ON ne sait plus ce qu'il convient d'imaginer pour ceux qui se permettent de faire un mauvais usage de la confiance du peuple et du mérite électoral. Les pratiques sous l'hémicycle du Bardo contribuent de plus en plus à entretenir une spirale conflictuelle. On aurait aimé que les débats puissent servir à l'émergence des idées et participer au jaillissement de la vérité. Qu'ils inspirent et qu'ils permettent à ceux qui les animent d'être conscients du sens du devoir national. Si la Tunisie est à présent intégrée dans la sphère et les exigences économiques et sociales, elle est de plus en plus soumise aux différents aléas qui prennent de plus en plus forme dans les débordements et les excès politiques. Que reste-t-il aux Tunisiens s'il s'avère qu'ils se sont trompés d'hommes ? Que leur reste-t-il lorsque les élus auxquels ils ont fait confiance, qui les représentent et qui parlent en leur nom sous le dôme de l'Assemblée, abandonnent les règles et l'intérêt supérieur du pays ? Il faut dire qu'au-delà des attitudes le plus souvent curieuses et pour le moins dénuées de sens et de raison, c'est essentiellement la fausseté et la tromperie qui ont conduit certains députés à adopter des comportements insensés. Cela prend des proportions encore plus décevantes lorsque le contexte devient explosif. Cette atmosphère de polémique et d'altercation permanente qui ne cesse de conditionner les débats parlementaires a fini par devenir une source de pessimisme et de doute. Ces députés, « investigateurs de bonne conduite », se trompent en tirant trop sur la corde. Ont-ils vraiment compris les messages des Tunisiens et des Tunisiennes? On en doute fort. C'est pourquoi nous leur demandons, et avec tout le respect que nous leur devons en tant que représentants du peuple, qui occupent, de manière légitime ou non, une place dans le paysage politique, de… se taire. Leur présence, ainsi que leur prise de position, sont déjà indésirables à plus d'un titre. Encombrantes même. A travers ce qu'ils ne cessent de laisser entrevoir, de proclamer, en public ou en privé, et bien sûr à celui qui veut bien les entendre, il n'y a pas vraiment dans leurs discours une piste à creuser, ni une vision et un projet politiques. On est aujourd'hui en droit de douter du bien-fondé de ce qui est entrepris à l'ARP, du moins du choix accordé à tel ou tel député ! Les débats parlementaires auxquels on assiste ne sont pas à l'abri des dérives. Il y a de plus en plus d'intrus, d'importuns et d'indésirables. N'importe qui se permet n'importe quoi. Résultat : l'institution législative se perd déjà dans des circuits impossibles à tracer, impossibles à cerner. Il s'agit au fait d'une attitude non seulement déplacée, mais qui recouvre plusieurs enjeux apparents et d'autres sous-jacents. D'où les conflits d'intérêts qui nous amènent à nous interroger sur cette ambiance conflictuelle. Qui en est responsable et au profit de qui ?