Pourquoi avez-vous choisi le thème de la décentralisation comme objet de votre séminaire? CILG-VNGi soutient les réformes institutionnelles pour une gestion locale décentralisée. Le centre fournit une assistance technique pointue aux acteurs nationaux et locaux pour la mise en place de plateformes de dialogue et de concertation autour du mode opératoire de la décentralisation (révision des lois organiques, réforme de la fiscalité et des finances locales, découpage territorial, élaboration de plans et programmes d'investissements communaux et régionaux participatifs et inclusifs...). Les élections municipales qui auront lieu dans une année (a priori, le 30 octobre 2016) marquent le premier jalon stratégique du processus de décentralisation. La réussite de ces élections et la création d'un cadre favorable au bon fonctionnement des premiers Conseils municipaux élus démocratiquement dans notre pays constituent des enjeux majeurs qui mobiliseront l'ensemble des acteurs concernés aux niveaux local, national et international. CILG/VNGi apportera sa contribution à la réussite du processus électoral en soutenant les initiatives associatives visant à informer les citoyens des enjeux de ces élections et à encourager leur participation, en tant qu'électeurs ou candidats. Une attention particulière sera accordée aux jeunes et aux femmes. En lisant l'intitulé de votre séminaire, «la Constitution à l'épreuve de la réalité», on a l'impression comme si la Constitution n'était pas tout à fait en phase avec la réalité. Dans quelle mesure êtes-vous affirmative à ce sujet? Et comment êtes-vous parvenue à formuler cette hypothèse? Rendre opératoire la décentralisation n'est pas chose facile dans un pays hypercentralisé, en transition politique et connaissant une crise des ressources publiques. Par ailleurs, des questions de méthode se posent avec insistance pour la conduite du processus de décentralisation. Elles portent notamment sur la mise en pratique des principes constitutionnels, sur la clarification de la vision et de la stratégie, sur la prise en compte de la diversité de situation des collectivités locales, sur la mobilisation des moyens, sur les rôles et les responsabilités, sur la participation au processus des collectivités locales et des populations, notamment les femmes et les jeunes... La question cruciale qui se pose à ce niveau porte sur le degré d'appropriation des différents acteurs concernés (partis politiques, députés de l'ARP, autorités régionales, municipalités, ministères «techniques», entreprises publiques de services urbains, syndicats, patronat, organisations de la société civile...) de la portée de ce processus, de leurs rôles respectifs, des interactions nécessaires entre eux et des tâches préalables qu'ils sont censés entreprendre pour contribuer positivement à la réussite du processus. Quelles sont vos attentes de cette rencontre? Et quelles suites lui avez-vous réservées? La table ronde a pour ambition de contribuer à rendre opératoire la décentralisation en Tunisie. Plus précisément, cette table ronde devrait permettre de : nourrir le débat sur les aspects méthodologiques et opérationnels de la mise en œuvre de la décentralisation, réfléchir sur les difficultés de conduite des processus de décentralisation, les marges de manœuvre et les conditions de faisabilité sociale, institutionnelle et financière présenter quelques bonnes pratiques et les leçons tirées de la mise en œuvre de processus de décentralisation dans le monde contribuer à la feuille de route élaborée par les décideurs et étudier les meilleurs moyens de consolider et d'appuyer les travaux de mise en œuvre de la décentralisation, et ce, en : - partageant la liste d'actions et mesures inhérentes à la décentralisation - clarifiant les rôles et les tâches préalables à entreprendre, notamment à court terme, par chaque catégorie d'acteurs - initiant la mise en place d'une plate-forme d'échange entre acteurs pour faciliter la compréhension et œuvrer en vue d'une vision commune des enjeux et conditions de mise en œuvre de la décentralisation. La suite qui sera donnée à cette rencontre est la mise en place par CILG/VNGi d'un nouveau programme qui sera largement dédié à l'accompagnement du processus de décentralisation en Tunisie. Votre message essentiel à travers cette action? Nous souhaiterions sensibiliser l'opinion publique sur le fait que la décentralisation est porteuse à terme de développement, d'efficacité et de démocratie pour les collectivités locales et les citoyens mais que c'est un processus long, difficile et coûteux qui nécessite un pilotage à la hauteur des enjeux et qui implique une mobilisation de toutes les parties concernées, aux niveaux central, régional et local. La décentralisation est l'affaire de tous, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Les médias ont un rôle majeur à jouer dans l'information et la communication avec le public quant à la vision, les enjeux et conditions d'une décentralisation opérante. Ils ont également un rôle à jouer dans l'animation du débat. Entretien conduit par