Créé en 2005 pour un coût de 1,500 MD dans une zone d'équipement au quartier Dar El Amen, l'abattoir communal souffre de plusieurs maux d'autant qu'il a été cambriolé à trois reprises après la révolution du 14 janvier. Outre l'insuffisance d'équipements et de matériel, le manque d'hygiène et la vétusté des chambres froides et de l'immense hangar où on procède à l'abattage et au dépeçage des veaux et des moutons dont les carcasses sont suspendues à des crochets rouillés, les ouvriers nous expliquent que le vidage des conteneurs par les éboueurs municipaux ne se fait que très rarement. Par ailleurs, les égouts sont souvent débordés, les lavabos et les échaudoirs sont cassés, l'incinérateur est devenu un dépotoir d'abats pourris avec des câbles électriques qui traînent par terre. C'est pourquoi la commune de Kairouan a réservé, il y a quelques mois, une enveloppe de 90.000D pour mettre à niveau cet abattoir et procéder à des actions de rénovation, de restauration et d'assainissement. Malgré cela, cet abattoir de proximité continue d'être pillé et le matériel est souvent en panne. Et comme les véhicules municipaux sont insuffisants, les bouchers n'hésitent pas à transporter la viande dans de vieilles camionnettes sans crochets et sans aucune réfrigération, mettant ainsi la vie des citoyens en danger. Pa ailleurs, les éleveurs ne respectent pas l'horaire exigé pour l'abattage des animaux (à savoir 7h du matin) et viennent plus tard, vers 9h00, avec leur bétail sans aucune traçabilité d'identification, ce qui crée beaucoup d'anarchie, vu l'insuffisance du nombre d'ouvriers (une douzaine) qui ne sont pas des assurés sociaux et qui ne subissent des analyses médicales que très rarement. Prolifération des abattoirs clandestins Devant cette situation qui laisse à désirer, on remarque dans tous les quartiers de Kairouan une augmentation du nombre d'abattoirs clandestins à domicile ou dans des garages. Ainsi, on procède à l'abattage clandestin pour échapper aux taxes municipales ainsi qu'à la saisie effectuée par les vétérinaires (en cas de maladie de l'animal, de son âge ou de son poids non conformes à la législation). On livre aux consommateurs donc de la viande non contrôlée et souvent avec un estampillage falsifié. Cela sans oublier le fait que plusieurs bouchers exposent leur marchandise en plein air, les vitrines frigorifiques n'étant là que pour le décor. Evidemment, la police municipale et le service d'hygiène infligent souvent des amendes et saisissent la viande non estampillée, mais les infractions perdurent. Nomination d'un concessionnaire privé M.Hamadi Baklouti, conseiller municipal et président de la Commission des travaux et de l'urbanisme, nous précise dans ce contexte que la commune de Kairouan va doter l'abattoir de caméras de surveillance pour limiter les actes de pillage de viande et acquérir de nouveaux véhicules pour le transport de la viande. Par ailleurs, la commune vient de céder l'abattoir à un concessionnaire privé (à raison de 20.000D par an) avec un cahier des charges dont il devra respecter les clauses concernant la propreté des lieux, l'assurance des ouvriers, le gardiennage, l'hygiène des locaux et le transport. Espérons que ces nouvelles dispositions permettront de corriger le lourd déficit d'hygiène de l'abattoir communal.