Une commission d'enquête sur la corruption de l'ancien régime vient de constituer un dossier sur l'attribution d'un contrat de 320 millions de dollars à la firme d'ingénierie québécoise, SNC-Lavalin. Selon le journal « La Presse », la Commission d'investigation sur la corruption et les malversations, CICM, a trouvé un document incriminant SNC-Lavalin dans les archives du palais de Carthage. Il s'agit d'une lettre adressée par un membre de la firme au gendre du président déchu, Sakher el-Materi, à propos de la construction d'une centrale thermique à Sousse. Le contrat a été attribué en 2010 à SNC-Lavalin et à son partenaire italien, Ansaldo Energia (lire notre article). Sakher el-Materi est accusé d'avoir mis la main sur de nombreuses affaires juteuses en Tunisie depuis son mariage, en 2004, avec l'une des filles du président déchu. Il a aussi des liens avec le Canada: en 2008, il a acheté une maison de 2,5 millions de dollars à Westmount. Jusqu'ici, la commission a transféré près de 400 dossiers à la justice tunisienne. Elle ne l'a pas encore fait avec le dossier de SNC-Lavalin. Ce n'est que lorsque cette étape sera complétée, que la justice tunisienne pourra décider de poursuivre ou non l'entreprise québécoise. Neila Chaabane, juriste et membre de la commission, a affirmé que la CICM n'a pas achevé l'étude du dossier : « Une fois que le dossier sera achevé, il sera transmis à la justice si nous avons suffisamment d'éléments de preuves. Ce sera au parquet de décider de poursuivre ou non ». SNC-Lavalin est chargée des travaux d'ingénierie et de tout le matériel auxiliaire, qui comprend la construction du générateur de puissance, les installations de traitement du gaz et de l'eau, l'air comprimé et l'installation de l'équipement d'alimentation électrique.