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Etude PNUD : la crise covid-19 aura de lourdes séquelles sur l'économie tunisienne !
Publié dans Business News le 21 - 06 - 2020

Aucun pays ne sera épargné par les séquelles de la crise du covid-19. Mais la question est : à quelle proportion ? Alors que le monde est terrorisé par une seconde vague de la pandémie, certaines institutions et experts tentent d'évaluer les répercussions économiques, qui s'annoncent déjà d'une large ampleur, selon les premières prévisions. En Tunisie, le PNUD a tenté de chiffrer les effets de cette épidémie sur l'économie et les résultats sont assez alarmants avec 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020 et 475.000 individus dont les revenus basculeraient en dessous du seuil de la pauvreté monétaire. Compte-rendu.

La crise covid-19 a été un coup de massue pour l'économie tunisienne. Il faut dire que même avant la pandémie la situation n'était pas bonne, avec un modèle économique qui s'est essoufflé et qui a montré ses limites, avant même la révolution. Sur la période 2011-2019, la croissance a été molle autour d'une moyenne annuelle de 1,8% et d'à peine 1% en 2019.
2020 s'annonce une année très difficile. Si la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) prévoit une récession de 2,5% pour la Tunisie en 2020 et le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une récession de 4,3% en 2020, le gouvernement s'attend à une contraction de 7% de la croissance par rapport à ce qui a été prévu dans la Loi de finances 2020.
Pour sa part, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)-Tunisie en collaboration avec le ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale (MDICI) ont tenté de chiffrer l'impact de la crise en se basant sur un modèle d'équilibre général calculable (CGE). Le modèle est structuré en 16 secteurs et 103 branches d'activités, deux facteurs de production (main d'œuvre et capital) et quatre agents (ménages, entreprises, Etat et reste du monde). Un soin particulier a été apporté à la désagrégation des ménages afin de pouvoir analyser la pauvreté multidimensionnelle. En effet, on y considère 22 catégories de ménages définis selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle.
L'étude a été pilotée au niveau du PNUD Tunisie par Asma Bouraoui Khouja, team leader du cluster croissance inclusive et développement humain et élaborée par Mahmoud Sami Nabi, professeur d'économie à l'Ecole polytechnique de Tunis et Abdessalem Abassi, maître de conférences à la Faculté de sciences économiques et de gestion de Nabeul. Elle vise à déterminer l'impact et évaluer les dégâts de la pandémie du covid-19 en Tunisie, sur les micros et très petites entreprises (MTPE) et les ménages mais aussi de suggérer des recommandations concrètes pour l'accompagnement des populations vulnérables et des MPTE durant les phases de la crise, de récupération et de relèvement post-crise.
L'étude a retenu deux scénarios pour l'estimation des impacts macroéconomiques : un premier "scénario 0" de référence (pre-covid-19) qui se base sur le cadrage macroéconomique présenté dans la Loi de finances 2020 avec un taux de croissance économique de 2,7% ; et un deuxième "scénario 1" post-covid-19 intégrant une baisse de l'offre des entreprises, une baisse de la demande des ménages (à l'exception de celle des biens alimentaires et d'hygiène), une baisse des investissements et une baisse de l'investissement public de 40% par rapport au scénario de référence.
En effet, face à un probable recul des recettes fiscales et aux dépenses publiques non anticipées suite à la crise provoquée par le Covid-19, les autorités tunisiennes peuvent être contraintes d'élargir le déficit budgétaire en réduisant les dépenses d'investissement à hauteur de 3 milliards de dinars ce qui représente environ une baisse de 40% par rapport à ce qui a été prévu dans la Loi de finances de 2020.

Côté résultat, le rapport estime que la pandémie entrainerait en 2020 une récession économique de 4,4% (contre +2,7% prévue dans la LF2020). En cause plusieurs facteurs : un choc d'offre dont l'impact est direct et négatif sur l'activité de plusieurs secteurs et une réduction de la demande des ménages du fait du confinement et de la baisse des revenus pour un grand nombre d'entre eux.
En outre, les principales composantes de la demande globale subiraient également une baisse en 2020 : -4,9% pour l'investissement global, -8% pour la consommation des ménages, -8% pour les exportations. Du côté de l'offre, les importations baisseraient également de -9,6%.
Résultat des courses, le confinement et la baisse de la production engendreraient une augmentation du taux chômage estimé à 21,6% contre 15% actuellement, soit près de 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020.
Au niveau des finances publiques, la récession économique prévue se traduirait par un ralentissement de la croissance de certains types d'impôts et une contraction d'autres, par rapport au scénario de référence : les impôts indirects progresseraient de +1,5% contre +11% initialement prévus dans la Loi de finances 2020 ; l'impôt sur le revenu des personnes physiques de +1,4% contre +9,5% initialement prévu dans la Loi de finances 2020 ; et l'impôt sur les sociétés de -6% contre +4,6% initialement prévu dans la Loi de finances 2020.
Concrètement, les secteurs d'activité les plus impactés par la crise sont les industries non manufacturières (-29% sur le chiffre d'affaires), le tourisme (-23% sur le chiffre d'affaires), le transport (-19,6% sur le chiffre d'affaires) et le textile (-17,7% sur le chiffre d'affaires). Les autres secteurs d'activité sont également impactés mais dans une moindre mesure. Le secteur des industries agro-alimentaires, ou encore celui de l'enseignement, sont parmi les secteurs les moins impactés, toujours selon cette même étude.
Par ailleurs, les simulations montrent que le choc du Covid-19 accentue la fragilité financière de la majorité des microentreprises, en particulier celles opérant dans les secteurs du transport et entreposage, de l'hébergement et restauration ou encore dans le secteur du textile, habillement, cuir et chaussures. Elles montrent aussi de fortes disparités régionales mais différenciées selon le secteur d'activité.
Il en ressort que les régions les plus impactées sont celles du Centre-Est, du Grand Tunis, du Nord-Est et du Nord-Ouest. Les MTPE les plus impactées du secteur textile, habillement, cuir et chaussures sont localisées dans le Nord-Est alors que celles du secteur hébergement et restauration se situent dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.

S'agissant des répercussions sociales, les chiffres sont tout autant préoccupants. L'étude détermine que le taux de pauvreté monétaire passerait de 15,2% actuellement à 19,2%, faisant basculer les revenus d'environ 475.000 individus en dessous du seuil de pauvreté monétaire (en l'absence d'une intervention quelconque de l'Etat, ndlr). Le taux de pauvreté monétaire extrême augmenterait également de 2,8% actuellement à 3,9%. La pandémie augmenterait ainsi la pauvreté des catégories les plus démunies du fait de leur plus grande exposition, non seulement au risque sanitaire, mais également aux conséquences socio-économiques.
Deux facteurs contribueraient à cette aggravation, une baisse des revenus par groupe de ménages et une augmentation des prix des aliments de base. Toujours selon ce rapport, il y aura des disparités entre hommes et femmes, le taux de pauvreté monétaire passerait de 15,5% à 19,7% pour les femmes, et de 14,8% à 18,7% pour les hommes. « Ce choc, non seulement risquerait d'anéantir tous les progrès réalisés sur les dix dernières années en matière de lutte contre la pauvreté, mais risque également d'accentuer la "féminisation" de la pauvreté », lit-on dans le rapport.

Autre fait important, la récession économique accentuerait la pauvreté multidimensionnelle (estimée selon une approche monétaire) de 13,2% à 15,6% et ce, du fait des privations subies par les ménages pauvres, en considérant trois dimensions : les dépenses alimentaires, les dépenses de santé et aux dépenses d'éducation. En plus, la crise aggraverait les inégalités de revenus, mais également les inégalités d'opportunités dans le sens où toutes les populations n'ont pas accès aux mêmes opportunités de financement, digitalisation, moyens de communication, etc. et sont donc exposées de manière différenciée au Covid-19 et à ses effets négatifs, toujours selon le document.

Le rapport propose une réflexion stratégique et des solutions via un éventail de recommandations à court terme pour apporter une réponse urgente de soutien aux populations et de soulagement des effets de la pandémie et à long terme pour renforcer la résilience des populations face aux chocs éventuels à venir et repenser le modèle socioéconomique pour une plus grande inclusion et pour un développement centré davantage sur l'humain.
Sur le court terme, et selon les simulations menées, les chercheurs du PNUD préconisent de consacrer aux MTPE une enveloppe d'appui financier direct à hauteur de 447,5 millions de dinars (MD) (environ 1% du budget de l'Etat, ndlr) pour chaque trois mois de confinement, répartis de manière différenciée selon la taille de l'entreprise, le secteur d'activité et la région. Ils conseillent aussi de transformer les institutions de microfinance en un véritable levier de financement des petites structures de production et des populations vulnérables en ayant la possibilité de se refinancer auprès de la Banque Centrale au même titre que les institutions bancaires classiques et de pouvoir collecter des dépôts.
«Cela aurait des répercussions directes en termes d'allègement des charges financières associées aux crédits distribués et supportés par les bénéficiaires. La mobilisation de fonds auprès de la diaspora et l'encouragement des transferts des tunisiens à l'étranger par des mécanismes incitatifs permettant de les orienter plutôt vers le financement de projets de développement régional dans différents secteurs d'activités, est également un outil puissant de financement des populations et donc de réduction des inégalités d'opportunités», explique le rapport.

Autre recommandation, la mise en place d'unités de coordination de l'action gouvernementale, entre les différents intervenants au niveau central, mais également entre l'administration centrale et les autorités régionales et locales (gouvernorats et municipalités), qui serait essentielle pour une plus grande efficacité de l'action gouvernementale. Et de soutenir que « le suivi de la mise en œuvre des mesures prises par le gouvernement pour protéger les ménages les plus vulnérables, et pour fournir des aides financières aux MTPE, nécessite en effet une remontée journalière de l'information afin d'intervenir de manière rapide pour lever les entraves et garantir l'efficacité du plan national de réponse socio-économique du covid-19 ».
Au menu également, le développement de plateformes numériques couplées avec des applications mobiles qui permettrait de faire le recoupement des informations provenant aussi bien de l'administration que des bénéficiaires finaux des mesures de soutien financier (citoyens et MTPE).

Les chercheurs du PNUD conseillent de capitaliser sur l'expertise de l'Instance nationale des élections en matière de travail de terrain et sur le large réseau de la Poste tunisienne pour constituer des antennes de relais au niveau des délégations en embauchant (pour une durée de 3 mois, renouvelable) des équipes de jeunes diplômés capables d'assister les citoyens analphabètes en matière de procédures d'enregistrement de leurs demandes et de suivi de leurs requêtes.
S'agissant des populations vulnérables, ils exhortent à la mise en place de programmes d'encouragement à la mobilité des travailleurs entre les secteurs, qui pourrait être une réponse à la réduction de la vulnérabilité des populations du fait de la crise du covid-19. « Le gouvernement pourrait à ce titre concevoir, en coopération avec le secteur privé et les partenaires sociaux, des programmes de mobilité pour une période de six mois renouvelables, permettant aux travailleurs des secteurs fortement impactés par le choc du covid-19 (tel que l'hôtellerie et la restauration) qui se sont trouvés au chômage, de travailler dans le secteur agricole et dans l'industrie agroalimentaire, ces derniers étant parmi les secteurs qui sont les moins exposés au choc », expliquent-ils.
Ils invitent le gouvernement à soutenir les ménages vulnérables non-propriétaires d'un logement, et qui subissent une diminution de leurs revenus en raison de la pandémie du Covid-19. Cela pourrait être effectué par le biais de l'octroi de prêts sans intérêts à hauteur de 1.500 dinars (correspondant à trois mois de loyer), à travers la Banque tunisienne de solidarité (BTS).

Les auteurs du rapport attirent l'attention sur le fait que les étudiants boursiers, issus de familles à revenus faibles dont les ressources ont été affectées par la pandémie du Covid-19, pourraient être contraints d'interrompre leurs études universitaires, notamment lorsqu'ils sont confrontés à des dépenses alimentaires, de transport et de location, avec l'impossibilité de se connecter pour suivre les cours à distance. Ils recommandent de leur fournir un soutien additionnel notamment en raison de la prolongation de la période des études sous forme d'une bonification de 50% du montant mensuel de la bourse d'étude jusqu'au mois de décembre 2020.

Autre fait important, l'étude souligne que les migrants, en situation irrégulière mais aussi les réfugiés et les demandeurs d'asile seront exposés à une vulnérabilité plus sévère que le reste de la population. « Des mesures de soutien pourraient être mises en place en plus de celles adoptées par le gouvernement, telles qu'une amnistie sur la pénalité de dépassement de la durée de validité des visas pour les infractions datant avant mars 2020, un moratoire sur les expulsions par les propriétaires ou les municipalités des réfugiés et des Tunisiens incapables de payer leur le loyer ou pour d'autres raisons, la mise en place un programme d'évaluation de la santé des migrants pendant la période de la pandémie covid-19, le renforcement du soutien et de l'accès à une assistance de base pour les migrants, réfugiés et demandeurs d'asile les plus touchés - au même titre que les autres groupes vulnérables qui pourraient être menacés de marginalisation ou d'exclusion et la mise en place, en coopération avec les agences internationales en charge des problèmes des migrants, d'une plateforme d'information et de communication avec les migrants pour leur faciliter les procédures administratives et les démarches de rapatriement à leurs pays, s'ils le souhaitent », préconise le rapport.

Sur le long terme, le renforcement de la connexion des populations et des régions entre elles constitue un moyen de libérer le potentiel économique des régions intérieures en catalysant les dynamiques de développement régional, estime l'étude. « Cela peut être fait en poursuivant l'amélioration des infrastructures routières et le maillage des routes, dans la continuité du Plan National 2016-2020, l'objectif étant de permettre une meilleure connexion des zones rurales aux centres urbains et de faciliter le développement des marchés et un meilleur accès des populations aux opportunités économiques, aux emplois et aux services publics », précise-elle.
Les chercheurs du PNUD pensent que l'économie sociale et solidaire constitue également une réponse en faveur de la création de richesses au niveau territorial et de l'inclusion des populations vulnérables. « Ce secteur constitue un puissant levier de développement et de désenclavement des plus démunis, par le potentiel d'emplois qu'il peut offrir et les opportunités de création de richesses et d'inclusion liées. Il est donc un vecteur d'inclusion territoriale et des populations certain », indiquent-ils. Et de soutenir que : « la crise actuelle a montré le rôle important que peut jouer le digital et les plateformes numériques dans l'accès aux marchés et la continuité de l'activité. Cependant, la fracture numérique entre les gouvernorats, entre les différentes franges de la société, entre les MTPE et les moyennes et grandes entreprises, pose le problème des inégalités d'accès à la technologie. Dans ce cadre, la réduction de la fracture numérique et l'amélioration de la couverture des régions intérieures en internet fixe à haut débit sont prioritaires ».
Afin de réduire la fragilité et la précarité des jeunes chômeurs, l'Etat gagnerait à encourager la généralisation de centres de formation aux technologies numériques dans l'ensemble des régions intérieures, conseillent-ils, en notant que « cela permettrait aux jeunes diplômés en particulier les femmes, plus exposées au chômage que les hommes, d'être formées aux techniques leur permettant de créer des solutions numériques (applications mobiles, sites web, formation en ligne, sites de commercialisation de produits) génératrices de revenus stables ».
Autre recommandation d'importance, l'étude estime que la question de la formalisation du secteur informel doit être adressée de manière prioritaire et que les expériences internationales de pays de l'Amérique Latine ou de l'Europe de l'Est, par exemple, sont inspirantes à cet égard.
En outre, elle souligne que le financement de la réponse au covid-19 est une question fondamentale à adresser, en particulier lorsqu'il s'agit de la réponse de long terme pour le renforcement de la résilience. « L'élargissement de l'espace budgétaire par l'instrument fiscal mais aussi la rationalisation des dépenses publiques est une première réponse. La dématérialisation des moyens de paiement permettant d'intégrer la monnaie circulant actuellement hors du circuit financier formel est également un processus à accélérer et à concrétiser. La mise en place d'instruments de financement innovants et axés sur le renforcement de l'accès au financement par les populations vulnérables doit également être la priorité absolue, dans la perspective de renforcer la résilience aux chocs », recommande-elle.

La crise covid-19 laissera des séquelles sur l'économie tunisienne. Certes, elle a été une véritable tornade qui a tout chamboulé. Ceci dit, elle peut être aussi une véritable opportunité, en engageant les réformes douloureuses mais nécessaires pour sortir le pays de cette latence et cette léthargie qui ont assez duré.

Imen NOUIRA
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