Par Amel ZAIBI Au-delà de l'horreur et de la consternation et au même moment où le monde entier, dont la Tunisie, exprime sa solidarité et sa compassion avec les familles des victimes et avec la capitale française endeuillée, des leçons doivent être tirées de cette douloureuse expérience. Ce qui nous importe, ici, c'est la couverture médiatique «en live» par les télévisions françaises des attaques terroristes simultanées qui ont secoué Paris vendredi soir. Aucune image des victimes; aucune image du ballet des ministres convoqués par le président François Hollande pour des réunions d'urgence d'abord dans le sous-sol du ministère de l'Intérieur, puis à l'Elysée. Et, des périmètres de sécurité installés autour des scènes du carnage et des institutions abritant les réunions d'urgence, sur des centaines de mètres, interdits aux journalistes. Ils étaient sur place, nombreux, avides d'informations et d'images parlantes, mais aucun n'a tenté de franchir les barrières et les cordons de police respectant les ordres, et laissant les forces de l'ordre, les pompiers et les équipes médicales faire leur travail, sans interférence ni ingérence. Sur le plan politique, les déclarations et les appels venant des représentants des différents partis politiques, de droite comme de gauche, à l'union nationale dans ces moments difficiles et insistaient sur le devoir de resserrer les rangs et de respecter les consignes sécuritaires. Aucun parti politique, aucune personnalité, même de l'opposition, n'a critiqué les décisions du président Hollande, notamment en décrétant l'état d'urgence et en décidant la fermeture des frontières et le renforcement des contrôles. Conformément aux dispositions de l'état d'urgence, toutes les manifestations sont interdites et nombre d'espaces publics ont été fermés. Il s'agit de la France, l'une des plus vieilles démocraties au monde. Face au terrorisme, les autorités françaises n'hésitent pas à restreindre les libertés et à imposer aux Français un mode de vie «contrôlé» auquel ils ne sont pas habitués. En effet, en vertu de l'état d'urgence, les perquisitions sont facilitées sans autorisation préalable. Car, il s'agit là de préserver la sécurité de tout un pays et la vie de tout un peuple. La mobilisation sécuritaire de la France est décidée contre le terrorisme, contre la barbarie, non contre les droits de l'Homme et la démocratie. C'est pourquoi, le président français et le ministre de l'Intérieur n'ont pas manqué de rendre hommage aux forces sécuritaires et aux équipes de secours pour leur courage. S'il y a une leçon à tirer même des expériences les plus douloureuses, c'est l'humilité, le respect de l'Autre et le courage de ceux qui sont sur le front, sécuritaires ou politiques. Nous sommes en guerre contre le terrorisme, comme le reste du monde. Ni la Tunisie, ni aucun pays n'est à l'abri d'autres attentats. S'il y a une consigne à donner aujourd'hui après le carnage de Paris, c'est celle de respecter la dignité des victimes, la responsabilité des politiques et l'éthique journalistique. Le terrorisme est, contrairement à certaines idées qui circulent, nouveau en Tunisie, les erreurs sécuritaires et médiatiques sont humaines. Mais elles ne doivent plus se reproduire. Pour cause : d'un attentat terroriste à l'autre, le mode opératoire change, devient plus violent et surtout plus barbare. Forces sécuritaires et médias doivent aussi changer, évoluer et affûter leurs armes respectives.