Les premières décisions du nouveau bureau fédéral risquent de plonger direction technique et équipe nationale dans le chaos Il est écrit quelque part que notre football, nos footballeurs, ceux qui aiment ce sport, ceux qui en parlent et ceux qui écrivent dessus sont condamnés à subir les aberrations et les dérives des institutions qui gèrent ce jeu. Nous nous sommes battus, tout un peuple s'est battu pour que dégagent personnages et pratiques qui ont gangrené tous les secteurs de la vie publique. Certains ont été dégagés, d'autres sont partis, mais d'autres se cachent encore ou ont vite fait de se racheter une conduite et de s'offrir un lifting pour se remettre dans le circuit. Ceci est valable pour tous les secteurs de la vie publique, mais également pour le sport, qui, au risque de nous répéter, continue d'être aux mains de ceux qui ont longtemps sévi et jouissent toujours d'une impunité totale. Oui, nous réclamons la justice transitionnelle pour le foot, la boxe, le hand, le judo, le cyclisme, les échecs et tutti quanti… Oui, nous ne supportons pas de voir les mêmes têtes qui se réclament d'un nouveau projet et d'une nouvelle morale. Sinon, ce n'est pas le huis clos provisoire que risquent notre sport et notre football mais le… rideau. Une poudrière ! L'actuel bureau fédéral a été élu sur un programme ou plutôt sur des promesses. Il a été élu aussi et surtout parce que Wadii El Jari et ses collaborateurs ont beaucoup travaillé dans les coulisses. De bonne guerre, mais il ne faut pas non plus que les promesses faites se transforment en compromis, ou carrément, en compromissions. C'est que notre football a longtemps énormément souffert de ces compromis qui ont fini par le mettre à terre et, pourquoi le cacher, à le pourrir. Arbitrage, régionalisme, faveurs faites aux grands clubs, rapports moraux et financiers faux, clientélisme, liaisons dangereuses avec les politiques, avec le RCD, etc. Aujourd'hui, rien n'est dit qu'on a rompu avec ces pratiques, et ce qui se passe à l'Etoile, au Club Africain dans l'arbitrage et dans tous les stades de la République le prouvent. Revenons à présent à la Fédération tunisienne de football et à ses «premières grandes décisions». Jawher Mnari, nommé deuxième délégué de l'équipe nationale. Nous ne ferons pas de procès d'intention à cet ex-international modèle et nous ne critiquerons pas outre mesure cette nomination pour peu que Moncef Khouini et Jawher Mnari travaillent dans l'entente et pour le bien de nos internationaux et l'équipe nationale. Mais nous demandons à vérifier. La Direction technique nationale scindée en deux et Youssef Zouaoui, assisté par deux conseillers, dont Zoubeïr Beya, chargé de la détection et l'encadrement sportif et social des joueurs internationaux. Un Etat dans l'Etat en quelque sorte. Cela revient à dire que l'actuel directeur technique, Kamel Kolsi, voit son champ d'action considérablement rétréci et, à court terme, poussé vers la sortie. Par ailleurs, Youssef Zouaoui et Zoubeïr Beya dont on connaît les caractères et les ego mèneront à coup sûr la vie dure à Sami Trabelsi et cette double nomination prépare sans nul doute l'éviction de ce dernier pour le compte d'un… consultant à Al Jazira. La question était, d'ailleurs, d'actualité avant l'arrivée de Tarek Dhiab dont la simple intronisation à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports a fait avorter le projet. Et voilà que les coulisses s'animent à nouveau. Il y en a ceux qui ramènent avec eux un projet. D'autres un… complot. Faut-il, par ailleurs, rappeler que l'ancien bureau fédéral avait imposé à Sami Trabelsi deux adjoints : Ben Belgacem et Khanfir. Aujourd'hui, on ajoute à ces deux-là Youssef Zouaoui et Zoubeïr Beya. Bonjour l'ambiance ! Que nous n'ayons pas beaucoup confiance en ce bureau fédéral, nous l'avons dit et écrit avant et après les élections. Ces décisions, dangereuses pour notre équipe nationale, viennent nous le confirmer. Qu'ils sachent que nous ne sommes pas dupes, que nous ne cautionnerons pas ce complot ourdi contre un entraîneur national aux qualités techniques et humaines irréprochables et à l'honnêteté intellectuelle exemplaire. Son comportement, son parcours et les résultats acquis plaident d'ailleurs en sa faveur. Mais voilà qu'on cherche à le fragiliser et à le pousser vers la porte de sortie. Dans ce combat, nous espérons que nous ne serons pas seuls et nous appelons le ministère de la Jeunesse et des Sports à ne pas cautionner et à ne pas financer ce projet… machiavélique. Amoureux du foot, supporters de l'équipe nationale, enfin, vous ne pouvez pas dire que vous ne savez pas !