Par Dr Jamel GAFSI A la veille de la fête de son indépendance, la Tunisie vient de subir le plus grand attentat depuis plus d'une décennie. Force est de constater que cet attentat frappe simultanément deux symboles forts: la mémoire de la Tunisie culturelle à l'image du musée du Bardo et le cœur qui bat de la Tunisie démocratique et moderne représentée par l'Assemblée des représentants du peuple. Une fois de plus, le terrorisme frappe aveuglément, sans pitié et lâchement. Des innocents en sont victimes et tout un peuple en est endeuillé. Tout en se consolant par le fait que le terrorisme n'est qu'un fléau international touchant les quatre coins du monde — rappelons-nous les derniers attentats à Sidney, Montréal, Paris, Copenhague —, il n'échappe à personne que depuis 2012, le pays vit au rythme des cauchemars et n'avait de cesse d'enterrer ses enfants. Les discours les plus émouvants et les paroles et condamnations les plus fermes ont beau rassurer initialement, mais la routine de ces atrocités à répétition, associée à l'absence de résultats tangibles, ont vidé toutes ces belles paroles de leur substance et de leur crédibilité. Le laxisme des dernières années et le manque de volonté à combattre le terrorisme fermement et efficacement n'ont fait qu'encourager ces barbares à voir plus de vierges dans leur paradis et à faire avancer petit à petit des montagnes éloignées vers les abords des villes, pour atteindre le cœur et le symbole de notre chère capitale. Combien de temps nous faut-il encore? Combien d'attentats pouvons-nous tolérer encore? Combien de jours de deuil pouvons-nous encore accepter? Combien ? Combien ? Avant de se dire: Stop, Enough is Enough, Basta! Avant d'agir une fois pour toutes avec fermeté, détermination et puisant dans l'intégralité de l'énergie de ce beau pays pour faire du combat contre le terrorisme la seule et unique cause nationale ! Alors quoi faire ? Il faut sonner la fin de recréation! Je ne suis ni spécialiste des organisations terroristes et leur mode opératoire, ni fin connaisseur des aspects sécuritaires et de renseignement. Néanmoins, j'ai la conviction intime que le terrorisme n'est pas encore enraciné durablement en Tunisie et que le vaincre reviendra à en avoir la volonté, la détermination et bien sûr les moyens. Nous avons atteint le point où éradiquer le terrorisme n'est plus un choix stratégique pour notre pays, mais clairement le seul choix, sans lequel nous serons vite condamnés à nous entretuer comme nos plus proches voisins... La Tunisie mérite beaucoup mieux ! - Fini le laxisme : les condamnations pour actes de terrorisme (qu'ils soient explicites ou implicites) à l'encontre des inculpés doivent être des plus rapides, sévères et exemplaires. - Finie l'impunité : ceux qui incitent à la violence ou à la haine doivent être arrêtés et jugés. La loi doit s'appliquer à la lettre. Cela concerne plusieurs prêcheurs, imams, ainsi que des leaders politiques dont la place est certainement derrière les barreaux. - Fini le prétexte des droits de l'Homme : entre respecter les droits de l'Homme à la lettre et voir la Tunisie s'engouffrer dans le chaos, on choisira tous de sauver la Tunisie. Jouer sur les notes des droits de l'Homme pour protéger des barbares et des assassins est une méthode bien démodée. Ignorons-là. Je n'ai aucune crainte à ce que la Tunisie rebascule dans la dictature. Ce jeu s'avère mauvais et même malsain ! - Fini le retard de la loi anti-terroriste : sans tarder, il faut amender cette loi et bien la renforcer. En même temps, il faut bien protéger nos forces de l'ordre et notre armée et élargir leurs champs d'action. Ces braves patriotes n'ont plus besoin de leçons à recevoir de quiconque. Tout notre respect, notre gratitude et notre soutien à ces vrais héros - Finie la libre circulation entre la Tunisie et la Libye : si la situation sécuritaire nécessite de fermer les frontières entre la Tunisie et la Libye, du moins temporairement, il ne faut surtout pas reculer. Je crains que le pays n'a pas d'autre choix que de le faire. D'éventuels mécontentements des populations frontalières seraient à gérer de près. - Fini l'accueil des jeunes revenant de Syrie : ceux qui reviennent de Syrie doivent impérativement passer une bonne partie de leur vie en prison. Aucune logique ni intérêt national ne leur permettrait de se balader libres alors qu'ils retournent d'une boucherie géante à toit et portes ouvertes à toutes les atrocités... - Finie la tolérance du double discours des politiques soupçonnés de fréquenter les terroristes ou ceux qui les encadrent, de près ou de loin. - Fini de dévier l'énergie de l'Etat vers des sujets annexes, du moins pour les mois à venir, il ne faut plus accepter des éléments perturbateurs qui poussent l'état à dévier de son objectif unique et principal. Un exemple d'actualité étant la grève des professeurs. Cela ne doit pas se reproduire. - Finie la tolérance de médias étrangers qui menacent la sécurité de l'Etat tout en n'ayant aucun intérêt de voir la démocratie tunisienne prospérer et réussir (on n'a pas besoin d'Al Jazeera en Tunisie). Il convient de reconnaître l'immense opportunité qui se présente aujourd'hui pour concrétiser un plan, l'exécuter et en accélérer l'application. J'ai l'intuition qu'une très grande majorité de Tunisiens le réclame. Ne pas saisir cette opportunité ne fera qu'enfoncer le pays encore plus dans le chaos. Si j'étais aux manettes, je passerais la totalité de mon temps sur le dossier du terrorisme: choisir et allouer les ressources compétentes, appuyer le système d'intelligence et de renseignement, libérer tous les moyens financiers nécessaires,focaliser l'énergie de tout le gouvernement sur notre guerre contre le terrorisme, contre ses commanditaires et ses exécutants, et enfin tout mettre en œuvre pour frapper fort... Tolérance zéro ! On doit et on va vaincre ces fous. D'ici là, ils doivent rester notre unique stratégie, notre unique préoccupation, notre unique cible, notre unique ennemi. En ce beau jour de l'indépendance de notre chère Tunisie, je le dis haut et fort : Je suis Bardo... La Tunisie ne se mettra jamais à genoux... Cette race de sales rats, nous la vaincrons!