Nous savions pertinemment que le «contentieux» entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Tarak Dhiab et le président de la fédération de football était loin d'être réglé et qu'il n'était pas près de l'être. A la base, et c'est ce qui fausse un peu le débat, c'est une incompatibilité totale de points de vue entre un homme, Tarak Dhiab, et Wadii Al Jary, qui a accédé au monde du football par la porte administrative. Liaisons dangereuses La seconde donne n'est pas moins tordue. Partout dans le monde, du moins dans les pays où les choses sont claires et bien établies dans ce sport, le ministère a très peu à voir avec la fédération. Et pour cause. Cette dernière est indépendante et souveraine sur le plan financier et sportif. Elle vit de ses propres ressources et trace la politique sportive adéquate à sa stratégie. Ce n'est pas le cas chez nous où le ministère fait pratiquement vivre la fédération. Celle-ci profitait des avantages qu'on lui consentait en contrepartie de la protection constante de l'autorité de tutelle. Aujourd'hui, cette règle a changé dans la mesure où la fédération n'en finit pas de brandir son indépendance alors que le ministère exige désormais des comptes. Que la fédération refuse de rendre sur le double plan financier et sportif. Alors, qu'est ce qui s'est passé au juste ? Face aux mauvais choix sportifs en Equipe nationale et aux résultats calamiteux qui ont suivi, le ministre a tout simplement exprimé clairement son avis et son refus de ces choix et ceci bien avant que n'intervienne la catastrophe. Et il a également décidé de faire pression sur la fédération avec le seul moyen dont il dispose : l'argent. Hostilités Ce qui n'a pas plu à la fédération et à son président qui n'a pas trouvé mieux que de dénoncer le ministre. Autre fait gravissime : profitant de la qualification miraculeuse de la Tunisie au dernier tour qualificatif de la Coupe du monde, le président de la FTF est revenu à la charge en demandant de l'argent au ministère et en mettant la pression par l'intermédiaire d'un conseiller auprès du président du gouvernement provisoire. Encore une intrusion de la politique dans le football, œuvre encore une fois de Wadii Al Jary. Le fond et la forme Face aux mauvais choix, aux mauvais résultats, aux manœuvres du président de la fédération et aux accusations du grand public qui met ministère et fédération dans le même sac (alors que tout indique que seule la FTF et son président sont responsables de la mauvaise gestion et des mauvais résultats de l'équipe nationale), le ministère pour sa part réagit. En s'exprimant publiquement puis, récemment, en envoyant un courrier à la Fifa pour lui exposer les errements de la FTF et en exigeant son départ. Démarche à la limite légitime mais non réglementaire dans la mesure où le ministère devait savoir d'avance que la Fifa se rangerait du côté de la FTF. Et ce, quelle que soit la gravité des actes commis par celle-ci. Mais sur un autre plan, il est clair que le courrier du ministère à la Fifa a été envoyé au lendemain de la défaite douloureuse face au Cap-Vert et l'élimination qui s'en est suivie... Et c'est le timing de la réponse de la Fifa qui fait, aujourd'hui, scandale dans la mesure où il intervient à la veille d'une échéance importante. D'où les lourdes accusations contre le ministre. Demeure le fait que le problème essentiel soit encore entièrement posé. La FTF qui continue à vivre de l'argent du ministère peut-elle se permettre de ne rendre des comptes à personne ? Et dans ce cas, le ministère peut-il se permettre de rester les bras croisés face à autant de mauvaise gestion financière et sportive? La Fifa, enfin, peut-elle continuer à se permettre de défendre les fédérations et son territoire contre toute logique ? Nous ne sommes pas prêts à avoir la réponse !