Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a tenu, hier matin, une conférence de presse, avec pour ordre du jour trois dossiers d'actualité, à savoir le rapport du mois de mai sur les mouvements sociaux, le déblocage de la situation au bassin minier et le sort des derniers refugiés coincés en Tunisie, suite à la fermeture du camp de Choucha Il ne passe pas un jour sans que la fièvre des protestations monte d'un cran, prenant, parfois, de mauvaises tournures. Après des mois records entegistrés, celui de mai a été, légèrement, perturbateur, mais non sans mouvements populaires. Et ce malgré le rôle de bons offices qu'avait joué et le font encore les militants du Ftdes dans les régions de hautes tensions. Au sud du pays notamment, l'observatoire social tunisien relevant du forum initiateur vient de dresser un bilan relativement réduit à quelque 225 mouvements sociaux seulement par rapport aux chiffres alarmants du mois d'avril (plus de 400 cas). Il y a eu à Gafsa, Kébili, Médenine, Kairouan, Sidi Bouzid et Tataouine autant de mouvements de protestation de toutes sortes dont le quart se rapporte aux suicides et tentatives de suicide, avec peu de grèves observées. Trop de manifestations revendicatives d'ordre purement socioéconomique : amélioration des conditions de vie, emploi et développement régional. Ces mouvements ont connu leur apogée dans les régions d'El Faouar (Kébili) et du bassin minier, ayant trait respectivement aux sociétés d'exploitation pétrolière et leur politique de gestion du personnel et aux décisions relatives au plan de réforme issues du Conseil ministériel spécifique à Gafsa. Et le rapport de signaler certains rebondissements à ce niveau. C'est que ces mouvements ont tourné à la violence à divers degrés: sit-in, blocage des routes, grèves générales. De même, les gouvernorats de Tunis, Gabès, Tozeur et Béja ont été, au cours du mois écoulé, le théâtre de manifestations réclamant la régularisation de la situation professionnelle de certains travailleurs de municipalité, d'établissements de tourisme et de conducteurs de taxi. D'autres ont été déclenchées à Bizerte et à Nabeul pour des raisons dues essentiellement à l'étalage anarchique et à l'interdiction de vente de volaille hors abattoir. Le chargé d'observation au sein du Ftdes, M. Abdessattar Sahbani, est intervenu pour prévenir d'éventuelles manifestations sociales attendues cet été. Comme ce fut le cas la saison dernière, où des régions telles que Jendouba et Kasserine ont revendiqué le droit à l'eau potable et à l'électricité. Il y aurait, aussi, prévoit-il, des protestations contre la pollution et la propagation des incendies. Arrivé à un point de non-retour, la crise du bassin minier semble voir le bout du tunnel. La médiation à la base d'un dialogue social réunissant les parties en conflit a joué ainsi un rôle capital dans le déblocage de la situation, pourvu que les autorités concernées tiennent leurs promesses. Cependant, les alternatives proposées sont tributaires de l'engagement du gouvernement à prendre les choses au sérieux. Maintenant que l'accalmie règne l'on s'attend à ce que les demandes d'emploi soient satisfaites pour que la machine se remette au travail. Quitte à revenir à la case départ d'ici la rentrée scolaire. Autre dossier jusque-là en suspens depuis la révolution, celui des réfugiés en Tunisie. La fermeture en juin 2013 du camp de Choucha n'a pas résolu ce problème qui n'a fait que perdurer. Au point de devenir de plus en plus compliqué, en l'absence de décisions claires que le gouvernement doit prendre dans ce sens. Le président du Ftdes, M. Abderrahmane Hedhili, a relevé qu'il y a encore 70 réfugiés coincés à Ras Jedir, sur la frontière tuniso-libyenne. Sur le pavé, sans vivres ni couvert, cette population est livrée à elle-même. D'après M. Hedhili, ces réfugiés demandent leur réinstallation ailleurs. Et d'ajouter que leur situation appelle à une intervention urgente, vu qu'ils souffrent de violations et de dépressions mentales. Leur présence non protégée sur les frontières risque d'empirer la situation. Quant à l'affaire des disparus en mer depuis 2011, M. Hedhili a mis en exergue l'importance de la mise en place, tout récemment, d'une commission d'enquête sur le sort des migrants tunisiens vers l'Italie. Il a insisté sur les moyens à adopter pour rétablir la situation et mettre un terme aux souffrances de leurs mères et familles en détresse, depuis 4 ans. Revenant sur les mouvements sociaux, il a prévenu que les protestations risquent de s'amplifier, si la population vivant à la marge ne voit rien venir dans l'immédiat. Car, ouvriers des chantiers, diplômés chômeurs et régions dépourvues sont sur le point de se révolter. Il est temps de se pencher sur leurs revendications qui traînent depuis quatre ans.