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La barbarie et la violence ne sont l'apanage d'un pays, ni d'une religion ni d'une communauté
TRIBUNE
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 07 - 2015


Par Mohamed Larbi Bouguerra
« Un peuple très barbare peut être fort doux, et un peuple civilisé fort barbare ». (Prosper Mérimée)
Le sauvage attentat contre de paisibles estivants à la plage d'El Kantaoui, à Sousse, le 26 juin 2015, a révulsé les Tunisiens et toutes les personnes attachées aux valeurs de justice, de liberté et de dignité. Notre pays avait déjà vécu l'affreux drame du Musée du Bardo en mars dernier. Mais à travers le monde, les drames sont hélas légion et le sang coule à flots dans de nombreux endroits... Un doigt accusateur pointe pourtant exclusivement l'islam et la culture arabo-musulmane...comme vient de le faire, par exemple, le Premier ministre français, M. Manuel Valls, qui parle de « guerre de civilisation » .... Avec une allusion bien claire.
C'est aller vite en besogne !
Le mot de Nietzsche est hélas toujours d'actualité, Monsieur Valls : « Ce que nous appelons « civilisation supérieure » repose sur l'approfondissement et de la cruauté. Cette bête féroce n'a pas été abattue, elle vit, elle prospère ».
Ainsi, on a beaucoup glosé sur l'inculture et la barbarie des criminels fanatiques qui ont attenté au site archéologique de Palmyre et le monde entier a été témoin des inqualifiables destructions dans des musées irakiens tombés dans l'escarcelle de l'EI. Pourtant, Israël, sous le prétexte de fouilles archéologiques, met en danger les fondements de la Grande-mosquée de Jérusalem et les vestiges arabo-musulmans de la ville de Saladin sans que cela émeuve les médias occidentaux. L'histoire regorge en fait de tels crimes. Ainsi, en 511, l'abbé Honoratus prenant possession – avec 500 moines- de la somptueuse villa de l'empereur Tibère (villa Sperlonga) près de Naples, ordonna d'en réduire en pièces les magnifiques sculptures en marbre qui finirent dans un puits comme le rapporte Bernard Andreae de l'Institut archéologique allemand de Rome (Pour la Science, Dossier n° 88, juillet-août 2015, p. 18-23).
Le fanatisme, la barbarie et la cruauté ne sont l'apanage de personne ! Jean-Claude Carrière relève au sujet de l'invasion de Jérusalem en 1099 : « Il a été rapporté- par nos sources, non sans fierté- que Godefroy de Bouillon et ses hommes, dans les rues de la ville conquise, marchaient dans le sang jusqu'aux genoux ; un sang qu'ils venaient de verser, un « sang impur » comme cela se chante encore dans notre hymne national. Vainqueurs, ils égorgeaint non seulement les infidèles, c'est-à-dire tous les musulmans, avec femmes et enfants, mais aussi les chrétiens qui vivaient alors nombreux dans la ville sainte et qui se précipitaient vers eux, une croix à la main en criant : « Nous sommes chrétiens ! Nous sommes chrétiens ! » Massacrés eux aussi, par les croisés de la foi, qui les soupçonnaient de mentir pour sauver leur peau. Des croisés qui, tout en massacrant femmes et enfants, priaient avec ferveur, persuadés pour la plupart que leur dieu marchait à leur côté, et qui communiaient à genoux, en actions de grâces, dans les flaques de sang ». (in « Croyance », Editions Odile Jacob, Paris, 2015, p. 15)
Quand on nous serine cette odieuse rengaine de « guerre des civilisations », comment oublier, en effet, les incessants drames que vivent les écoles, les universités et même les églises aux Etats-Unis, où nul ne peut s'opposer au lobby des armes à feu qui finance tant de politiciens? Comment oublier l'assassinat, il y a tout juste vingt ans, en ce mois de juillet 2015, de 8372 Bosniaques musulmans à Srebrenica dans l'ex-Yougoslavie ? Comment oublier le 27 juillet 2011 et les soixante-dix-sept victimes du sanguinaire Norvégien Anders Behring Breivik ? Comment oublier la folie meurtrière de la secte japonaise Aum qui infligea une mort atroce à une vingtaine de personnes, au moyen du gaz de combat Sarin, dans le métro de Tokyo, en 1995 ? Comment oublier l'attaque de Bordure Protectrice et les atrocités commises il y a tout juste un an, ce 8 juillet, à l'encontre de la population de la Bande de Gaza par la soldatesque sioniste dont les chars, les F-16 - avec plus de 6000 frappes aériennes - et les armes sophistiquées ont dévasté cinquante jours durant - écoles, hôpitaux, mosquées, habitations (18000 maisons détruites) et emporté la vie de 2251 personnes – dont 1462 civils et 17 journalistes palestiniens- en « jetant la justice à terre du bout de leurs épées » comme disait le poète latin Ovide?
L'occupant israélien tue en fait quotidiennement des Palestiniens - surtout les jeunes - sans que les médias ne s'en émeuvent... alors qu'ils nous gavent des affreux crimes de Boko Haram et des horribles décapitations des autres fanatiques pseudo-musulmans à travers la planète. Il est clair que la presse et les autres médias exercent un silence coupable sur les atrocités commises par les occupants israéliens... qui s'en prennent du reste même aux églises, comme cela a été le cas le 18 juin 2015 avec celle de Tabgha en Galilée, incendiée par des juifs fanatiques (La Croix, 30 juin 2015).
Une famille palestinienne crucifiée
Dans les flots de sang palestinien que verse continuellement et impunément Israël, le cas de la famille Kosba est particulièrement douloureux, émouvant et révoltant à la fois*.
Sous le titre : « Peine de mort pour les lanceurs de pierre », le journaliste israélien Gideon Levy présente ainsi cette pauvre famille dans l'édition en anglais du quotidien Haaretz du 4 juillet 2015 :
« Le colonel Yisrael Shomer déclare qu'il ignore qui il a tué vendredi matin à A-Ram et je doute que cela l'intéresse de le savoir. Je veux lui dire qui il a tué mais voyons d'abord comment cela s'est passé. La jeep du commandant de la Brigade Benyamin a été attaquée par des jets de pierre qui en ont brisé le pare-brise sur une route de Cisjordanie. Shomer sortit de sa jeep et, avec l'aide de ses braves soldats, ouvrit le feu avec des balles réelles sur les lanceurs de pierre. La personne tuée avait reçu trois balles : à la tête, à l'épaule et au dos. Le colonel prétend que sa vie était menacée. L'armée affirme que les procédures ont été respectées s'agissant de suspect détenu (même si les trois balles ont atteint la partie supérieure du corps). » Gideon Levy ne se fait aucune illusion : « si jamais une enquête était ouverte, elle sera vite close car il n'est pas dans l'intérêt public de la poursuivre ou bien pour absence de culpabilité. Pourquoi ? Qu'est-il arrivé ? Le commandant voulait tout simplement faire passer à ses soldats un message qu'ils connaissent depuis longtemps : le sort d'un lanceur de pierres palestinien est la mort.
C'est cet esprit qui domine au sein de la Brigade Benyamin, au sein des forces armées israéliennes et au sein du peuple d'Israël.
Le colonel Shomer avait tué Mohammed Kosba. Il y a treize ans, j'avais écrit à propos de son père : « Sami Kosba est un homme brisé maintenant... perclus de chagrin. Il a perdu deux de ses enfants en l'espace de quarante jours. Endeuillé à la puissance deux ».
Les deux frères ont chacun survécu une semaine à peu près avant de mourir dans le même hôpital, à Ramallah. Yasser d'abord, tué à dix ans, par une balle dans la tête tirée à bout portant lors d'un incident de jets de pierre en Cisjordanie. Près du camp de réfugiés de Qualandia où sa famille vivait dans le dénuement. Yasser a été tué alors qu'il fuyait les soldats. Il a trébuché et est tombé. Ils lui ont tiré une balle dans la tête alors qu'il était par terre selon les témoins. Le porte-parole de l'armée israélienne a osé déclarer à l'époque que ce gosse de dix ans était « l'instigateur en chef ».
Alors que la période de deuil de quarante jours pour Yasser s'achevait, les soldats de l'armée israélienne ont tué son frère Samer. Il avait lancé des pierres sur un tank israélien près de la Mouqata, assiégée à Ramallah à l'époque du président Yasser Arafat. C'était lors d'une manifestation de soutien et de solidarité avec ceux qui étaient à l'intérieur du complexe. Samer a été tué à l'âge de quinze ans. Il a reçu une balle dans la tête, à bout portant, comme son frère, quarante jours plus tôt. « Samer ? Encore une balle ? De nouveau en pleine tête ? » demandait, incrédule, son père....
Peu de temps après, je me suis rendu au domicile de Sami - propriétaire d'un kiosque délabré près de l'école du camp de réfugiés. Il y avait là les deux fils qui lui restaient : l'aîné, Thamer et le petit Mohammed qui avait alors trois ans.
Cinq années plus tard, Thamer aussi a été très sérieusement touché par le feu des forces armées israéliennes. Il avait dix-huit ans quand cela s'est produit et il travaillait de nuit dans un supermarché. Aux dires des témoins, il a reçu une balle dans le dos sans la moindre raison alors qu'il lavait, avec une lance à eau, le sol du magasin. Après le tir, il a été arrêté par les soldats - peut-être pour maquiller ce tir sans raison. L'activiste israélienne Aya Kanyuk lui a rendu visite à l'hôpital Hadassah à Jérusalem. Il lui a raconté que les soldats qui lui ont tiré dessus l'ont aussi battu. Son état était très grave mais il était enchaîné à son lit, avec l'accord des médecins. Son père n'a pas été autorisé à lui rendre visite durant quelques jours. Thamer a survécu.
Voilà venu le tour de Mohammed qui a vécu toutes ces horreurs à l'âge de trois ans. Les soldats l'ont tué, lui aussi. La vie du commandant de la brigade était en danger. Les procédures d'arrestation ont été respectées. Les pierres tuent. Terrorisme. Israël est face à une menace existentielle. Le monde est en train de délégitimer Israël. Les forces armées israéliennes sont les plus morales du monde ».
Ovide encore : « Plus féroces que les loups ces barbares, ils sont à peine dignes du nom d'hommes ».
Plus près de nous, Edward Saïd affirmait que si les Israéliens ont si peur des Palestiniens, c'est pour ce qu'ils leur ont fait subir**.
La barbarie, la cruauté et la violence aveugle ne sont hélas l'exclusivité d'aucune foi et d'aucune communauté dans ce monde déchiré...mais certains médias ont des œillères idéologiques, colonialistes, voire racistes.
*L'éditorial du New York Times (23 juin 2015) suite à la publication du rapport des Nations Unies sur la guerre de Gaza de l'été 2014 se conclut ainsi : « Israël a le devoir et devrait avoir le désir d'ajuster ses politiques militaires pour éviter les morts de civils. Israël doit aussi demander des comptes à ceux qui sont responsables de ces décès... ».
**Le major général Bentzi Sao a été désigné chef de la police israélienne plutôt que d'autres candidats soupçonnés d'abus sexuels ou de corruption active. Bentzi Sao n'est pourtant pas blanc comme neige : en octobre 2000, il a tué des Arabes porteurs de carte d'identité israélienne en sa qualité de commandant de la police des frontières. Il est donc moins grave dans « la seule démocratie » du Moyen-Orient de tuer ses concitoyens arabes que d'être coupable d'attouchements sur ses subordonnées femmes ou de tremper dans des affaires mafieuses ! écrit en substance Oudeh Basharat dans Haaretz du 5 juillet 2015 sous le titre « Tuer des Arabes ne fait jamais tache dans les états de service d'un flic israélien ».


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