Le décès du deuxième détenu salafiste a fait la une des plus importants journaux internationaux. Mohamed Bakhti est mort après près de deux mois d'une grève de la faim sauvage qu'il observait pour protester contre son arrestation à la suite de l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis. D'après son avocat, Abdelbasset Ben Mbarek, le détenu est décédé vers 2h du matin du samedi 17 novembre, à l'hôpital. Me Ben Mbarek, également avocat du premier détenu décédé, Béchir Golli, a rappelé que ce dernier était en grève de la faim depuis 57 jours, et a succombé jeudi 15 novembre 2012. De plus, la famille de ce jeune salafiste de 28 ans a refusé l'autopsie de son fils pour déterminer les causes de son décès. D'autre part, un troisième détenu et gréviste de la faim est actuellement dans le coma. Des décès et des cas critiques qui commencent à devenir nombreux dans cette Tunisie post-révolutionnaire. Certaines personnes estiment que ces détenus sont coupables et qu'il suffira d'une courte période pour s'en convaincre. D'autres pensent qu'ils sont innocents et qu'il s'agit d'un grand jeu de scène mis en place par Ennahdha (puisque ces derniers représentent son bras droit, selon le même principe). Cela signifierait que les salafistes tunisiens se sont trouvés piégés par Ennahdha alors qu'ils ne faisaient que cette dernière leur a inculqué. Ces réflexions ne sont pas restées muettes puisque, suite au décès de ces 2 détenus, des salafistes ont dénoncé une injustice, sur les ondes de plusieurs radios et télévisions tunisiennes. A vrai dire, le rythme des arrestations des extrémistes religieux s'est accéléré depuis l'attaque de l'ambassade américaine le 14 septembre 2012. « Plusieurs personnes ont été emprisonnées injustement par ce gouvernement qui n'a rien d'islamique. Ghannouchi a dit non deux fois à la charia », a déclaré un jeune salafiste, membre du mouvement Ansar el-Charia, au journal français « Le figaro », lors d'une manifestation organisée récemment devant le ministère de la Justice. Selon les chiffres du ministère de la Justice, 178 personnes sont détenues dans le cadre des enquêtes des affaires du palais Abdellia, de la faculté des lettres de la Manouba, de la destruction du mausolée de Saïda Al Manoubia et de l'attaque de l'ambassade américaine, sur les 449 poursuivies. Un épais document est posé sur le bureau de l'avocat Nizar Toumi, situé au Bardo, non loin de l'Assemblée nationale constituante. « 75 personnes, arrêtées dans l'affaire de l'ambassade américaine, attendent toujours d'être jugées selon le Code pénal », a signalé l'avocat. Des constatations qui laissent perplexes, surtout que le gouvernement actuel était plus que docile, depuis son élection, avec les extrémistes islamistes. Retournement de veste, ou ordres supérieurs ou peut-être même un jeu préventif pour les prochaines élections ? La question reste posée…