Cheikh Rached Ghannouchi : «le voile ne voile pas la vertu des femmes» Samir Dilou et le discours de la méthode Pamphlet de Ameur Laarayedh, à l'endroit des médias Elles s'appellent Moufida Abbès, Najet Ichaoui, Fatma Jeljli et j'en passe. Elles sont des militantes politiques longtemps reléguées au banc des oubliettes, tenues malgré elles en marge des pages de l'Histoire. Elles sont des voix étouffées par une machine répressive au visage de l'épouvante qui ont décidé de se ressaisir et de ramasser les bribes éparses de leurs mémoires qui s'éffritent Elles sont par-dessus tout des citoyennes tunisiennes qui ont du batailler pour revendiquer leur droit à la citoyenneté. Certaines d'entre elles sont parvenues à le devenir. Mais beaucoup d'entre elles le sont devenues tout en gardant les séquelles psychologiques de la répression politique. Aujourd'hui, la conjoncture politique aidant elles se sont réunies sous le nom de l'Association tunisienne des femmes tunisienne pour nommer par leur nom le militantisme des femmes voilées du temps de la dictature. Elles ont décidé de sortir de leur mutisme et sortir au grand jour des histoires vraies et invraisemblables qu'elles ont vécues lorsque leurs proches étés incarcérés pour leurs opinions politiques à tendance religieuses. L'association en question a organisé dimanche dernier une journée au Palais des congrès pour rendre hommage à ces femmes qui ont accompagné des proches politiquement incorrects pendant les années de braise ou encore étant elles-mêmes jetées en prison pour avoir porté le hijab. Il faut dire qu'on ne peut que compatir aux malheurs de ces femmes et des douleurs qu'elles ont du endurer et des coups qu'elles ont encaissés, mais est-ce que cela peut justifier autant d'accusations fondées ou calomnieuses qu'elles lancent, aujourd'hui, contre la presse nationale pour avoir cautionné la dictature ou encore contre les associations féministes dont l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)? Les témoignages que ces femmes ont apportés étaient fort accablants mais les interventions ont vite viré vers un jugement de la société qu'elles ont mis sur le bac des accusés en s'attaquant à ses valeurs « Nous étions dans la grande prison de la société qui nous portait un regard dédaignant comme si on était des tares. A notre sortie de prison certains nous demandaient en toute impunité si on était toujours vierges ou si on avait été violées ? » Avance l'une des intervenantes. Ce qui mérite d'être retenu lors de cette manifestation interférée de quelques intermèdes musicaux ou de poésie est que les histoires de ces femmes méritent beaucoup plus qu'une journée. Car, en dehors de la politique politicienne des gens qui nous gouvernent et ceux qui veulent instrumentaliser ces faits de l'histoire à des fins politiques, ces citoyennes tunisiennes doivent êtres rétablies dans leurs droits le plus élémentaire, celui d'appartenir à notre mémoire collective de Tunisiens tout comme celles qui se revendiquent des courants politiques de gauche. C'est du moins ce que ces femmes souhaitent en brandissant telle une oriflamme le slogan de la manifestation« Si vous décidez de réécrire l'Histoire ne nous oubliez pas. » Promesse tenue. Mona BEN GAMRA
Ameur Laarayedh, hors sujet On n'en finit paraît-il pas avec L'Ilam El Ar''(presse de la honte) qui remonte encore une fois au devant de la scène pour devenir le sujet favori, quoique lassant, des élus nahdhaouis à chaque fois qu'il est question d'une rencontre avec les bases électorales. Ameur Laarayedh, l'élu nahdhaoui à l'ANC convié à la rencontre n'a pas trouvé mieux que de jeter son dévolu sur la presse nationale et de jeter les journalistes présents dans la consternation. Encore une fois on taxe les journalistes ( bien entendu la minorité qui ne parle pas le langage nahdhaoui) d'avoir roulé pour les forces antirévolutionnaires et pour avoir cautionné les prises de position d'une minorité qui sème la zizanie au sein de la société. Un peu trop de démagogie est aussi la bienvenue dans ce genre de rencontres pour amener les masses d'individus à crier d'une seule voix « Le peuple veut privatiser la presse publique ». Quoi de plus simple que d'accuser et quoi de plus difficile que de convaincre les esprits avertis sur les bonnes intentions des élus nahdhaouis.
Samir Dilou, un discours mesuré Samir Dilou ministre des droits de l'Homme et de la transition démocratique a donné, pour l'occasion, un discours mesuré. Loin d'être une sinécure, le porte feuille dont est chargé Dilou, l'amène à choisir ses mots quand il est question de parler d'anciens militants. Mais avant d'y arriver, qui sont les « anciens militants Monsieur le ministre ? Dilou précise ce ne sont pas seulement ceux qui se sont soulevés du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011 qui ont fait la Révolution. Si elle a éclaté pendant ces temps c'est que des militants toutes appartenances idéologiques confondues en ont préparé le terrain. « Personne n'est en droit de s'approprier la Révolution »dit-il, avant même de se lancer dans un discours un peu consommé en rappelant que rétablir les anciens militants dans leur droit est un devoir et que l'on ne doit pas céder à la vengeance. « Nous ne laisserons pas les anciens tortionnaires jouir de l'impunité. Pas de réconciliation en vue, avant même que les auteurs des crimes contre les activistes ne rendent compte de leurs actes. Ne prenez pas pour dupe le Tunisien connu pour sa bonté. » fait-il remarquer en battant en brèche quelques rumeurs qui courent les rues en ce moment, notamment celles qui concernent la justice transitionnelle. Selon le ministre, la justice transitionnelle ne sera pas le propre des militants nahdhaouis mais de toutes les victimes de la répression. Il a rappelé, dans la foulée, que le ministère qu'il chapeaute a soumis au gouvernement un projet de loi en ce sens, qui sera, par la suite, présenté par la suite à l'ANC. Le but étant de rétablir dans leurs droits aussi bien matériels que moraux les anciennes victimes de la dictature.
Et l'entrée théâtrale de Rached Ghannouchi Et puis, last but not the least, il fallait attendre cinq heures de temps, l'assistance étant présente depuis 9 heures du matin, avant même de voir le leader religieux des nahdhaouis arriver à 14hoo. A tout seigneur tout honneur. L'assistance a réservé un accueil solennel digne d'un leader historique à leur cheikh. Au rendez-vous youyous et déluges d'applaudissements. Et Ghannouchi ne se fait pas prier pour flatter la base électorale de son parti en se jouant des passions populaires et en usant et abusant de la religion pour drainer les masses d'individus. « La voie de la liberté passe par l'Islam. Ennhadha est né de l'Islam, le parti vit de l'Islam et ne dérogera pas à ses préceptes» lance le cheikh qui donne un discours digne d'un prêche du vendredi mélangé d'une bonne dose de démagogie. « Le voile ne voile pas la vertu des femmes» dit-il en signe de reconnaissance aux femmes nahdhaouies prisonnières du temps de la dictature au visage de l'épouvante. Il n'oubliera pas par la même occasion de sortir à la lumière du jour ces femmes longtemps restées dans l'ombre du militantisme d'un mari, d'un frère ou d'un fils. «Ces femmes là qui ont du endurer la difficulté des déplacements du nord du pays au sud pour rendre visite à un proche. Certaines d'entre elles ont du passer la nuit dehors. Ce sont ces mêmes femmes qui ont pris sur elles le défi d'élever une progéniture, de soutenir un mari, un frère ou un fils dans l'enfermement et par-dessus tout à garder intacte leur chaste de femmes. Les vraies militantes ce sont elles. Ne dit-on pas que derrière chaque grand homme il y a une femme ? » avance Ghannouchi en continuant « Il est vrai que les chiffres attestent d'un plus grand nombre de prisonniers de la gent masculine, mais les femmes qui les ont accompagnés, les épouses, les sœurs et les filles étaient dans une prison beaucoup plus réprimante, celle de la société. » Devant un public conquis le Cheikh lance pour rassurer « Un homme qui ne respecte pas la femme ne se respecte pas lui-même. On a parlé de la menace des acquis de la femme. Mais ce sont les acquis de la femme qui la protégeront.» Vous avez compris ?