A des années-lumière des méthodes susceptibles de définir une vraie politique sportive, un collectif uni et solide, le sport tunisien avance sans boussole dans un milieu déjà vilipendé pour ses dérives... Ce n'est malheureusement pas une surprise, et encore moins volé : le sport tunisien est entraîné dans une spirale à multiples facettes : sportive, morale, éthique, humaine. Certains de ses responsables les plus éminents, tous parés d'innocence, d'autres adeptes de la serviabilité et de la complaisance, tous sans exception font mine d'agir dans l'intérêt du sport, et, par conséquent, de celui du pays tout entier. Depuis quelque temps, personne n'était censé ignorer que rien n'allait plus entre la Fédération tunisienne de football et le Comité national olympique tunisien. On voyait mal les deux instances associer leurs actions, partager les mêmes principes au moment où les valeurs sportives ont explosé d'un côté comme de l'autre. Quelque part, le bras de fer pour une éventuelle prise en main du football tunisien était devenu un symbole de décadence dans les cours des écoles et sur les terrains. Entretemps, les questions essentielles pour l'avenir du football tunisien restent sans réponses, A des années-lumière des méthodes susceptibles de définir une vraie politique sportive et un collectif uni et solide, le football et le sport, d'une façon générale, avancent, sans boussole dans un milieu déjà vilipendé pour ses dérives, avec des responsables éparpillés et désemparés. Et le peuple de Tunisie de les suivre avec la crainte de s'engager dans une aventure qui ressemble de plus en plus à une désespérante fuite en avant. Entre le souci de préserver une indépendance, presque déterminante dans le choix des stratégies et dans la définition des priorités du football tunisien, d'une part, et la tendance à être impliqué, bon gré, mal gré, dans tout ce qui se passe sur la scène sportive, d'autre part, une véritable bataille a été déclenchée. Elle est notamment destinée pour s'emparer du leadership footballistique. Epilogue d'un faux suspense A ce niveau, la Confédération africaine de football (CAF) a tranché en faveur de la FTF, en marge de la dernière réunion de la commission des instances fédérales nationales et présidée par Issa Hayatou en personne. La CAF est allée même jusqu'à considérer les dernières résolutions adoptées lors de l'assemblée générale de la FTF comme légitimes. Il s'agit tout particulièrement de soustraire le Cnas de l'arbitrage de certaines décisions et certains jugements. Issa Hayatou est catégorique à ce sujet: l'indépendance des instances fédérales est plus qu'une disposition. Encore moins une alternative. C'est une prédilection sur laquelle on ne peut en aucun cas faire la moindre concession. Le président de la CAF s'est aussi appuyé sur la position des clubs tunisiens qui ont voté en faveur de cette résolution. Ce qui revient à dire que le Cnot n'est pas concerné par les activités et les décisions de la FTF. Encore moins des lois et des règlements qui s'y rattachent. Ou encore le recours au Cnas pour trancher sur certaines décisions. Il faut dire que la présence de certains responsables sportifs ainsi que leur prise de position sont devenues aujourd'hui indésirables à plus d'un titre. Il y en a qui ne savent même pas quel rôle jouer, d'autres qui veulent agir dans un milieu dans lequel ils n'ont pas réellement de place. Et cela à tous les niveaux de responsabilité... Le sport tunisien est resté structurellement prisonnier d'une organisation qui date de l'âge de pierre. Il brasse des centaines de millions de dinars et il est géré comme une petite entreprise, c'est-à-dire de façon artisanale. On ne cesse de le répéter : le sport ne peut plus continuer à être l'otage de considérations individuelles ou personnelles. Désormais, il ne peut plus être question que de projets sportifs, que d'humanisme partagé. Dans un environnement où les petites phrases sont devenues tellement virulentes, chacun essaie de trouver un style. Une vocation. Depuis que les micros traînent partout, le persiflage est devenu un outil de communication. Il y en a qui ne cessent de monnayer leur «talent» dans des médias avides de «bons mots». Il n'est pas si simple de séparer le bon grain de l'ivraie. Mais l'on est en droit de conclure que le sport tunisien vit ses années les plus funestes. Des années que l'on n'oubliera pas de sitôt et dont on voudrait, en même temps, ne plus jamais se souvenir. Abaissement sportif, avilissement des résultats. Mais surtout déchirement pathétique dans les rangs des responsables. A tous les niveaux... Communiqué de la FTF La Fédération tunisienne de football a publié hier un communiqué où elle dénonce les «dépassements commis par le président du comité national olympique tunisien afin d'exercer une mainmise sur les organes de la FTF et les clubs affiliés et les fautes commises ces dernières années par le Comité national d'arbitrage sportif». La FTF rappelle la souveraineté et l'indépendance des assemblées générales de la FTF et son droit imprescriptible de légiférer en vertu de l'article 17 des statuts de la FTF. L'organe fédéral épingle également «toutes les initiatives visant à lui confisquer ce droit» et souligne «le caractère inviolable des décisions adoptées lors des A.G. qui restent définitives». «Les déclarations du président du Cnot, qui prétend que le Cnas reste une ligne rouge qui ne doit pas être transgressée par les fédérations, ne s'appuient sur aucun fondement juridique», conclut le communiqué de la FTF.