La violence est condamnable sous toutes ses formes. Aucune partie, sous peine d'être rejetée par la communauté nationale, ne peut l'ignorer ou trouver des justifications aux agissements barbares d'individus qui se croient tout permis. Le phénomène gagne en ampleur. L'insécurité règne en maîtresse. C'est à se demander si la Tunisie est encore en quête d'une institution crédible, d'un organisme capable de faire respecter la loi et de dissuader les agresseurs de tous bords. Devant une carence flagrante de la sécurité et une absence coupable, voire une condescendance qui frise la complicité, du ministère en charge de la protection des citoyens, toutes les éventualités d'une escalade dangereuse dont les conséquences sont imprévisibles. Les conflits entre partis politiques ne peuvent-ils être résolus dans le calme et par le dialogue ? A qui profite le pourrissement de la situation ? Il est clair que les prises de position justifiant la violence rendent leurs auteurs encore plus criminels que les adeptes de l'argument “massue“ eux-mêmes. C'est l'erreur que les responsables au gouvernement et au mouvement Ennahdha n'auraient pas dû commettre. A plusieurs reprises, après les agressions contre Al Abdelia, l'attaque contre l'ambassade US le 14 septembre et, récemment, l'agression contre un député de la Nation, on a cherché à expliquer et, par là-même, à justifier les actes commis par des considérations qui touchent soit au sacré, soit au comportement de la victime. Autrement dit, si Al Abdelia a été dévasté et des objets d'art subtilisés, c'est parce que des artistes avaient attenté au “sacré“ à travers des œuvres jugées blasphématoires. Si l'ambassade des Etats-Unis a été attaquée, c'est à cause d'un film américain médiocre représentant le prophète Mohamed. Si la jeune femme a été violée à Aïn Zaghouan, c'est qu'elle se trouvait dans une situation reprochable. Si Brahim Kassas a été tabassé par « des membres de la société civile et des jeunes révolutionnaires », c'est suite aux propos « grossiers, provocants et indignes d'un élu du peuple ». Les responsables de la Troïka, Ennahdha en tête, sont-ils conscients des développements graves et de la tournure insupportable que prennent les événements ? Il semble que le silence des uns et l'attentisme des autres augure de lendemains pleins d'indécisions et d'appréhensions. D'aucuns ne cachent pas leur crainte de voir le pays basculer dans un chaos des plus redoutables et les objectifs de la Révolution noyer dans un bain de sang. Notre Tunisie mérite-t-elle un tel sort ?