Graver son nom dans le marbre du temps. Le Club Africain ne pense qu'à ça ! On dit souvent que l'histoire est un éternel recommencement. Mais appliqué au football, c'est un peu plus complexe et compliqué que cela. Car dans le microcosme du ballon rond, ce jeu n'est pas une science exacte. Un ricochet, un faux rebond, le poteau, un but contre le cours des événements, voire une distraction peuvent avoir des répercussions sur le tableau d'affichage. En football, la hiérarchie change rarement mais sur un match tout est de l'ordre du possible. Les matchs à élimination directe sont d'ailleurs là pour nous rappeler toute l'incertitude du football, sa magie, ce frisson qui fait que le pot de fer et le pot de terre deviennent interchangeables tantôt. Rappelez-vous en 2008. Le match des extrêmes entre le CA et l'ESZ (relégué avant l'heure) a failli tourner au cauchemar pour le Club Africain. Galvanisés par la présence de 60 000 fans, les Clubistes ont pu remonter le score au prix d'efforts considérables; forcer leur destin et sortir vainqueur d'un duel à distance avec l'Etoile du Sahel. Tout au long de cette saison 2008, les puristes préfiguraient déjà d'une nouvelle bipolarisation de notre sport-roi, avec, à la clé, une fin de compétition qui a tenu en haleine nombre de passionnés et de puristes. Le football dans toute sa splendeur vient ainsi nous rappeler que les pronostics ne sont pas toujours fiables et que le meilleur sur le papier n'est pas toujours le vainqueur sur le terrain. La thèse qui veut que David part comme un outsider face à Goliath n'a plus sa raison d'être quand le duel se joue sur un coup de dés, un laps de temps assez court (90') où l'intelligence et l'audace du petit pouçet prennent le dessus sur la force tranquille du favori. Ce faisant, et pour situer le match dans son contexte, rappelons que l'explication à venir entre le leader et la révélation de la saison diffère de celle précitée ci-haut. Les deux équipes qui s'affrontent aujourd'hui ont chacune réalisé des prouesses cette saison. Elles ont souvent eu le dessus grâce à l'efficacité de leur travail tactique et collectif conjugués à la valeur intrinsèque de leurs composantes. Avec les tripes ! Pour le CA, cette journée est atypique à plus d'un titre. A 90 minutes du sacre, le onze à Sanchez ne vise que les trois points pour s'adjuger le titre. Pour ce faire et tout au long de ces derniers jours, le groupe a répété ses gammes sans pour autant négliger sur le volet physique et foncier. Car comme l'a souligné le staff technique, ce sera également une bataille de tactiques et de stratégies. Ne pas laisser de répit à l'adversaire, l'acculer, le presser et le pousser dans ses derniers retranchements. Un dernier effort est demandé à l'équipe clubiste en vue de boucler une saison sportive que le CA a marqué de son empreinte. Car faut-il néanmoins souligner que le leadership actuel clubiste s'est dessiné dès l'entame de la compétition avec une relative régularité qui en a fait un postulant légitime et même tantôt un favori. Cette année, les performances réalisées semblent être la préfiguration de l'envol clubiste. Reste à boucler la boucle pour le plaisir des inconditionnels et ce sera le couronnement d'une année de travail acharné et d'efforts consentis. Nul doute que les Ben Mustapha, Belaid, Nater, Khelifa, Meniaoui et autre Agrebi redoubleront d'efforts pour toucher au but. Car pour aller chercher ce titre, les joueurs inscrits sur la feuille de match devront entamer ce «finish» comme des «affamés» et évoluer avec les «tripes». Ce n'est pas chaque année que l'on a l'opportunité d'inscrire son nom dans le livre d'or du club. Voilà une sacrée chance à saisir et un moment à immortaliser.