Tous les indices du camp clubiste portent à croire que le Français, pas très convaincant, serait poussé vers la sortie L'élimination du CA contre Al Ahly n'est pas le genre d'élimination à en rougir franchement. Le CA a gagné au bout d'un gros effort, au bout d'une extraordinaire débauche d'énergie. Il a manqué à ce CA de Sanchez un seul (mais capital) point : le métier de tuer le match. Al Ahly (tenant du titre), qui a joué face à un CA diminué de Khelifa, Haddadi, Salifu et Djabou, peut s'estimer très heureux pour avoir réussi à limiter la casse. Dominé en long et en large, pendant 60' au moins, Al Ahly, avec ses cadres chevronnés, a profité de la fatigue des principaux joueurs du CA, et surtout de leur mauvaise gestion des périodes fortes. Au niveau du «management» clubiste, cette élimination est ressentie de deux façons «contradictoires» : d'un côté, la déception dans un jour de célébration et l'incapacité de reprendre le chemin de l'Afrique (les chiffres du CA ne sont pas fameux par rapport aux autres clubs tunisiens). D'un autre côté, un soulagement d'avoir «quitté» une compétition fatigante et qui n'a pas une grande importance par rapport à la Ligue des champions. Pour un groupe de joueurs lessivés, et avec ce nombre élevé de blessures, le CA, selon ses responsables et surtout le premier décideur, avait intérêt à se reposer et à opérer des changements sur l'effectif et le staff de façon à approcher, dans les meilleures conditions, la Ligue des champions 2016. Selon ce raisonnement, la qualification au tour des groupes aux côtés de l'ESS et de l'EST n'aurait rien ajouté à l'équipe dans la quête d'un palier supérieur. L'heure des changements Les paroles de Slim Riahi ne passent pas inaperçues. En ce qui concerne cette élimination en coupe de la CAF, le président du CA n'a pas caché sa déception (même s'il ne l'a pas montrée). Chaque fois qu'on lui a demandé son avis sur Daniel Sanchez, Riahi n'était pas très enthousiaste. Il n'a pas défendu l'entraîneur français, il a été clair quand Mourad Zghidi lui a posé la question : «Il faudra voir si Sanchez serait capable de nous permettre de rivaliser en Afrique». Les indices sont clairs : Sanchez, vainqueur du titre, ne fait pas l'unanimité, même si les joueurs le réclament. Et un entraîneur ne peut pas être évalué seulement sur l'attitude des joueurs vis-à-vis de lui. Le Français, qui a passé 10 mois au Parc A, n'a pas vraiment créé un fond de jeu convaincant. Il a raté la plupart des matches-clés (derby tunisois, l'ESS, les deux matches contre le SG et l'ASM...), et n'a pas su gérer l'avance confortable par rapport à l'ESS et à l'EST. Il a joué avec le feu, et il a fallu le métier des cadres pour faire le sprint final de la victoire. Certainement que Sanchez a aussi de bonnes qualités. C'est un entraîneur correct (on ne l'a jamais vu entrer dans des polémiques), c'est quelqu'un qui a pu s'en sortir malgré les blessures et la pression énorme. Mais, franchement, on l'a vu aussi rater quelques moments-clés et ne pas donner à l'équipe l'image qui va avec son vrai potentiel. L'après-Sanchez est en train d'être réfléchi. Le palier de la Ligue des champions demande également des renforts à tous les secteurs de jeu. Le groupe actuel n'est pas apte à remporter ce trophée, ni à jouer les demi-finales, à notre avis. Il manque un attaquant de métier, un autre jeune attaquant de débordement, un créateur capable de gérer le temps, un milieu défensif de cran (genre Ragued) et aussi un latéral droit. Sanchez ne doit pas être discrédité et lésé : c'est quelqu'un qui a beaucoup donné, mais peut-être bien qu'il n'a pas le profil de «gagneur» en Afrique. Sanchez va-t-il partir? Logiquement oui. Alors qui va partir avec lui parmi les joueurs et aussi parmi les dirigeants? Au CA, on attend un nouveau cycle, celui de l'Afrique.