneapolis, le 25 mai, comme dans tout le pays, on célèbre le Memorial Day, et on honore les soldats morts, toutes guerres confondues. Le jour est férié, les Américains défilent. En fin de journée, Georges Floyd, noir américain, de 46 ans, sort acheter des cigarettes. Même si 25 ans ont passés, il garde l'allure du joueur de basket de talent qu'il était, talent qui lui a permis d'intégrer en 1993 la South Florida State college, une des universités américaines.
Il entre dans une épicerie de quartier, demande un paquet de cigarettes et paie avec un billet de 20 dollars. Le caissier lui rend la monnaie et l'homme repart à sa voiture. Ce père de deux filles, dont l'une qui l'a fait grand-père, a eu un parcours chaotique. Après une période de délinquance, accusé de trafic de drogue en 1997, vol à main armé en 2007, cinq ans de prison, Floyd se rapproche de Dieu, et joue un rôle actif dans son église. Au chômage du fait du confinement, il était chauffeur routier.
Après être monté dans sa voiture, le caissier de l'épicerie le rejoint et l'accuse de lui avoir donné un faux billet de 20 dollars. Floyd nie, les deux salariés de l'épicerie insistent, et finissent par appeler la police. Elle arrivera. Dix minutes plus tard. Et tout va déraper. Floyd sera menotté, puis exfiltré de son véhicule, puis plaqué au sol, le genou d'un policier appuyé sur son cou. Ce genou le tuera. En 8 minutes et 46 secondes. Malgré ses râles et bien qu'il aura pour dernières paroles qu'il ne peut pas respirer, le policier ne relâchera pas son étreinte. L'autopsie révèle que l'homme est mort « d'un arrêt cardiopulmonaire dû à une interpellation par la contrainte et la compression du cou ». Testé positif au Covid-19 le 3 avril, c'est finalement un policier qui le tuera. Car moins aveugle que le Coronavirus, mais plus idiot que le virus, il y a ce policier.
La vidéo de son agonie fait le tour des Etats-Unis et du monde. Minneapolis s'embrase, New York, Los Angeles, Houston, Chicago. Des manifestations de soutien à Floyd s'organisent, et très vite la cause glisse sur la lutte contre les violences policières. A Ottawa au Canada, c'est le Premier ministre Justin Trudeau qui rejoint le cortège des manifestants et qui pose un genou à terre en hommage à Floyd. Aux Etats-Unis, ce sont l'armée et les policiers qui se joignent aux manifestants. En France, le préfet de Paris a trouvé sa façon à lui d'exprimer sa solidarité et a tout simplement interdit les trois manifestations prévues à Paris ce samedi 6 juin. On ne badine pas avec l'état d'urgence sanitaire. Les masques des uns démasquent les autres.
Le paradigme a changé, il va falloir l'entendre. Les gens veulent vivre, les gens veulent respirer. Tout simplement. #icantbreathe
Dans le nord Mali cette fois-ci, et parce qu'il n'y a pas que les meilleurs qui partent, l'armée française a liquidé mercredi le sanguinaire Abdelmalek Droukdel, chef d'Al Qaïda au Maghreb (AQMI). Après avoir flirté avec le FIS algérien en 1993, il intègre le GIA en qualité d'artificier. En 1998, il rejoint naturellement le Groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un avatar du GIA dissout. En 2004, il en devient le chef. En 2016, il prête allégeance à Al Qaïda et voue un réel culte à Zarkaoui, mort en 2006, son idole. Arrivé récemment au Mali, fuyant l'Algérie où il se sentait menacé, il avait pour volonté de pouvoir y supplanter Daech qui y est très active à travers l'EIGS, l'Etat Islamique au Grand Sahara. Sa mort est une victoire, mais ce n'est pas la fin de la guerre. Mille questions restent en suspens, et notamment, qui de l'Aqmi ou de Daech prendra la zone, les deux groupes se livrant une bataille de l'ignoble qui n'a pas de limites dans l'horreur terroriste. La mort de Droukdel ouvre également les conspirations pour sa succession, et différents courants régionaux s'affrontent pour reprendre la direction de la barbarie. Certains experts considèrent qu'il était plus facile de négocier avec cette direction dite algérienne, qu'avec une autre direction. L'obscurantisme sanguinaire a semble-t-il encore de beaux jours devant lui. #blancbonnet
Dans tout ce brouhaha, il y a la polémique sur l'hydroxychloroquine qui continue. Un article publié le 22 mai dans la célèbre revue The Lancet avait tenté de démontrer que le traitement tuait plus qu'il ne guérissait. La France et l'OMS qui ne se le sont pas fait dire deux fois, ont stoppé toutes les études et interdit tout simplement ce traitement. Or quelques dix jours après la publication, le coordinateur de l'étude, le docteur Mandeep R. Mehra, directeur médical du centre cardiaque et vasculaire de l'hôpital Brigham and women's à Boston, et deux de ses rédacteurs, s'excusent et demandent le retrait de l'article. Le motif invoqué n'est pas anodin. Ils estiment que les données transmises par le très controversé Sapan Desai, médecin de son état et dirigeant fondateur de l'obscure société Surgisphère sont au mieux erronées, et au pire fausses.
La société avait transmis le fruit d'une compilation de 96 000 dossiers de patients de 671 hôpitaux recueillis dans le monde entier. Et cette compilation aurait été faite par les onze salariés que compte cette société, logée au domicile de son propriétaire, le fameux Sapan Desai.
A la différence de l'OMS ou du ministère français de la Santé, les journalistes ont enquêté, et la supercherie est en cours de révélation. La société est quasi fictive, les données sont totalement fictives, mais en revanche, le débat sur l'hydroxychloroquine lui est bien réel et reste entier. #catchmeifyoucan
L'étude britannique Recovery est venue ce 4 juin rajouter un peu de polémiques à la polémique, en concluant que le traitement du professeur Raoult n'avait aucun effet bénéfique. La messe est dite pourrions-nous penser, d'autant que ses experts concluent en disant qu'il fallait se concentrer sur des médicaments plus prometteurs. Or en fouillant un peu, il s'avère que le bras de cette étude n'a été menée que sur l'hydroxychloroquine et non sur sa combinaison avec l'azithromycine, l'antibiotique que donne en complément le Professeur Raoult.
La question centrale que soulèvent les scientifiques concernant le traitement du professeur Raoult vient du fait que son essai n'a pas été randomisé, c'est-à-dire que Raoult n'a pas comparés deux groupes, l'un avec son traitement, l'autre avec un traitement standard pour avoir une matrice de comparaison sur l'efficacité de sa combinaison. Il est curieux que depuis quatre mois, et avec des études faites dans le monde entier, par le monde entier, personne n'a pensé réaliser ce pourtant si simple essai randomisé du traitement raoultien. La science a d'inexact que les égos de certains qui la pratiquent. Et pendant ce temps-là, les patients, qui souffrent, patientent. #batailledeclochers
En Tunisie, le Covid-19 n'a fait que passer. Et même s'il a assassiné 49 personnes, le bilan reste bien en deçà de ce qui est observé dans le monde. La crise économique, elle, continue à prospérer quasi librement. En Tunisie, on pleure la Tunisie, mais on ne paie pas la Tunisie. La contrebande n'est pas confinée, la fraude a pignon sur rue, et chacun sirote son café, fruit d'une capsule achetée au marché noir, en se plaignant d'un Etat absent. Les entreprises locales se meurent, concurrencées par un marché parallèle que tout le monde condamne, et que chacun consomme. La diaspora, si prompte à brandir son impact économique indirect par ses voyages et ses envois financiers aux familles, tourne la tête dès que le débat d'éventuelles taxes directes la concernant est introduit. La même diaspora qui lorsqu'elle émet un avis ou une opinion ou une suggestion, est renvoyée à son statut de diaspora, et dont l'auteur est vilipendé sur la place publique pour désertion géographique. En Tunisie, les contribuables sont étranglés, les sociétés légales sont asphyxiées, les gouvernants déploient des trésors d'ingéniosités pour leur en prendre encore plus. Et pas un n'a pensé se poser ne serait-ce que 24 heures en se demandant comment faire pour prendre dans le filet de la légalité, cette grande majorité qui échappe à toute contribution. Ceux qui paient continueront à payer, et à payer plus pour lutter contre la misère, ceux qui n'ont rien continueront à ne rien avoir et en auront encore moins dans la misère, et ceux qui devraient payer continuent à pleurer la misère et pleureront encore plus. #pleurernestpaspayer
C'est la fin de ce trip, c'est la fin du week-end. Vous pouvez éteindre vos smartphones.