Jusque-là, tout va bien puis le derby a mis à nu plus d'une défaillance d'ordre sportif, structurel et émotionnel C'est surprenant de remarquer le degré de maturité actuel du large public clubiste. Alors que l'exécutif se complaît dans des théories «conspirationnistes» (à tort ou à raison), les supporters analysent la situation avec recul et diligence, sans automatiquement s'en remettre aux «sphères d'influence» pour se fixer sur le pourquoi du comment. Des têtes pensantes clubistes en dehors du champ décisionnel ont ainsi décortiqué l'actualité sans pour autant faire monter les enchères et accabler un peu plus les acteurs (joueurs, entraîneurs et responsables) de l'entame de saison catastrophique du champion sortant. On dit souvent que le passé éclaire le présent. Le cas contraire, il peut, du moins, remettre l'actualité en perspective historique. Incohérence interne A cet effet, un sage connu sous le pseudonyme de «Cafricain» a récemment livré une vision exhaustive de la situation. Appréciez: «Généralement, les arguments de complot qu'on ressort à tout-va sont là pour dissimuler une défaillance, cacher une incompétence ou détourner le regard sur une infirmité. Toutefois, il serait trop réducteur de ne pas tenir compte de tous les paramètres pour comprendre la situation. Du point de vue vision globale, ce qui fait du tort au CA, c'est son incohérence interne. Aucune vision vraiment stratégique dans la gestion et le positionnement du bureau directeur. Il est inconséquent de proclamer, le dimanche, l'illégalité d'une structure sportive et de son Assemblée générale extraordinaire alors qu'une lettre soutenant la tenue de cette même AGE a été adressée quatre jours auparavant, soit le 27 octobre 2015. On ne peut pas changer radicalement de position d'un jour à l'autre. Et dans tous les cas de figure, un but hors jeu accordé à l'adversaire, en l'occurrence l'ESZ, ne peut logiquement induire à une position de principe». Handicaps culturels Notre interlocuteur enchaîne de suite sur la stratégie actuelle du bureau directeur, sa portée, ses éventuels effets et conséquences sur la marche du CA: «La menace de démission du bureau directeur résout-elle le problème ? Amène-t-elle la FTF, la Ligue et le CNOT à revoir leur copie ? A part le club, personne ne va en pâtir, le cas échéant. Face à l'adversité, il y a deux alternatives, la première est digne et la deuxième est inacceptable: soit la confrontation, soit la fuite. Si la seconde solution est envisagée, j'estime que c'est une forme de chantage affectif...Car le bureau directeur en place prouverait par là, si besoin est, qu'il ne connaît rien au club, à son histoire et aussi et surtout à ce que j'appellerais les handicaps culturels du club. En effet, depuis presque toujours, notamment depuis plus de trois décennies, le club n'a jamais su capitaliser et rentabiliser ses succès sportifs. Chaque grand titre donnant lieu à une crise, la saison suivante. Rien qu'au sein de la section football, rappelons-nous la traversée du désert après les trophées des saisons 1991/ 1992, 1995/1996 et 2007/2008. L'année 2015 part du même pied et sur la même tonalité. Est-ce normal qu'un bastion sportif tel le CA ne gagne, qui plus est dans la douleur et le dénigrement général, que quatre malheureux championnats en 33 ans et que sa dernière Coupe remonte à 25 ans !! N'est-il pas inconcevable que le club n'ait gagné que 7 titres (4 championnats et 3 Coupes) en 33 ans ? Les Clubistes n'ont jamais su ou pu ou voulu valoriser leurs réussites sportives, du moins en football, section qui reste la principale vitrine de tout club. Car, a contrario, le club a gagné 7 championnats et 9 Coupes en moins de temps, soit en l'espace d'environ 25 ans, entre 1963/1964 et 1989/1990. Même le dernier doublé du CA date de 33 ans». L'enfer, c'est les autres Ce faisant, au lieu de plancher sur ce mal typiquement clubiste, d'examiner les facteurs de blocage dans toutes ses coutures pour rompre définitivement avec ce funeste héritage culturel, les officiels clubistes, comme leurs prédécesseurs, continuent de souffler sur le feu de la crise qui suit le sacre, de se laisser emporter par les courants contraires et ramer à contre-sens». Voilà qui est clair, net et concis. Indépendamment de l'arbitrage dirigé de Youssef Srairi, Said Kordi et Yassine Harrouche, comme le résume si bien notre interlocuteur: «Le problème est en nous avant d'être le fait des autres. L'enfer n'est pas toujours les autres. Et au même titre, la solution est en nous et non chez les autres». A méditer.