Les professionnels du secteur avicole appellent le ministère du Commerce à annuler l'autorisation préalable pour pouvoir exporter vers la Libye. Les professionnels du secteur de l'aviculture ont demandé la levée de l'autorisation préalable pour l'exportation des viandes blanches vers la Libye qui présente plusieurs opportunités et dispose d'un fort potentiel de consommation. Selon M. Fethi Ben Khélifa, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des éleveurs de volailles relevant de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), les professionnels tunisiens du secteur sont en mesure d'exporter des quantités de viandes blanches et d'œufs vers un marché prometteur, la Libye, mais sont confrontés au problème de l'autorisation préalable qui prend beaucoup de temps, dans la mesure où il faut contacter plusieurs intervenants dans l'administration tunisienne. Notre interlocuteur indique que le secteur des viandes blanches était soumis à des quotas de production jusqu'en 2010 avant que des représentants de grandes sociétés aient convaincu le ministre du Commerce à l'époque pour qu'il supprime ces quotas et opte pour la libéralisation, le but étant d'exploiter les opportunités d'exportation. «Cette mesure a été prise, souligne M. Ben Khélifa, sans concertation avec l'ensemble des professionnels, qui se sont trouvés devant le fait accompli». Les besoins du marché intérieur satisfaits Depuis 2011, la production des viandes blanches a enregistré une évolution progressive et les besoins du marché local ont toujours été satisfaits. C'est aussi le cas pour les œufs, puisque, depuis 2010, la moyenne de la production est entre 120 et 130 millions d'œufs. Selon les prévisions établies, la production serait en 2015 de l'ordre de 198 millions d'œufs. C'est dire que la production est abondante et il est nécessaire de trouver de nouveaux débouchés pour écouler ce produit très demandé. La Libye est l'un des marchés qui peut absorber une grande quantité d'œufs, à condition de simplifier les procédures auprès des exportateurs et de leur fournir les encouragements nécessaires, d'où l'importance de la levée de l'autorisation préalable. Pour ce qui est des poulets, M. Ben Khélifa a indiqué que la production est également satisfaisante, dans la mesure où elle a atteint les 12.900 tonnes par mois. Les prix de vente au public au niveau du marché local sont considérés comme abordables et ne couvrent pas, en tout cas, le coût de la production. «Toute la filière des viandes blanches est en train de perdre de l'argent», constate notre interlocuteur avec amertume. Il propose de faciliter l'exportation des poulets vers le marché libyen qui peut procurer à la Tunisie des bénéfices considérables. A ce niveau aussi, il est primordial de supprimer l'autorisation préalable qui constitue, de l'avis de notre interlocuteur, un véritable handicap devant l'exportation. Les besoins du marché local sont bien satisfaits grâce aux stocks régulateurs et à la production courante. En fait, le stockage coûte cher. A noter que les éleveurs de volailles ne supportent que 15% du coût de la production, le reste étant conditionné par les prix du maïs et du soja, fixés par le marché international. Il suffit que les cours du pétrole augmentent pour voir les prix de toutes les autres matières premières flamber. La conjoncture internationale a des impacts directs sur les prix des différentes matières. Les éleveurs de volailles ne peuvent donc pas maîtriser totalement le coût de la production qui dépend, dans une large mesure, des facteurs extérieurs. La Fédération nationale des éleveurs de volailles appelle à une restructuration du coût de la production, à la révision de la programmation, en impliquant toutes les parties prenantes comme l'administration, les professionnels et l'Organisation de défense du consommateur. Il s'agit aussi de conclure des contrats de production entre les producteurs et le Groupement interprofessionnel des produits avicoles. Les professionnels proposent, de même, de permettre aux commerçants de s'adonner à l'abattage des volailles en réservant des espaces mobiles — répondant aux conditions d'hygiène et de propreté — ou des abattoirs municipaux en nombre suffisant. Les commerçants doivent avoir la possibilité de créer de petits abattoirs dans le cadre de coopératives, et ce, pour éviter la monopolisation de ce secteur par les grandes entreprises.