Quatre grandes surprises et demi-surprises ont résulté les élections du 23 octobre 2011. C'est ce qu'a été indiqué M. Hatem M'rad, professeur des sciences politiques à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Lors d'une conférence organisée samedi 19 novembre par l'association tunisienne d'Etudes politiques (ATEP), l'enseignant a fait un exposé sur les résultats des élections de l'assemblée Constituante. La dimension d'Ennahdha où tous les sondages situaient dans la fourchette de 25% à 30% des suffrages ou des sièges est une première surprise. La percée du CPR de Moncef Marzouki, les listes d'Al Aridha, et le déclin du PDP de Néjib Chebbi, bien placé pourtant par la plupart des sondages sont aussi des surprises : « les sondages qui ont apparu après la Révolution, non encore scientifiques et professionnels, il est vrai, n'ont en définitive annoncé aucune de ces quatre grandes surprises. Il est vrai qu'ils ont toujours ressorti une proportion de 25 à 30% de « sans réponses » ou d'indécis mais ce sont les voix de ces « sans réponses » qui semblent avoir contribué à faire apparaître les listes d'Al Aridha et renforcer le score d'Ennahdha, tout comme les fausses « réponses » favorables au PDP ont probablement dégarni ce dernier le jour du vote ». Selon lui, le vote du 23 octobre ne semble pas être tout à fait un vote pour la démocratie politique, ni pour la Constituante. Il s'agit d'un luxe inaccessible au pauvre et une masse dotée de peu savoir et d'expérience en matière politique. Il a été plutôt perçu comme un vote d'appel au secours économique : « C'est un vote non pas politique, mais tendant à assurer la revanche sociale des déshérités du Sud, du Nord ouest et du Centre ouest contre la corruption du pouvoir et de ses proches et contre les bourgeoisies du grand Sahel et du grand Tunis. C'est pourquoi, outre les islamistes, qui ont l'habileté de défendre les croyants humbles et pauvres tout en soutenant l'économie de marché et le capitalisme, on trouve juste derrière eux le CPR, Ettakatol et même Al Aridha. Les libéraux sont loin du compte. Au sujet du grand vainqueur de l'élection à savoir Ennahdha qui a emporté 89 sièges sur 217 soit 41%, M. M'rad a indiqué qu'il n'est pas sûr que ceux qui n'ont pas voté, inscrits et non inscrits, aient de grandes chances de voter pour ce parti : « Les électeurs d'Ennahdha sont généralement convaincus, déterminés, très mobilisés et encadrés. Même si, là aussi, les surprises ne sont pas à exclure. Les non inscrits et les non votants peuvent être aussi bien des personnes indifférentes à la politique, des passifs qui ne croient à aucun parti, des analphabètes ou des personnes peu instruites, peu portés à la chose publique ou des personnes âgées que des Rcédistes déçus ».