Le président déchu Ben Ali, sa femme et leurs deux familles sont partis laissant derrière eux un chaos total. La Tunisie se réveille chaque jour avec les scandales qu'ils ont laissés et un pays en quasi-faillite sur le plan politique, démocratique, juridictionnel, social et institutionnel. Un désert total, gâchis d'un pays neuf qui a tout juste 55 ans d'indépendance et qui doit maintenant renetre de ses cendres. La Tunisie moderne s'est faite aux efforts d'hommes et femmes courageux qui ont su affronter toutes les épreuves du temps et du sous-développement pour pouvoir émanciper un peuple avide d'indépendance et de rage de vivre : Habib Bourguiba, Béhi Ladgham, Ali Belhouane, Taieb Mhiri, Ahmed Tlili, Bahri Guiga, Farhat Hached, Sadok Mokadem, Hédi Nouira, et la liste est encore longue. Ce qu'ont entreprit ses hommes a été balayés par deux familles malsaines qui n'ont eu aucun égard pour les efforts de ses hommes et ont saccagé, peut-être irrémédiablement, les acquis de la République. Leila Trabelsi a été un désastre pour le pays. Elle a eu un tel effet néfaste sur son mari qu'on se demande, aujourd'hui, qui a entraîné qui dans sa chute ? En plein chaos cette « Marie-Antoinette » s'est enfuie à Dubai alors que son mari pensait encore pouvoir sauver sa place. Le peuple tunisien a exprimé son opinion en toute clarté et un peu plus même et a vomi ces familles aux pratiques douteuses. Il ne veut plus que cela recommence. Le peuple veut, désormais, tout savoir du président, de sa famille et de la famille de son épouse. Il faut connaître son salaire mensuel exact, les avantages en nature dont il dispose, ses avoirs, ses biens mobiliers et immobiliers, son état de santé par des bulletins de santé annuels publiés au journal officiel de la république... Bref tout. Nous ne voulons plus d'une famille présidentielle aux pratiques douteuses, nous voulons de la transparence dans les marchés publics, l'équité, la justice sociale. Nous voulons aussi que l'utilisation de l'argent public soit passée au crible par la Cour des Comptes, que la famille présidentielle acquiert ses biens à la sueur de son front. Tous les abus constatés, sans exception, doivent être combattus par l'administration, les institutions de la république, la loi et la constitution. Peut-on avoir dans la constitution des dispositions contraignant les familles présidentielles futures à déclarer leurs biens, salaires et avoirs, des lois constitutionnelles empêchant l'acquisition de biens au-delà de leurs moyens. Oui, nous pouvons le faire sous réserve que les institutions jouent leur rôle à fond, que les responsables politiques soient honnêtes, justes et qu'ils présentent, toujours, un rempart contre les abus quel qu'il soit. L'exemple du président Bourguiba reste, à la date d'aujourd'hui, un modèle ultime à suivre : Un président qualifié et honnête, conscient de sa valeur personnelle mais modeste, tourné à fond vers sa fonction présidentielle, loin des affaires et du monde de la finance, à l'écoute perpétuelle de son peuple et de ses préoccupations mais aussi un président réactif combattant les maux qui rangent la société. Nous voulons d'un président qui restitue le prestige de l'Etat, qui encourage la régulation économique et l'Etat providence, qui garantit les droits fondamentaux à savoir le droit à la dignité, au travail, à l'emploi, à la santé et à l'enseignement. Un président garant de la constitution, de l'Etat de droit et des institutions qu'on en a tellement entendu parler sans jamais le percevoir.