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Sfax, une ville qui apprend à se défendre (I)
Environnement — lutte contre la pollution
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 06 - 2015

La crainte des habitants de Sfax est de voir la Siape s'éterniser malgré la décision de fermeture, puisque la transformation de la montagne de déchets prendra au moins plusieurs décennies...
Même si en théorie, le règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) stipule clairement que les élus doivent consacrer une semaine par mois à la région dont ils sont issus, cela n'a pratiquement été possible qu'une seule fois depuis le début de la mandature. Cette semaine (du 15 au 21 Juin), les élus ont finalement pu revenir à leurs régions respectives en application du règlement intérieur. Dans le cadre de notre suivi des activités du Parlement, nous avons choisi de suivre les députés dans deux gouvernorats afin de comprendre les enjeux qui s'y déroulent. Notre première destination est Sfax. Pourquoi Sfax ? D'abord, parce que la ville est candidate à l'organisation des Jeux méditerranéens de 2021 et sera la capitale de la culture arabe en 2016. Ensuite, par ce que deux déclarations de deux ministres (Maher Ben Dhia et Latifa Lakhdhar) nous ont interloqué. Les deux ministres s'étaient en effet dits «choqués» par l'infrastructure sportive et culturelle d'une des plus grandes villes du pays.
Notre deuxième destination n'est autre que Gafsa, plus particulièrement le bassin minier, et plus exactement Métlaoui où nous avons passé deux jours pour comprendre comment le phosphate est à la fois une aubaine et une malédiction pour la région.
Depuis 2011, la production de phosphate, un des meilleurs au monde, n'a jamais été aussi perturbée. Pendant plusieurs mois, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) annonçait des manques à gagner de l'ordre de 3 millions de dinars par jour. En embuscade, le Maroc voisin ambitionne de détrôner la Tunisie avec un objectif de 50 millions de tonnes par an à l'horizon 2020.
Un sérieux problème environnemental
Lorsqu'on visite pour la première fois la ville de Sfax, il n'est nul besoin d'éprouvettes et de laboratoires pour comprendre qu'il existe un sérieux problème environnemental dans la ville. L'air agresse les narines et oppresse les poumons dès que l'on sort de la gare de Sfax en direction du vieux Ribat. Les bonbonnes d'eau bleues vendues un peu partout dans les commerces font très vite comprendre au visiteur que boire un verre d'eau du robinet n'est pas forcément une bonne idée. A 4 kilomètres du centre-ville, une montagne d'une hauteur de 60 mètres et d'une superficie de 50 hectares impressionne et ne passe pas inaperçue. Aux alentours, l'air est à peine supportable et aucune végétation ou presque ne donne de signe de vie ou de verdure. Il s'agit en fait d'une montagne de déchets de transformation du phosphate appelé «phosphogypse» que la Société industrielle d'acide phosphorique et des engrais (Siape) a accumulés durant plus de 30 ans d'activités. En 2009, l'Etat avait ordonné la fermeture du site, mais cette ordonnance n'a en fait jamais été appliquée, et la cheminée de l'usine de la Siape continue à dégager plusieurs tonnes de fumée toxique.
Déjà en 1999, une étude menée par deux chercheurs tunisiens (le Dr Moncef Zairi et le Dr Mohamed Jamel Rouis) avait mis en garde contre la poursuite des activités polluantes de la Siape. Ils écrivent dans le « Bulletin des laboratoires des ponts et chaussée»: « Le taux de contamination des eaux de la nappe au voisinage de ces sites est très élevé. Ainsi, les teneurs en fluor, phosphate et métaux lourds ont été mesurées et les valeurs dépassant de plus de 100 fois les spécifications des normes tunisiennes sur les rejets ont été enregistrées. Ces eaux vont, par l'écoulement souterrain, rejoindre la mer et constituent un risque potentiel pour la faune et la flore ».
Depuis 2009, les citoyens ne cessent de protester pour demander l'application de la décision étatique. La semaine dernière, une grande marche avait réunie plus de 500 personnes pour réclamer la fermeture immédiate de l'usine et la réconciliation de la ville avec la mer qui les boude depuis des décennies. Parmi eux, Fakhri Fourati, secrétaire général de l'association «Sfax Meziyana», qui agit comme lobbyiste auprès des autorités publiques pour améliorer la qualité de la vie dans la ville.
Que faire des déchets ?
Pour lui, ce n'est pas tant la fermeture du site qui pose problème, que la gestion de la montagne de déchets de phosphogypse. Que faire de cette bombe à retardement une fois l'usine de la Siape fermée ? Deux idées émergent : la première est de cerner la montagne d'une structure en béton puis enfuir le tout dans le sol à travers un processus complexe qui éviterait la contamination de la nappe phréatique. La deuxième solution que semble défendre le Groupe chimique pour maintenir son activité à Sfax, c'est celle de la valorisation des déchets destinés à l'exportation. Il existerait, en effet, 200 brevets à travers le monde sur les possibilités d'utilisation de ces déchets dans l'agriculture, le bâtiment ou la construction de routes.
« Là, ce qui pose problème, nous explique Fakhri Fourati, c'est que nous ne sommes pas certains que l'activité qui découle de la transformation du phosphogypse est inoffensive pour l'environnement ». Selon lui, le Groupe chimique, qui défend cette idée, rechigne pour le moment à procéder une étude d'impact environnemental d'un tel projet s'il venait à voir le jour.
Que faire des déchets ? C'est une question que le député Badreddine Abdelkéfi ne considère pas comme secondaire pour le moment. «Il faut purement et simplement appliquer au plus vite la décision de fermeture de la Siape afin que les Sfaxiens se réconcilient avec la mer, nous explique-t-il. Pour le reste nous verrons ».
La crainte des habitants de Sfax, c'est de voir l'usine s'éterniser malgré la décision de fermeture, puisque la transformation de la montagne de déchets prendra au moins plusieurs décennies.
La fermeture du site signifierait la fin d'un cauchemar et le début d'un rêve, celui de la réconciliation avec la mer : les Sfaxiens pourront regarder vers l'horizon bleu, et imaginer légitimement une ville touristique à la fois moderne et fière de son passé. Une ville candidate sérieuse pour faire partie du patrimoine universel de l'Unesco. La réussite de l'organisation de l'événement « Sfax, capitale de la culture arabe 2016 » est en ce sens l'un des défis majeurs... (À suivre)


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