Faouzi Benzarti ne fait certes pas l'unanimité, mais il demeure l'entraîneur le plus capé du pays. Sa longévité en tant que technicien de haut niveau n'a pas d'égale dans les annales... Sa réussite là où il est passé ne fait pas l'ombre d'un doute. Son palmarès est des plus éloquents. Il a tout remporté durant sa carrière d'entraîneur. La coupe, qui lui a fait à chaque fois faux bond, vient enfin de lui sourire un certain samedi 29 août 2015. Une date qui restera, à n'en pas douter, gravée dans sa mémoire, lui qui a tant flirté avec elle sans jamais parvenir à la séduire. Faouzi Benzarti dont la vraie carrière en tant qu'entraîneur avait commencé avec l'USM, le club de sa ville natale, n'avait certes par crevé l'écran, mais il a fait du beau travail en dépit des difficultés inhérentes à l'époque et le peu de moyens dont il avait disposé. Mais c'est surtout son passage au SRS qui l'avait fait remarquer par les grands. D'ailleurs, il n'a pas mis longtemps pour débarquer à Sousse pour prendre en main l'équipe phare du Sahel avec un titre de champion remporté en 1987. Et ce fut le début de la grande saga de ce jeune qui diffère de tous ceux de sa génération. Il est fougueux, débordant d'énergie et surtout d'idées novatrices en football. Trois ans après, il a chuté au CA avec lequel il a encore une fois gagné son grand pari de faire revenir ce club, après dix ans de disette, sur le podium. Il a laissé à son successeur un ensemble compétitif lui permettant ainsi de remporter le championnat d'Afrique des clubs. Benzarti prépare et s'en va, c'est, semble-t-il, sa destinée. La vérité est que l'homme n'est pas fait pour les compromis, il ne fait jamais les choses à moitié et il refuse qu'on empiète sur ses prérogatives. Cela lui a causé beaucoup de tort et d'inimitié de la part de dirigeants habitués à mettre leur nez partout. Homme de principe, il n'hésite pas à claquer la porte sans état d'âme, mais sans rancune. Car quand on fait appel à lui et s'il est disponible il ne dit jamais non, sauf s'il flaire l'échec au bout du chemin. Il est ainsi fait, c'est à prendre ou à laisser. En 1993, il a débarqué au Parc B, auréolé de ses précédents succès. Il remporta d'emblée la Coupe arabe des clubs champions au mois de septembre de la même année. Il clot la saison avec le championnat avant de monter avec son équipe sur le trône de l'Afrique le 17 décembre 1994 à l'issue de deux finales palpitantes contre Ezzamalek. Janvier 1995, c'est autour de la supercoupe d'Afrique de lui céder. Avec l'EST, Benzarti était au firmament de sa carrière couronnée de tant de sacres qui en appelleront d'autres. Homme de principe et de défis! Là où il passe, il laisse son empreinte, même s'il lui arrive de ne pas gagner son pari. C'était le cas en 1989 et en 1999 quand il avait échoué en finale de la coupe avec le CA et face au même adversaire, l'EST. Mais en partant, il a laissé un ensemble bien en jambes qui remporte l'édition 2000. Il a connu dans sa carrière des traversées de désert, mais qui ne duraient que l'espace de quelques mois tout au plus. On l'appelle souvent à la rescousse. Et ce sont les Etoilés et les «Sang et Or» qui ont souvent fait appel à ses services dans les moments difficiles. En 2003, il succéda à Decastel et glana le championnat avec l'EST. En 2007, il regagna l'ESS et se fit sacrer champion. Avec cette dernière, il a eu aussi la coupe des coupes et celle de la CAF. Avec la première en revenant en 2009, il ne manqua pas d'enrichir son palmarès avec deux championnats locaux, un autre arabe et une coupe d'Afrique du Nord tout en léguant à son successeur une équipe performante qui gagna la Ligue des champions qu'il avait ratée à cause de son entêtement à jouer l'offensive chez un adversaire redoutable, le TP Mazembe. Et à propos d'entêtement, Benzarti est le prototype d'hommes qui n'en font qu'à leur tête. Il lui arrive le plus souvent d'avoir raison, mais des fois, cela vire au naufrage, comme cela fut le cas en 2010 avec l'EST au Congo en finale de la Ligue des champions. Adepte du football total, il n'admet pas de jouer la prudence même en terre hostile. C'est sa manière d'appréhender le football, qui est synonyme de buts et de victoires. La défaite n'existe pas pour lui — du moins dans sa tête — car il a toujours la conviction de passer outre toutes les embûches pour imposer sa propre loi à lui, celle de la gagne. Un état d'esprit qu'il insuffle d'ailleurs à ses joueurs auxquels il ne pardonne rien, surtout la tricherie, parce que lui ne triche pas. Il prépare et négocie ses rencontres avec ses tripes. Ses joueurs le craignent au plus haut degré parce qu'il n'a d'égard pour personne. Le terme vedette n'existe pas pour lui. Tout le monde doit servir tout le monde dans la construction, comme dans le repli et la récupération. Le pressing qu'il affectionne est un label propre à lui en Tunisie et cela dénote sa personnalité fougueuse et hargneuse. Beaucoup lui reprochent son emportement sur la ligne de touche, mais c'est un trait de caractère chez lui. Quand il fulmine ou vocifère à l'adresse de ses joueurs, il ne le fait pas exprès, c'est son tempérament qui refuse la fantaisie, la triche et les déchets. Il est ainsi fait, même si des fois il lui arrive de tomber dans les travers. Dans tous les cas, ce technicien qui a roulé sa bosse partout en Tunisie, et dans bien de pays arabes, ne laisse personne indifférent et mérite d'être pigé à sa juste valeur, lui à qui on n'a pas donné sa pleine chance pour entraîner la sélection, alors qu'il est le mieux placé et le plus indiqué pour lui faire franchir le palier supérieur. On ne fait appel à lui que quand les carottes sont déjà cuites, pourquoi tant de réserve à son égard ? Tout simplement parce qu'il ne se laisse pas marcher sur les pieds, ne mâche pas ses mots et exige d'être respecté. C'est bien dommage pour l'équipe nationale et c'est tant mieux pour l'équipe qui s'attache ses services.