France Football - Fraîchement nommé entraîneur du CS Sfaxien pour les deux saisons à venir par le président Lotfi Abdennadher, Philippe Troussier retrouve le continent africain, où tout a commencé pour lui en 1990. Et où il n'avait plus dirigé un club depuis le FUS de Rabat (MAR). C'était en 1997 ! «Philippe, qu'est-ce qui a bien pu vous pousser à quitter l'Asie où vous travailliez depuis de longues années, pour revenir en Afrique ? Ce retour est en partie lié à l'envie de me rapprocher de mes filles qui grandissent. L'idée première, c'était d'abord de se remettre sur le marché des équipes nationales africaines. Comme vous le savez, ma famille est fixée à Rabat, au Maroc. Il y a trois semaines, le président de Sfax m'a appelé. Il souhaitait me rencontrer. Le feeling est bien passé, et j'ai senti tout l'intérêt qu'il me portait, beaucoup de sérénité aussi. Ca m'a un peu rappelé le discours entendu lorsque je suis venu en Afrique pour la première fois, à l'ASEC d'Abidjan (CIV) en 1990. Sfax, c'est un peu le Dortmund africain. Le club ne vit pas au-dessus de ses moyens, et il a un public fidèle. L'image du «Sorcier Blanc» plait encore… J'avais l'image internationale qui va dans le sens de sa politique. On s'est donc mis d'accord sur un contrat de deux ans. Je ne viens pas pour remplacer un incompétent mais plutôt pour donner un nouvel élan à ce grand club du continent africain, très bien structuré. Je succède à un coach qui était en fin de contrat et qui a bien travaillé. Vous héritez en effet d'un club qui sort d'une belle saison, et toujours engagé en Ligue des champions d'Afrique… Le fait que Sfax soit toujours engagé en compétition africaine a évidemment pesé dans ma décision. Le club a joué la continuité avec Mondher Kbaïer, qui était l'adjoint de Ruud Krol jusqu'au départ de ce dernier en sélection tunisienne puis à l'Espérance. Et Mondher a conduit le CSS à la 2e place en championnat 2014 et en finale de la Coupe nationale. L'équipe reste en lice pour une place en demie de C1 africaine. C'est un palmarès très honorable. Vous approchez les soixante ans. Vous sentez-vous toujours d'attaque pour conduire un club au quotidien ? Mes articulations vieillissent, je n'ai plus la jeunesse qui me permet de courir avec les gars comme avant. Mais le mental est là ! Quand débutez-vous votre mission ? Je commence ce jeudi. Les joueurs n'auront eu qu'une douzaine de jours de repos depuis la finale perdue de Coupe nationale. Comme nous sommes dans une situation d'urgence, avec un match de Ligue des champions dans moins de trois semaines face à l'Espérance de Tunis, nous allons rester en Tunisie. La première phase consistera le staff à se familiariser avec ma méthode, c'est pourquoi je viens avec six consultants extérieurs. C'est-à-dire ? Un préparateur physique, des adjoints, un entraîneur de gardiens, quelqu'un chargé de la logistique et un autre de l'administratif. Ils évalueront la tâche pendant les deux premières semaines. On restera quelques jours sur Sfax, avant de partir du 14 au 20 juillet à Sousse, où le groupe sera bloqué. Ensuite, on rentrera sur Sfax juste avant le match. Je n'ai pas souhaité que l'on parte à l'étranger, notamment pour permettre à chacun de bien vivre ce mois sacré de Ramadan. Quels objectifs vous ont été fixés ? Aucun ! Le président ne m'a pas demandé d'objectifs précis, chiffrés. En revanche, il faut s'inscrire dans une dimension internationale. En étant à Sfax, j'ai de toute façon le sentiment de pouvoir gagner des choses. Redoutez-vous ces retrouvailles avec la scène africaine, qui vous a vu débuter en 1990 ? J'ai une petite appréhension. Je vis en Afrique et c'est le continent qui m'a fait. Je dois ma réputation, mon surnom, à ce passage. Cette étiquette, je l'ai gagnée en Afrique. Depuis mes débuts à Abidjan, l'Afrique a beaucoup évolué et s'est rapprochée du rythme européen. J'ai un dernier rêve sur ce continent : qualifier et mener une sélection nationale en Coupe du monde !»