La place de Tunis a bouclé une nouvelle semaine difficile. Après une réouverture relativement réussie, le TUNINDEX rebrousse chemin et revient à 4 500,71 points, perdant en quatre séances, 2,19% de sa valeur. La reprise durant la séance de vendredi, a évité une lourde perte hebdomadaire. A mi-séance du 17 février, l'indice phare de la place de Tunis affichait 4 426,70 points, soit une perte hebdomadaire de 3,80%. A l'origine de ce recul, les vraies inquiétudes sur le secteur bancaire. Le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie a annoncé, lors d'une conférence de presse tenue le mercredi 16 février, que les engagements des banques vis-à-vis des membres de la famille de l'ex-président atteignent 2 500,000 MTND. Si les crédits ne représentent pas, dans leur majorité, un risque majeur, des provisions de 215,000 MTND devraient être immédiatement constituées. Ce chiffre a, certainement, semé la panique dans l'esprit de tous les investisseurs. Pour précision, ce chiffre devient plus significatif si l'on compare aux bénéfices des banques attendues en 2010. Selon l'estimation du CGF, ces provisions immédiates représentent plus de 40% des résultats 2010 (banques cotées). Les provisions devraient, ainsi, absorber la part du lion des résultats de nos établissements de crédit. Le lendemain, les opérateurs sur la place de Tunis ont tiré leurs calculettes, et les prix ont subi une sévère correction. Le mouvement s'est trouvé amplifié par des rumeurs qui circulent, en conséquence du déficit de communication sur la situation réelle. D'ailleurs, l'indice des banques a perdu, cette semaine, 3,51% de sa valeur. Après la sortie du gouverneur, sept banques ont communiqué, à savoir, la BT, l'UIB, la STB, Amen Bank, ATB, Attijari Bank et la BH. Au total, leurs engagements s'élèvent à 1 097,140 MTND. Les montants à provisionner sont, paradoxalement, de 57,065 MTND seulement, hors la STB n'a pas précisé le montant des crédits à provisionner. Le reste, plus de 157,000 MTND (toujours selon les propos du gouverneur), serait probablement supporté, en majorité, par les quatre banques qui n'ont pas publié leurs engagements. C'est la raison pour laquelle la BIAT, la BNA, et la STB ont été lourdement sanctionnées cette semaine, en perdant, respectivement, 8,78%, 8,18% et 8,40%. A priori, ce sont les banques publiques qui vont payer le prix fort. Selon le CGF, il est temps que les autorités se penchent sur la restructuration juridique et financière, du secteur bancaire tunisien. Ainsi, il attend également les nouvelles des assureurs et réassureurs, ainsi que des compagnies de leasing. Le CGF pense qu'ils doivent, aussi, fournir des éclaircissements sur leur situation vis-à-vis du clan Ben Ali. Il pense que les dégâts ne sont pas négligeables, et que la production, notamment dans l'industrie du crédit-bail, aurait perdu de la vitesse depuis le début de l'année, au vu d'un ralentissement marqué de l'activité économique. Dans tous les cas de figure, le CGF pense que les investisseurs doivent se préparer à une réduction des pay-out des sociétés émettrices et en particulier des valeurs financières. La consolidation des fonds propres dans un contexte économique difficile est, certes, la bouée de sauvetage de toutes les compagnies de la cote. Le conseil du CGF pour les investisseurs : achetez les fondamentaux, vendez les risques ! Pour télécharger l'analyse complète de la semaine boursière, veuillez cliquer ici…