Il est dommage que ce qui devait être une apothéose de la première phase de ce championnat 2012-2013 ne fut en fin de compte qu'un drame sportif dans tous les sens du terme. Un événement sulfureux et un spectacle nauséabond qui ne font pas irruption dans notre paysage sportif tous les ans. Dommage, car on aurait pu prévenir plutôt que de chercher à guérir, anticiper les dégâts plutôt que de les constater et d'essayer de les réparer. Dans leur tour d'ivoire ou dans leur sommeil de plomb, nos membres fédéraux n'ont pas vu venir le danger et au lieu d'occuper le devant de la scène en tant qu'hommes de terrain, ils ont laissé leur place à des hommes de droit de tous bords pour faire le tour de toutes les radios et de tous les plateaux de télévision, et faire, ainsi, la soupe de plus d'un débat sportif et les parasiter. Aucun de ces juristes qu'on entend et qu'on voit un peu partout, ces derniers temps, n'a eu l'honneur d'écrire même un chapitre ou un paragraphe ou une phrase ou un mot ou de mettre une virgule dans nos textes, sportifs alors qu'ils se plaisent à en faire constamment le procès. Faut-il leur rappeler que ces textes, sur lesquels ils tirent à boulets rouges, sont reconnus par la Fifa et la CAF comme étant les meilleurs en Afrique, avec plusieurs années d'avance par exemple sur les textes de la Fédération égyptienne de football malgré ses moyens financiers colossaux et le nombre impressionnant et dix fois supérieur de ses joueurs licenciés. Faut-il leur indiquer aussi que depuis l'instauration du non-amateurisme en 1994, puis du professionnalisme en 1996, plus d'un a apporté sa pierre à ce qui ne peut-être qu'un grand édifice malgré les quelques failles qui y subsistent et le besoin qu'il soit rénové et embelli. A l'instar de Boubaker Ben Jrad, Mohieddine Baccar, malgré les nombreux griefs qu'on leur faisait à l'époque, de Mohamed Riahi, un homme de principe qui a claqué la porte de la présidence de la Lnfp plutôt que de céder aux pressions de toutes sortes, de Mahmoud Hammami, ancien trésorier de la FTF et aujourd'hui secrétaire général du comité national olympique tunisien (Cnot) et de Habib Ben Issa, ancien président de la commission nationale de football professionnel de la FTF, de la commission nationale d'appel et promu ces derniers jours, pour son intégrité et sa compétence, comme président de la plus haute instance juridique de notre football, la Commission nationale d'arbitrage sportif (Cnas). Sans oublier notre ami et vieux briscard des règlements sportifs Ameur Bahri. Fausse interprétation et instrumentalisation Ce ne sont donc pas ces textes qu'il faut incriminer, mais plutôt la manière de les interpréter et la tentation parfois de les instrumentaliser. En véhiculant pendant des semaines une mauvaise lecture de l'article 22 des règlements sportifs, certains de ces hommes de droit ont malheureusement donné une fausse espérance aux responsables, joueurs et supporters du CAB, et les ont ainsi «manipulés» au lieu de les éclairer réellement sur le pourcentage de chance que cet article puisse jouer en leur faveur, dynamitant ainsi le paysage sportif. Tel un baril de poudre, ce paysage a explosé à la première étincelle et le communiqué sportif du lundi de la Lnfp proclamant le CAB troisième de la Poule A a été, comme disait Louis Nucéra dans un cas lointain dans le temps, mais similaire, un communiqué de guerre. Il n'y a pas un seul Tunisien qui n'aime pas la grande et belle ville de Bizerte et les Bizertins et, la voir en proie à des scènes de violence horribles et houleuses pour une simple qualification à une phase au play-off qui s'envole, ça ne peut que faire mal au cœur. En ces moments difficiles, dédramatiser une décision sportive de première instance, même si elle est jugée injuste, est un acte de grandeur qui ne peut qu'honorer ses auteurs. Cet appel nécessaire à la raison et à la sagesse venu de la bouche de M. Mehdi Ben Gharbia et de ses fidèles lieutenants, on l'attendait avant que la porcelaine ne soit cassée, pas après. L'histoire, pour ceux qui la connaissent bien du moins, est porteuse d'enseignements majeurs et de leçons à retenir. Bref, raccommoder la porcelaine cassée n'est pas facile, certes, mais pour cette équipe cabiste bourrée de talents, pleine d'enthousiasme et dont l'avenir ne peut qu'être en rose, la mission n'est pas impossible. A condition de s'y atteler dès maintenant avec un autre beau challenge à relever : écarter de son chemin un prestigieux adversaire dans la Ligue des champions, Al Ahly, et passer au tournoi des poules. Même si la phase de poules, les Cabistes n'aiment plus en entendre parler pour l'instant.