Par M'hamed JAIBI L'appel lancé lundi conjointement par la Chambre syndicale des centres de collecte de lait et l'Utap, suite au record sans précédent atteint par les stocks de lait non écoulé, soit 68 millions de litres, représente un cri d'alarme à la fois légitime et hautement patriotique. Les excédents de production de lait enregistrés, ces dernières années, n'ont effectivement fait l'objet d'aucune mesure d'accompagnement conséquente, de sorte que l'ensemble de la filière laitière se trouve aujourd'hui menacée. Le pari sur l'autosuffisance en lait fait par la Tunisie, malgré tous les problèmes que posait cette filière, pourrait en effet être remis en cause par son propre succès, puisque des éleveurs de vaches laitières qui ont consenti de fiers sacrifices, n'arrivent plus à écouler convenablement une denrée périssable aussi vitale et si demandée sur le marché extérieur. Sur cet énorme volume en surplus, et malgré l'insistance des producteurs et des centrales de collecte, seulement de très petites quantités ont pu être exportées et l'on a dû avoir recours à la transformation en lait en poudre de seulement 5 millions de litres. Or le sur-stockage conduit les centrales de collecte de lait à cesser légitimement leurs achats auprès des agriculteurs et éleveurs de vaches laitières, ce qui les étouffe. A un moment pourtant de basse lactation où la production baisse habituellement et les prix montent. L'Utica et l'Utap ont donc appelé à libéraliser l'exportation du lait de manière effective et de supprimer le système des quotas et les autorisations préalables, ainsi qu'à solutionner de manière «radicale» les blocages de l'industrie de séchage de lait. Et si l'arrêt des importations des produits dérivés du lait «pouvant être produits localement», qu'elles ont également revendiqué, pose des problèmes au niveau de la libre circulation des marchandises et de nos engagements internationaux, il devient évident qu'il faut au moins libéraliser l'exportation des excédents, dès le moment où les pouvoirs publics en font le constat officiel pour sauver la filière et valoriser cet énorme succès en matière d'autosuffisance et d'indépendance alimentaire.