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Cette obsession du «théâtre plein»
Contrepoint
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 08 - 2010


Par Khaled TEBOURBI
Plutôt tritousnet, Chokri Bouzaïane, à l'entame de son concert à «Carthage»; affecté, visiblement, par la modicité de l'auditoire. Amer, et allusif, ensuite, presque à chaque enchaînement. Prostré même, semblait-il, à la fin du spectacle, campé un moment dans sa loge, avant de se montrer aux journalistes.
Normal de prime abord: quand on a travaillé comme il l'a fait pour concocter un si beau programme, et que l'on s'est éreinté, comme jamais, pour le promouvoir, on est en droit de regretter que le public ne réponde pas suffisamment à l'appel.
Exagéré quand même, en fin de compte, lorsque, de surcroît, on venait de réussir une des meilleurs prestations (musiques, chants, conception de scène) de ces festivals d'été.
Nombre de nos chanteurs, cette saison, avait le syndrome du théâtre vide. Là, c'était l'obsession du théâtre plein.
Beaucoup, décidément, ne rêvent plus que de se produire à guichet fermés, comme si grosse affluence signifiaient, ipso facto, succès artistiques. «Le triomphe à la libanaise» fascine encore et toujours, hélas sans mener nulle port, sauf à plonger certains de nos artistes (dont Chokri Bouzaïane en toute apparence) dans le découragement et le doute.
Il est clair, pourtant, que la rareté du public dans les concerts tunisiens est une question à part. Peu à voir avec le mérite ou le démérite des uns ou des autres.
Les stars rotaniennes, dans leur très grande majorité, ne s'imposent ni par la consistance de leurs répertoires ni, encore moins, par la qualité de leurs voix. Elles ont derrière elles de grosses maisons de disques, de puissantes chaînes de télévision, et une machine publicitaire «dévastatrice» qui façonne des «idoles» de rien et modifie les écoutes à sa convenance.
Nous n'avons pas encore ces moyens. Qui plus est, pendant deux longues décennies nous avons livré nos publics à la vague commerciale du Machreq. Enorme passif. Rattrapable néanmoins.
Comment ?
En résistant d'abord à travers la préférence nationale, cela a commencé déjà, au plus haut sommet de l'Etat. La décision, dès cette année, est de donner la primeur à nos chanteurs et à notre chanson.
A travers surtout (cela doit suivre) les quotas de diffusion, l'accompagnement de la critique et des médias. Ce qui a fait l'audience de la musique rotannienne et le prestige (démesuré) de sa multitude de vedettes peut fort bien agir dans l'autre sens, dans le sens qui nous convient.
Mais nos compositeurs, nos paroliers, nos interprètes, doivent aussi se mettre sérieusement à la tâche, croire en eux-mêmes, créer, produire, persévérer dans l'effort, patienter par-dessus tout, le chemin est encore long. Le problème n'est pas de remplir les gradins de «Carthage», mais de faire le plein de création. Pas de copier les pseudochanteurs du Liban et des télévisions du Golfe, mais d'enrichir, d'affirmer et de propager sa propre musique et ses propres chanteurs.
Le concert proposé, le samedi 7 août, par Chokri Bouzaiane, allait dans cette juste direction. Il était porteur d'espoir, de beaucoup d'espoirs. Que de mélodies savoureuses, et quelle fusion entre l'artiste et les spectateurs ! Malheureusement, on n'en avait pas, tout à fait, conscience, Chokri Bouzaïane lui-même, occupé qu'il était, à se morfondre de ne pas avoir drainé foule, alors que ses chansons, son chant, son interprétation, ce soir-là, eurent fait pâlir d'envie la plus courue des stars orientales qui «cassent la baraque» (ce sont ses propres termes) à chacune de leurs sorties tunisiennes.
Un exemple à méditer
Eros Ramazzoti, lui, vante un parcours, qui nous aurait bien servi de leçon.
A douze ans, il excellait déjà au piano et à la guitare.
A dix-huit, il est recalé au concours d'entrée au conservatoire. En plus, à cette époque, pas moyen en Italie de se frayer une place parmi les ténors de la chanson. Trop de grosses pointures locales (Gino Paoli, Sergio Endrigo, Lucio Dalla, Bocelli même et Pavarotti venus, eux aussi, à la variété et à la romance), surtout (et c'est ce qui nous interpelle en particulier) une forte hégémonie de la pop music américaine et un public italien quasiment sous influence, acquis aux Joe Cocker, Ray Charles, Barry White et autres crooners d'audience mondiale.
Ramazoti tient bon malgré tout. Il renonce à émigrer en Australie, et tente son premier San Remo. Coup d'essai, coup de maître : sa chanson Terra promesso gagne le festival. Cela ne suffira pas, Zuchchero le lui ravira l'année suivante, mais Storia importante, (classée seulement septième !) le propulse, à peine clos le festival, loin en tête du hit parade avec plus d'un million de disques vendus !
Le nombre de disques vendus par Ramazzoti avoisine aujourd'hui les soixante-dix millions !
La leçon est simple : quand on est artiste et que l'on croit en son art, on peut commencer d'en bas et remonter parfaitement vers les sommets. Même les ténors de la chanson italienne n'ont pu s'opposer à cette formidable et irrésistible ascension de Ramazotti, même le puissant star système américain n'y a pu grand chose. Mieux : aujourd'hui, Eros Ramazzoti chante le jazz, le rock n'Roll et le blues, et à des niveaux inégalés, à New York, Philadelphie, Boston, Memphis, dans le fief même des géants.
Nos artistes, eux, n'ont à combattre que le «menu fretin» de Rotana, des gros éditeurs et impresari de Beyrouth, du Caire et du «Khalij». N'est-ce pas à méditer ?


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