L'affaire du surveillant général du lycée Bab El Khadhra devrait être une occasion pour instaurer de nouveaux rapports et de nouvelles règles de travail et remettre les pendules de la sphère éducative à l'heure Un climat de tension, de suspicion et de méfiance règne dans nombre d'établissements d'enseignement secondaire, particulièrement dans le Grand Tunis. L'affaire du surveillant général du lycée Bab El Khadhra soupçonné d'avoir agressé une parente d'élève lui causant d'importants dommages corporels, quelques jours avant la rentrée scolaire, a plombé l'atmosphère dans les lycées et les collèges et envenimé les rapports entre l'administration et les parents d'élèves d'un côté, et au sein de l'administration elle-même, entre certains directeurs et des surveillants généraux en l'occurence, de l'autre. Situation signalée et regrettée par des enseignants ainsi que par des cadres et employés administratifs dans différents établissements du Grand Tunis. Situation, en effet, regrettable à plus d'un titre, surtout qu'elle survient à une période délicate marquée par l'impact négatif sur le mental des uns et des autres inhérent aux nombreuses grèves et au bras de fer qui a opposé pendant de longs mois — aujourd'hui encore— les syndicats du primaire et du secondaire et le ministère de tutelle. Surveillant général en détention Le surveillant est aujourd'hui en détention à cause d'un dossier administratif d'une élève. Le procès a démarré au tribunal de première instance de Tunis et la troisième audience est prévue pour le 9 octobre. Elle sera peut-être décisive car la plaignante est appelée à se présenter pour que la confrontation puisse avoir lieu. Celle-ci, parente d'élève, a séjourné durant une semaine à l'hôpital suite à son agression le 11 septembre dernier, qui lui aurait causé des dommages corporels précisément au niveau de l'œil droit. Un certificat médical de 45 jours accordé à la victime a conduit le cadre adiministratif en prison. Les faits se sont déroulés à l'intérieur de l'établissement éducatif, vers 7h30 du matin. Le différend serait lié aux procédures administratives. L'affaire étant entre les mains de la justice, il est exclu que l'on tende la perche à l'une ou l'autre des deux parties. Mais un fait est certain : au-delà du type d'incident auquel nous faisons allusion et qui peut être classé dans la rubrique des faits divers, des circonstances aggravantes peuvent être prises en compte pour au moins deux raisons. La première : les faits se sont déroulés dans l'établissement éducatif, temple du savoir et espace d'apprentissage de la discipline, du dialogue et de la pédagogie. Le haut lieu où on reçoit aussi les premiers cours de la citoyenneté, du civisme et du vivre-ensemble. La seconde : la montée de la violence ces dernières années et la dégradation des rapports entre les Tunisiens qui n'arrivent plus à dialoguer. L'incident est regrettable à plus d'un titre, surtout quand des éléments de l'enquête révèlent que "la victime se fait déjà soigner l'œil droit en question depuis plusieurs années. Assainir le climat La victime l'a avoué et l'expertise l'a vérifié. Reste à déterminer par les médecins légistes le degré de détérioration causé directement par l'agression du surveillant, si bien sûr il y a eu réellement coups et blessures", explique l'avocat de la défense, Maître Nacer Harrabi, avocat à la Cour d'appel de Tunis. Selon Maître Harrabi, "aucun témoin présent au moment des faits, y compris une parente d'élève, n'a certifié à ce jour avoir vu le surveillant frapper la vicitme". C'est bien sûr la justice qui tranchera. Pour le moment, deux demandes de mise en liberté ont été rejetées par le tribunal de première instance de Tunis. La morale de l'histoire est que la violence, même verbale, ne mène à rien de bon. Depuis 2011, en raison d'un contexte de tensions sociales et de violences politiques, les Tunisiens en ont fait les frais. La dégradation des rapports entre eux et du vivre-ensemble est flagrante. Un bon nombre d'entre eux croient à tort que la liberté et la démocratie justifient le non-respect des lois et des règles de bonne conduite, de bon voisinage et de bienséance. Il est temps que les Tunisiens prennent conscience de leur responsabilité dans la construction d'un nouvel Etat plus juste et plus respectueux de leurs droits. Sinon, les violences vont s'amplifier et vont tout détruire, tout ce qui a été bâti et ce que nous voudrions construire encore. L'école, déjà en proie à divers manquements et défaillances, doit malgré tout rester le temple du savoir et le haut lieu du civisme. Une affaire regrettable comme celle décrite plus haut ne devrait plus se renouveler. Plus aucun cadre éducatif ne devrait être emprisonné pour avoir fait son travail et plus aucun parent d'élève ne devrait être humilié, encore moins agressé, pour avoir demandé un document, un droit. Puisse cette affaire déboucher sur un terrain d'entente et rétablir un climat de confiance au sein des établissements éducatifs. Assainir le climat et rétablir des rapports d'entraide entre les différents parenaires est la responsabilité du ministère de tutelle, de l'administration éducative, du corps enseignant et des familles et parents d'élèves. Nul n'est censé être au-dessus des lois et des règlements. C'est en se respectant les uns les autres que l'école retrouvera un jour son aura et qu'on arrivera à bout de tous les problèmes et des défaillances.