L'Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ) vient de publier, à l'occasion du séminaire international sur la mise à niveau et modernisation industrielle, les résultats de sa septième enquête sur le programme. Les résultats sont présentés par Madame Salwa Ben Zaghou (Directrice Générale de l'ITCEQ). L'évaluation de ce programme a été effectuée par l'ITCEQ en collaboration avec le Bureau de Mise à Niveau, la GTZ et l'API. Cette évaluation permet de répondre à une question principale « Dans quelle mesure le PMN est parvenu à atteindre son objectif principal, celui de doter les entreprises tunisiennes des moyens d'accroître leur compétitivité et de résister à la montée de la concurrence? ». La dite-enquête a été menée auprès de deux échantillons: un échantillon principal (442 entreprises copilées) et un échantillon témoin (200 entreprises non copilées). Degré de satisfaction de l'apport du PMN Mme Ben Zaghou a indiqué que 60% des entreprises enquêtées sont globalement satisfaites des effets du PMN. Les PME et les entreprises partiellement exportatrices sont en moyenne plus satisfaites des effets du PMN que celles de grandes tailles ou totalement exportatrices. Le rôle du BMN est jugé le plus important comparativement à celui des autres structures d'appui. En termes de satisfaction pour les services rendus, les centres techniques, l'API et le BMN occupent les premières places. 47% des entreprises estiment que le déblocage de la prime est difficile. Les sources de cette difficulté proviennent, en premier lieu, du secteur financier et, en second lieu des lenteurs administratives. PMN et compétitivité des entreprises Les entreprises interrogées ont été appelées à donner avis sur la compétitivité. Ces entreprises tant copilées (64%) que non copilées (66%) accordent un intérêt particulier aussi bien à la compétitivité prix (maîtrise des coûts) qu'à la compétitivité hors prix (amélioration de la qualité). Une remarque jugée d'importance capitale indique que l'amélioration des parts de marché n'a acquis l'adhésion que d'un nombre assez limité d'entreprises. L'investissement matériel et immatériel est un élément indispensable de la mise à niveau. Autant d'entreprises jugent que la compétitivité se joue au niveau de l'investissement matériel (29%) qu'immatériel (30%), et ce, aussi bien au niveau des entreprises copilées que non copilées par contre 41% pensent que ce sont les deux à la fois. Une proportion importante d'entreprises copilées déclare avoir miser sur le marché externe en axant leur stratégie sur les exportations. La compétitivité dépend de l'entreprise ou de son environnement. 32% des entreprises, qu'elles soient copilées ou non copilées, déclarent que la compétitivité incombe à l'entreprise elle-même alors que 34% des entreprises déclarent que c'est plutôt l'environnement institutionnel et réglementaire qui conditionne la compétitivité de l'entreprise. 34% des entreprises copilées considèrent que la compétitivité incombe autant à l'effort consenti par l'entreprise qu'à l'environnement institutionnel et réglementaire dans lequel elle opère. Au niveau des stratégies, 55% des entreprises tant copilées que non copilées déclarent avoir diversifier les marchés et 46% indiquent avoir diversifier les produits. 52% des entreprises (48% pour l'échantillon témoin) déclarent avoir miser plutôt sur l'amélioration de la qualification des ressources humaines. Une troisième stratégie, basée sur l'innovation, est adoptée par 39% d'entreprises copilées. Les entreprises ont mis en exergue trois facteurs à travers lesquels le PMN est considéré comme étant d'un apport indéniable en matière de compétitivité, il s'agit de l'amélioration de la qualité des produits (79%), de la productivité (73%) et de la qualification des ressources humaines (61%), composantes essentielles de la compétitivité hors prix. En matière de restructuration des fonctions de l'entreprise, l'apport du PMN est ressenti essentiellement au niveau de la gestion de production à travers notamment l'adoption de la démarche qualité et certification et la fonction commerciale en accordant un intérêt particulier aux actions de marketing. PMN et appropriation du savoir 51% des entreprises copilées jugent l'apport du PMN dans l'amélioration de la qualification des ressources humaines très important. En matière de recrutement, 76% des entreprises mises à niveau ont déclaré que le PMN leur a permis de procéder à de nouveaux recrutements, en particulier des cadres techniques. En matière de formation, 71% des entreprises copilées ont fait bénéficier leurs employés d'une formation (contre 54% parmi les entreprises non copilées. Pour les TIC, 97% des entreprises copilées sont connectées à l'Internet contre 85% lors de l'enquête 2006. 41% des entreprises copilées disposent d'un site web (33% en 2006) contre 32% pour les entreprises non copilées (13% en 2006). Le PMN a considérablement aidé les entreprises copilées à se doter des technologies industrielles modernes: environ 50% des entreprises copilées ont adopté les technologies DAO et GPAO, contre seulement 25% pour l'échantillon témoin. Parmi les entreprises copilées disposant d'au moins une technologie moderne, 72% affirment l'avoir adopter dans le cadre du PMN. Ce taux est particulièrement élevé au sein des grandes entreprises. En matière d'innovation, 83% des entreprises copilées ont affirmé avoir réaliser une action d'innovation (contre 72% pour l'échantillon témoin). L'apport du PMN à l'innovation est d'une grande importance au niveau de l'innovation de procédé (73%), d'organisation (69%), de marketing (64%) et de produit (60%). Les deux principaux obstacles à l'innovation résident dans l'absence de sources de financement et le manque de ressources humaines qualifiées suivis par l'absence de réseaux et le manque d'information. 43% des entreprises copilées font de la R&D (contre 35% pour l'échantillon témoin) dont 53% l'ont effectué dans le cadre du PMN. Les entreprises sont d'autant plus dynamiques en matière de R&D qu'elles sont partiellement exportatrices ou de grande de taille. Une entreprise copilée sur quatre est certifiée ISO 9001 (contre une sur 10 pour l'échantillon témoin) dont 70% des entreprises copilées ont été certifiées dans le cadre du PMN. PMN et performances des entreprises Une évaluation des performances avant et après PMN a fait ressortir que la productivité moyenne du travail a enregistré une croissance appréciable estimée à environ 15%. En termes de chiffre d'affaires, les données montrent que les entreprises copilées ont réalisé un taux de croissance annuel moyen estimé à 12,6% au cours de la période couvrant leur premier plan de mise à niveau. Il y a lieu de signaler que plus de 60% des entreprises copilées, qui travaillaient exclusivement pour le marché local avant leur mise à niveau, sont devenues exportatrices. Sur les données de l'enquête les résultats montrent une tendance à la hausse du taux de rentabilité moyen des entreprises copilées (de 28,4% en 2005 à 35,3% en 2007), signe qu'elles ont su tirer profit des actions structurantes menées dans le cadre du PMN. L'enquête montre, en plus, un taux d'encadrement moyen dans les entreprises copilées (passant de 19,2% en 2005 à 20,7% en 2007) nettement supérieur à celui des entreprises non copilées (ayant stagné autour de 18%). En opérant un croisement entre les données qualitatives et quantitatives de l'enquête, des relations de corrélation positive et assez forte entre certains indicateurs de performance et des variables qualitatives ont été mises en évidence. Ces relations permettent d'identifier les canaux de transmission et d'élucider certains mécanismes par lesquels le PMN exerce un effet sur les performances des entreprises. Ce résultat montre que le véritable apport du PMN à la compétitivité des entreprises s'exerce essentiellement à travers l'investissement immatériel qui devrait désormais constituer le principal instrument de mise à niveau des entreprises tunisiennes. Principaux enseignements Le PMN et les programmes d'appui ont eu certes un impact positif sur la compétitivité des entreprises et sur leurs performances. Néanmoins les entreprises ont souligné quelques insuffisances, nous citerons quelques actions à même de répondre à leurs préoccupations. La réduction du nombre d'intervenants semble importante pour assurer une meilleure coordination de leurs actions par la mise en réseau (travail électronique en ligne). Parmi les autres enseignements, on trouve l'encouragement de l'émergence de grands groupes non seulement dans le but d'être des consortia d'approvisionnement, mais aussi pour accéder à une taille régionale, voire même, internationale en vue de conquérir de nouveaux marchés. L'Etat peut multiplier les campagnes d'information sur les incitations offertes par l'Etat en matière de R&D pour sensibiliser les entreprises à y adhérer et diffuser la culture de l'innovation technologique auprès des professionnels. Les entreprises peuvent promouvoir et diversifier les activités de R&D pour une collaboration plus importante entre les entreprises, les CTS et les universités.