Amnistie fiscale sur la période avant le 1er juillet 2015, demande de subventions, la FTF «défend» des clubs qui ne savent pas gérer. On n'est pas sorti de l'auberge. On avait parlé à maintes reprises de «l'impunité fiscale» dont jouissent les clubs et leurs présidents depuis des années. Et pourtant, on a vécu de nombreux épisodes de fuite fiscale, de gaspillage de ressources publiques, de détournement de fonds, d'abus de confiance et d'insolvabilité. Le tout sans qu'il y ait eu la moindre conscience de la gravité de la situation. On s'est posé cette simple question pourquoi les clubs de football et ceux qui travaillent dans ce domaine qui devient marchand (essentiellement pour les joueurs, entraîneurs, agents de joueurs...) sont la seule catégorie sociale qui ne paie pas d'impôts ? Pourquoi cette impunité non seulement fiscale mais aussi pénale contre ces dépassements de gestion et contre ce gaspillage d'argent dans les clubs de football ? Ce gouffre financier que nous vivons et qui risque d'étouffer maints clubs n'est pas dû seulement à la crise économique du pays ni à la diminution du concours public mais aussi et en grande partie à la mauvaise gestion et à l'absence de transparence et de rationalité au moment de s'engager. Allez demander à ces présidents de clubs, qui usent et abusent de leurs clubs pour se faire une image et un réseau de relations pourquoi jettent-ils un argent fou, sans la moindre norme d'équilibre pour acquérir des joueurs de seconde zone et pourquoi engagent-ils leurs clubs dans des dépenses inutiles au détriment de la formation, de l'infrastructure sportive... Faute de cadre légal qui recadre le comportement économique et fiscal des dirigeants, tout est permis. Ces folies financières dans les clubs, cette gestion irrationnelle finissent par une sorte de chantage à l'égard de l'Etat : ces clubs et ces mauvais gestionnaires réclament en toute insolence et sans pudeur l'appui de l'Etat et du ministère des Sports sinon le championnat est menacé. Nous vivons donc et encore pour un long moment un flou qui ne risque pas de s'éclaircir. D'ailleurs, la réunion de Wadi El Jari avec les cadres du ministère des Sports et du ministère des Finances ne promet pas d'ouvrir ces dossiers pour une approche de traitement radicale. Pas de réponses... Cette réunion n'a pas donné lieu a des réponses claires et convaincantes. On veut toujours des mesures urgentes et des solutions de facilité. Au lieu de déclencher un débat sur les normes de la gestion financière dans les clubs, sur la dynamisation de la direction nationale de contrôle de gestion (structure enterrée depuis des années), on s'est contenté de deux points : réclamer une amnistie fiscale pour la période d'avant le 1er juillet 2015, et également l'application du décret 88, article 47 de 2011 qui autorise le financement public des associations ayant un statut spécial et régies par une loi propre, comme c'est le cas des associations sportives. Cet article exempte les clubs sportifs des conditions d'accès au financement public. Ils ont donc droit au concours du ministère des sports et des collectivités. Wadi El Jari, en défenseur des clubs (et c'est son boulot de le faire), demande à la tutelle et au ministère des Finances de venir à l'aide des clubs de football qui jouent un rôle social. Tout ça, on peut le comprendre, mais ça reste palliatif du moment qu'il ne touche pas le fond du problème. Ça vise à défendre de mauvais gestionnaires qui ont dilapidé les ressources qu'ils détiennent (des ressources qui ont fléchi) pour satisfaire les caprices des joueurs en premier lieu. Même dans des clubs mal classés, ce sont les joueurs qui font la loi et qui obtiennent des avantages considérables qui n'ont rien à voir avec leurs qualités, avec les budgets établis et avec la conjoncture économique. Ces doléances vont faire du bien aux mauvais gestionnaires et vont, par conséquent, léser les quelques présidents de clubs qui gèrent avec diligence leurs fonds et préservent leurs équilibres financiers. Tout le monde est dans le même sac. C'est de la foutaise. Et si on va continuer comme ça, le déséquilibre financier va s'aggraver, et on peut même risquer un état d'insolvabilité général. Une transposition du modèle grec dans notre football!