Seule une transparence totale pourra redonner confiance aux Tunisiens et mettre un terme au doute et au scepticisme. Pas de place au clair-obscur en Tunisie. C'est certainement la première tâche à laquelle doivent s'atteler tous les partis politiques, qui ont dépassé le cap des 90, et les décideurs de la société civile. Les polémiques suscitées par le report de la date des élections de l'Assemblée constituante et les considérations électorales rendent moins clairs les objectifs des animateurs de la scène politique. En attendant, c'est la suspicion qui règne en maîtresse absolue. Ni les efforts du gouvernement de transition, ni les déclarations apaisantes des responsables des partis politiques qui multiplient promesses et programmes salvateurs n'ont réussi à rendre les Tunisiens plus réceptifs, plus confiants et moins grognons. Le pessimisme le dispute au scepticisme dans les foyens, dans la rue, jusque au sein des entreprises économiques. L'atmosphère morose est aggravée par des démarches qui rendent de moins en moins perceptibles les changements vers un mieux être. En témoignent, les lenteurs remarquées ici et là, les rumeurs sur la persistance de l'influence des serviteurs de l'ancien régime, les déclarations alarmistes sur les résultats négatifs de certains secteurs d'activité, comme le tourisme, les sit-in qui se prolongent indéfiniment, une justice décriée par plusieurs couches sociales… Ce que demande le peuple, c'est un gouvernement plus communicatif qui éclaire l'opinion publique sur les rumeurs persistantes sur la corruption qui résiste après la Révolution. L'assainissement des tous les secteurs passe par la transparence et le dépistage systématique des foyers contre révolutionnaires où qu'ils soient. A l'heure de la liberté d'expression est possible de taire les abus d'où qu'ils viennent. M. BEDDA