Le nombre insuffisant de vétérinaires ouvre la porte à tous les abus. La plupart des 14 abattoirs situés dans les différentes délégations du gouvernorat de Kairouan fonctionnent dans des conditions catastrophiques et ne répondent pas aux normes d'hygiène les plus élémentaires avec des canalisations d'égouts qui débordent, des circuits d'éclairage vétustes et défectueux, des incinérateurs devenus des dépotoirs d'abats pourris, des échaudoirs cassés… En outre, l'infrastructure de ces abattoirs ne permet pas d'assurer un bon abattage et n'assure pas une bonne garantie sanitaire des viandes. Conséquence : beaucoup de ces abattoirs sont aujourd'hui fermés en attendant leur éventuelle rénovation. Par ailleurs, vu le nombre réduit de vétérinaires dans tout le gouvernorat de Kairouan (7 pour les 13 délégations), il arrive qu'un seul se charge d'inspecter 3 délégations à la fois, ce qui est très difficile comme nous l'avons constaté à Nasrallah, Menzel Mhiri et Chrarda. Le nombre d'abattoirs clandestins en hausse D'autre part, à cause de cette situation délétère, le nombre d'abattoirs clandestins ne cesse d'augmenter. Ainsi on compte une centaine de bouchers et presque autant «d'abattoirs» clandestins à domicile ou ailleurs et 70% de l'abattage des animaux est illégal. En général, on a recours à l'abattage clandestin pour échapper aux taxes municipales ainsi qu'à la saisie des vétérinaires (en cas de maladie de l'animal, de son âge ou de son poids, non conformes à la législation). Ainsi, on livre aux consommateurs de la viande non contrôlée et souvent avec un estampillage falsifié, ce qui constitue un danger pour la santé du citoyen. Ceci sans oublier le fait que plusieurs bouchers exposent leur marchandise en plein air, les vitrines frigorifiques n'étant là que pour le décor. Evidemment, la police municipale et le service d'hygiène infligent souvent des amendes et saisissent la viande non estampillée, mais les infractions perdurent. En outre, le transport des carcasses de viande de l'abattoir aux différentes boucheries se fait dans des camionnettes non frigorifiées, sans crochets… Il y a de quoi devenir végétarien, car toutes ces mauvaises conditions facilitent la prolifération du kyste hydatique.