Le temps est venu de réfléchir sur l'avenir de la sélection. «J'ai regardé les deux derniers matches de notre équipe nationale face à la Mauritanie. Nous avons fait une mauvaise entame du match aller que nous avons débuté avec une prudence excessive et un manque d'initiative. D'ailleurs, le onze rentrant a été formé au milieu par trois joueurs à vocation défensive. De surcroît, l'entrejeu n'a pas fait la liaison avec l'attaque. Nous avons été dominés durant la première mi-temps. Dieu merci, nous n'avons encaissé qu'un seul but. Nous avons rectifié le tir après la pause, gagné notre match et confirmé par une deuxième victoire au match retour. Il est vrai que nous avons remporté la double confrontation contre la Mauritanie, mais en regardant de près, on ne peut pas être confiant quant à l'avenir proche de l'équipe nationale. Une prestation moyenne en somme sur les deux matches. Je crois qu'il est venu le temps de faire une réflexion profonde sur l'effectif et les choix à faire, tout en sachant que la qualification pour la prochaine Coupe du monde se joue sur deux ans. On a suffisamment de temps pour évaluer les joueurs compétitifs et ceux qui ne le sont pas sur les deux années à venir. Il y a une nouvelle génération qui monte, qui a beaucoup de qualité et qu'il faut intégrer en temps voulu dans les rangs de l'équipe nationale. Je suis pour une transition intelligente et progressive. Il faut savoir encadrer un jeune joueur qui monte en lui donnant du temps de jeu progressivement, particulièrement dans les moments favorables. C'est important aussi que les joueurs-cadres soient là. Ceux qui prennent leurs responsabilités. Les cadres qui se donnent à fond sur le terrain et qui se montrent décisifs. Bref, ceux qui donnent le bon exemple aux jeunes. L'équipe nationale est une culture d'appartenance à une nation. On mouille le maillot et on honore les couleurs nationales. Un joueur qui réalise une performance en sélection vit avec pendant trente, voire quarante ans. Je citerai l'exemple d'Amor Jebali. Partout où nous allons avec l'équipe de l'ASM, il est le bienvenu et aimé par tout le monde. Tous gardent en mémoire la performance de 1978 au Mondial de l'Argentine. Disputer une phase finale de Coupe du monde change toute une vie pour un footballeur. Reste à sélectionner les joueurs ayant les capacités mentales d'aller jusqu'au bout dans un tel projet. Comme je vous l'ai signalé au début, le Mondial de la Russie se joue sur deux ans et la deuxième phase des éliminatoires débutera en juin 2016 et se prolongera sur une année. Il nous faut une réflexion profonde pour injecter du sang neuf en sélection. L'indice majeur sur lequel nous devons baser cette réflexion est la CAN U 23. A mon avis, la Coupe d'Afrique des nations, qui est un tournoi élevé, éclairera notre lanterne sur la capacité mentale et physique de la nouvelle génération à pouvoir disputer un tournoi de grande envergure. J'espère que la sélection U23 se qualifiera aux prochains Jeux olympiques. A partir de performances réalisées dans ces deux tournois, une nouvelle génération s'imposera d'elle-même. Il y a des noms qui font parler d'eux déjà, mais je ne les citerai pas. Le footballeur tunisien a tendance à prendre vite la grosse tête. Concernant les anciens qu'on soupçonne de traîner les jambes en équipe de Tunisie, il faut comparer leurs performances en club avec celles en sélection. On saura dès lors s'ils méritent d'être convoqués ou pas par le sélectionneur national. Pour un attaquant, à titre d'exemple, il faut faire les statistiques en nombre de passes décisives et de buts marqués. Le même principe est à utiliser pour évaluer les performances des jeunes joueurs susceptibles de devenir des internationaux. Cela se fait sur six mois, voire une saison. Un attaquant, qui marque deux ou trois buts et donne autant de passes décisives sur l'ensemble d'un exercice, n'a pas sa place en équipe nationale. Par contre, un joueur, qui marque huit à dix buts et est l'auteur d'une dizaine de passes décisives lors de d'une phase aller, est un international en devenir. Enfin, croisons les doigts pour que l'équipe de Tunisie soit présente à la phase finale de la Coupe du monde 2018. C'est important pour qu'une nouvelle génération prenne la relève».