A l'occasion du Forum de Marseille (19-20 avril 2013), Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle a accordé un entretien au journal français Libération. Il revient sur le processus de transition et les défis de la coopération inter-méditerranéenne. A une première question sur le projet du ministère, M. Dilou a commencé par indiquer que [la Tunisie] n'a pas de tradition démocratique », que les problèmes sont nombreux et les gens impatients outre une instabilité régionale due à la situation en Libye. Concernant la transition démocratique, M. Dilou a souligné la nécessité d'une action pédagogique auprès des citoyens consistant à leur faire comprendre qu'il est possible d'appréhender la question des droits de l'homme autrement que par la dictature et que le rôle des citoyens ne saurait se limiter à la délation. Pour le ministre, son projet consiste à réussir à tourner la page des exactions et crimes de la dictature avec les moindres dégâts, sans sombrer ni dans l'impunité, ni dans la vengeance. « Il faut tenter de changer profondément les mentalités, les centres d'intérêt, la vision de la justice, des médias, des forces de sécurité » a martelé le ministre, appelant à assainir l'environnement juridique par des mesures pratiques à prendre dans l'immédiat. Pour ce qui est des mentalités, on a souvent besoin de plusieurs années. Evoquant la liberté d'expression et celle des médias, le ministre a indiqué que les gouvernements postrévolutionnaires successifs se sont mal pris vis-à-vis de la question de la liberté de la presse dans un pays qui a une longue tradition d'instrumentalisation des médias. M. Dilou a exprimé son optimisme quant à l'amélioration de la situation après que sera créée une autorité de régulation indépendante. « Une amélioration qui demandera du temps » a-t-il fait remarquer.