La Bourse de Tunis a vécu une semaine rouge foncé, en perdant 9,82% à 4 058,53 points. Voilà donc le Tunindex presque au même niveau que celui du 24 septembre 2009 (4 059,78 points). Depuis octobre 2010, la Bourse de Tunis ne parvient pas à se détacher de la borne négative. D'abord, l'annonce « inattendue » d'un projet de loi d'imposition de la plus-value, à hauteur de 10,0% que les investisseurs n'ont pas digéré. Le marché a donc vécu une première panique, de laquelle il a commencé à reprendre fin novembre. Toutefois, cette reprise n'a pas pu résister longtemps. Les protestations populaires qui ont fini par le renversement du régime de Ben Ali ont plongé la Bourse de Tunis dans une deuxième phase de baisse, qui n'a pu être stoppée que par la suspension de la cotation durant les deux semaines suivant le 14 janvier. Cette clôture a, relativement, calmé les esprits. La reprise de la cotation début février a donné l'espoir qu'avec le calme qui progresse en Tunisie, la Bourse va se relancer. Toutefois, un autre problème a surgi : Les banques et les assurances sont boudées par les investisseurs. Le CGF a déjà évoqué, la semaine dernière, ses inquiétudes quant à la divulgation des chiffres des engagements à classer et des provisions à constituer. Après la publication par une dizaine de banques de la cote de leurs situations vis-à-vis du régime de l'ex-président, il constate toujours un écart par rapport aux chiffres dévoilés du Gouverneur de la Banque Centrale. Le CGF pense que ces chiffres doivent être révisés à la hausse pour réintégrer le risque Libye. Ce pays, qui connait de violents affrontements, est le premier partenaire économique de la Tunisie, hors Union Européenne. Les entrepreneurs tunisiens y sont très actifs. La fuite des tunisiens devrait, certainement, exposer les banques tunisiennes à de nouveaux risques. De même, les compagnies de leasing sont très engagées avec les promoteurs immobiliers, ce qui aurait un impact négatif sur leur coût du risque. En absence d'une communication claire, le CGF pense que les spécialistes du crédit-bail passeraient une semaine en Bourse extrêmement difficile. D'ailleurs, Tunisie Leasing, leader du secteur, a perdu 15,18% de sa valeur cette semaine à 27,650 DT. Des sociétés ont déjà pris l'initiative. D'abord ASSAD, et à l'occasion de son AGO tenue mercredi dernier, a communiqué sur l'ampleur de son exposition au marché libyen et algérien. Pour la Libye, de faibles quantités sont exportées vers ce pays, et qui seront absorbées par d'autres destinations, selon les propos des dirigeants. L'Algérie reste pour l'équipementier, malgré tout, une destination stratégique. PGH a émis un communiqué de presse ce vendredi. Le holding a mis en place des mécanismes pour sécuriser ses biens, et reconnait la difficulté d'atteindre ses objectifs en Libye en 2011. Les investisseurs ont sanctionné la valeur, qui a accusé la plus grande perte cette semaine (-21,66%) à 6,980 DT. La période à venir est difficile à estimer. Il est temps que les autorités soient claires sur l'avenir des parts détenus par les familles liées au régime déchu. Les investisseurs craignent aujourd'hui le non retour à la normale avant quelques mois, et pensent, désormais, à une crise qui toucherait toute la région du Maghreb. Reste qu'ils doivent être rationnels, et ne pas se précipiter à la vente s'ils sont convaincus de la solidité des fondamentaux des valeurs qu'ils détiennent. Pour télécharger l'analyse complète de la semaine boursière, veuillez cliquer ici…