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Pèlerinage : le voyage qui tue
TRIBUNES
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 09 - 2015


Par Azza FILALI
Le moins qu'on puisse dire est que l'année 2015 n'a pas porté chance aux pèlerins, accourus de toutes parts pour accomplir leur pèlerinage à la Mecque : l'effondrement d'une grue (qui appartenait à la famille Benladen), deux incendies, et, pour finir, un dérapage dans l'immense flot humain, accomplissant le rite de la lapidation de Satan, à « Mina ». Ce dernier drame a coûté la vie à plus de sept cents personnes et fait plus de 800 blessés.
Il faut avouer que les foules sont imprévisibles et difficilement contrôlables. Dès lors, que dire d'une foule de deux millions de personnes, attroupées en un seul lieu avec, pour chaque individu, un espace n'excédant pas l'ombre de son corps au soleil, un soleil implacable qui chauffe les humeurs et monte à la tête. Qu'un minuscule incident survienne, et la foule s'emballe, se déchaîne, les êtres se pressent, foulant aux pieds, sans états d'âme, les moins robustes d'entre eux. Dans le cas présent, le « minuscule incident » semble avoir été la présence du petit-fils du roi, venu, encadré par près de deux cent-cinquante agents de l'ordre, accomplir, lui aussi, le rite de la lapidation de Satan.
Première faute grave des autorités saoudiennes : le cortège royal a pris la foule à contre-courant, ce qui a suffi pour déclencher la panique parmi les millions d'êtres assemblés. La seconde faute réside dans un manque d'organisation manifeste du pays d'accueil : si on considère les différents accidents survenus, on ne peut que convenir que l'Etat Saoudien fait preuve d'un manque honteux de vigilance. Il est inconcevable de laisser une grue se balancer par-dessus la tête de milliers de personnes, grue dont l'installation devait être si défectueuse qu'il a suffi d'un orage pour qu'elle s'effondre. D'un autre côté, les moyens de contrôle au niveau de « Mina » étaient d'un dénuement flagrant : quelques policiers, établissant une haie, de par et d'autre, pour contenir le flot des pèlerins. Face à l'ampleur du déferlement, il aurait fallu infiniment plus : régenter le flot humain qui se presse, le diviser en contingents, établir des barrages, de manière à n'écouler un contingent que lorsque le précédent s'est suffisamment éloigné, ménager des trous d'air et d'espace entre un contingent et l'autre. Certes, la foule des pèlerins est considérable, la plupart d'entre eux n'ont pas le sens de l'organisation, voire de la discipline. Ceci doit être pris en compte par le pays d'accueil qui aurait dû déployer un service d'ordre à la hauteur de cette marée humaine et une logistique infiniment plus rigoureuse. Au lieu de cela, qu'avons-nous vu à la télévision ? Une foule livrée à elle-même, se dirigeant par flots séparés pour, ensuite, converger vers le même endroit, à savoir le mont Arafat. Un flot humain compact, sans barrages, ni arrêts ; des êtres en pagaille, parmi lesquels n'importe quel incident était capable de dégénérer en drame.
Face à la catastrophe, le « serviteur des deux Saintes Mosquées» a décidé d'ouvrir une enquête et de renforcer les mesures de sécurité des pèlerins. De telles promesses ont déjà été formulées, par lui ou son prédécesseur, à l'occasion de catastrophes antérieures. C'est que, chaque année, les pèlerins paient un lourd tribut au manque d'organisation de leurs hôtes. A chaque pèlerinage, on dénombre des dizaines, voire des centaines de morts. Cette fois-ci, la catastrophe a atteint des sommets inégalés et les dépouilles des victimes ont dû attendre un certain temps, pour être évacuées dans la panique et la cohue qui régnaient.
En vérité, le pèlerinage à la Mecque est le rituel qui implique le plus de malentendus : d'un côté, des pèlerins qui amassent patiemment l'argent du voyage et attendent parfois des années pour que leur nom soit tiré « par le sort (et ses acolytes) », sur la liste du gouvernorat. Des êtres âgés, inexpérimentés, et dont c'est souvent le premier voyage. D'un autre côté, un roi et son gouvernement, qui exploitent honteusement le pèlerinage comme un tourisme à l'extrême rentabilité, un moyen de gagner beaucoup d'argent, de faire tourner le commerce, mais qui, en contrepartie, font preuve d'une absolue indifférence quant au sort de leurs hôtes, ne leur garantissant que le minimum de surveillance et de sécurité. Tout cela est fort éloigné des préceptes de l'islam et même des règles de civilité et de responsabilité les plus élémentaires. En vérité, ces Saoudiens, aux allures si pieuses, (leur monarque en tête) ne sont que des commerçants, auxquels manque la plus élémentaire humanité et que seul taraude l'appât du gain.
Le pèlerinage, cinquième pilier de l'islam, est une institution qui a mal pris le temps, et devrait être reconsidérée dans ses diverses modalités. L'afflux croissant de pèlerins, atteignant les trois millions, dans des lieux qui ne sont pas extensibles à l'infini, tout cela fait que des mesures d'une extrême rigueur devraient être adoptées sans plus tarder. L'idéal serait que le contrôle de « l'opération-haj », soit placé entre les mains d'une instance musulmane internationale, de manière à échapper à la mainmise malsaine d'El Saoud et de leurs comparses. A cette instance d'organiser le pèlerinage sous ses différents aspects : le premier réside dans le choix des pèlerins. Il est d'usage de privilégier les plus âgés, or ce calcul s'est avéré inadéquat : les plus âgés représentent une population fragile, incapable de trouver la vigueur nécessaire pour réagir en cas de danger. Le second point consisterait à initier les pèlerins, non seulement aux rites qu'ils vont accomplir, mais aux réflexes qu'ils doivent déployer, en cas de problèmes : malaise de l'un d'eux, emballement d'une foule, incendie. Il s'agirait d'une sorte de vademecum des règles élémentaires de survie pour qu'ils soient un peu aguerris et à même de gérer les imprévus. Enfin, troisième point et non des moindres : pourquoi faut-il que les forces de l'ordre, assurant la sécurité des pèlerins, soient exclusivement d'origine saoudienne ? Certes, la Mecque est en territoire Saoudien, mais il s'agit d'un sanctuaire universel et qui n'a pas (fort heureusement) adopté la nationalité de son pays d'accueil. Dès lors, pourquoi ne pas imaginer une force internationale, recrutée parmi les agents de l'ordre des différents pays ayant des pèlerins, et sous la direction d'un corps expérimenté, lequel mettrait au point, longtemps à l'avance, les mesures les plus modernes visant à assurer la sécurité des pèlerins ?
Tous ces points méritent réflexion, et cela sans attendre les promesses du « serviteur des deux Saintes Mosquées » d'améliorer les conditions du « Haj ». Quant à la fable selon laquelle la meilleure mort est celle qui survient aux Lieux saints, laissons-là à ceux qui y croient. Un bon pèlerin est un pèlerin qui revient parmi les siens, bien portant et heureux de son voyage.
A.F.


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