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Trois scénarios possibles à la crise de Nida Tounès
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 11 - 2015


Par Hatem M'RAD(*)
Les dissensions internes continuent de consumer à petit feu le parti majoritaire, Nida Tounès, en dépit de la reconnaissance de tous les groupes en lutte de la légitimité de son leader fondateur, Béji Caïd Essebsi, actuel président de la République, et de leur adhésion commune et totale au projet moderniste.
Il ne s'agit pas d'une crise relative à l'usure du pouvoir ou à une crise due au rejet des électeurs et de l'opinion. Le parti n'a accédé, en effet, au pouvoir que depuis une année environ, même s'il trônait dans les sondages successifs depuis sa naissance en été 2012. Il s'agit plutôt d'une crise d'ordre structurel et organisationnel, suscitée par les difficultés rencontrées dans la programmation du congrès constitutif du parti. Un congrès qui s'est avéré plein d'enjeux pour les différents courants qui souhaitent avoir la mainmise sur le parti, se positionner dès maintenant pour les municipales et pour l'après-Essebsi. Cette crise structurelle résulte aussi non seulement d'une lutte entre rivaux, entre des leaderships, mais aussi d'un conflit d'approche politique entre les différents courants (Mohsen Marzouk, Hafedh Caïd Essebsi et maintenant, peut-être, Faouzi Elloumi) quant à la gestion de la conjoncture actuelle, quant à la perception du rôle du parti dans l'action gouvernementale, à la nature de la coalition majoritaire et aux rapports avec les islamistes. On voit bien que tout semble séparer les différentes parties.
Aujourd'hui, nul ne peut prétendre détenir les clés de ce conflit acharné, ni en connaître les destinées, même pas ses propres acteurs, tant la question paraît complexe pour un nouveau parti majoritaire exerçant le pouvoir, qui n'a pas eu le temps de créer des traditions en matière de direction, condamné à tenir compte de plusieurs éléments contradictoires : la composition du parlement, la répartition des députés des différents clans, les exigences gouvernementales, la coalition, le projet moderniste, les islamistes, le rôle du président de la République et la perspective de sa succession, les municipales, la réaction des électeurs et de l'opinion, les soucis des adhérents du parti.
On ne peut, face à ces difficultés, qu'entrevoir tout au plus des scénarios possibles quant à l'évolution de la crise. On en voit trois pour le moment. Chaque scénario ayant ses propres implications politiques, positives ou négatives.
Le premier scénario : Nida reste tel qu'il est, c'est-à-dire un parti uni. Le parti reste ici attaché à son unité politique et idéologique fondamentale, malgré l'existence de rivalités entre les groupes et les personnes et malgré le pluralisme des sensibilités existant en son sein. Cette unité était construite autour de son chef fédérateur, Béji Caïd Essebsi. Elle est aujourd'hui battue en brèche, et il sera difficile de la retrouver entièrement, telle qu'elle était au départ, avant les élections de 2014. Le scénario de l'unité est de plus en plus difficile à reprendre son cours naturel, notamment après tous ces conflits verbaux et violents qu'a traversés le parti ces dernières semaines, entre le clan «Djerba» et celui de «Gammarth». Mais le schéma unitaire n'est pas totalement exclu. Dans un sursaut d'orgueil ou pour sauver les apparences ou suite à une reprise en main inspirée de son fondateur, le parti peut décider de sauver les apparences de l'unité, du moins jusqu'au prochain congrès, et d'éviter d'affronter les municipales en ordre dispersé.
Ce scénario n'a pas d'effet négatif sur le parti, même si la rivalité entre les clans et les personnes peut être suspendue, ni sur la coalition autour de lui. Nida reste ici Nida : un parti qui bénéficie de la majorité législative, qui soutient le gouvernement, même en apparence. Il ne perd pas ses 85 sièges à l'Assemblée des représentants du peuple, et préserve la coalition gouvernementale. Nida prend surtout en considération ici les contraintes et les enjeux politiques majeurs. Il est motivé par la crainte de perdre sa majorité parlementaire, d'user la légitimité de son fondateur, qui risque de devenir un président sans appui politique, et d'abondonner le projet moderniste. Il est aussi motivé par la menace islamiste, toujours pesante, surtout qu'en parallèle Daech est toujours là.
Le deuxième scénario : la création de deux ou trois courants formels et officiels. Nida refuse tant l'unité rigide que la scission, mais accepte de réglementer la pratique des courants en son sein. Des courants qui seront dirigés respectivement par des leaders politiques, ceux-là mêmes qui sont devenus rivaux. Nida reste ici encore Nida. Le parti sauve les apparences de l'unité relative par la création de petites formations en son sein, gage de l'équilibre général et condition du maintien de son unité. Au fond, le parti n'est plus ici aussi uni qu'auparavant sous BCE sur le plan politique et organisationnel. Il doit désormais prendre ses décisions par consensus et non plus à la majorité de ses structures pour satisfaire les courants. Les courants existaient de fait, ils existeront ici de droit, ils seront reconnus et formalisés dans les règlements internes du parti pour la paix des braves.
L'idée des courants formels est, en fait, une idée qui s'adapte davantage à la structure de Nida que l'idée de l'unité brute. Nida est à la base un véritable parti de rassemblement, qui a reconnu dès sa constitution le pluralisme idéologique, politique, syndical ou social des courants, pour peu qu'ils soient tous démocrates, anti-islamistes et partisans du progrès et de la modernité. Béji Caïd Essebsi n'était d'ailleurs le fédérateur du parti que parce que ce dernier était constitué d'une multiplicité de courants politiques. Il rassemblait des éléments disparates. Et il n'a pas intérêt à perdre cette vocation bien politique.
Toutefois, l'idée des courants formels est de nature à menacer en permanence la direction du parti et son évolution. Elle risque de perpétuer un chantage constant, provoqué par les hommes à la tête de ces courants ou par leurs partisans. A la moindre contrariété ou crise politique, les différents courants peuvent sortir la menace de la scission, comme celle des 32 députés aujourd'hui. Le parti est sauf, comme dans le premier scénario, mais le risque de la scission et de la division demeure virtuel et plus fort que dans le premier scénario, où ces courants ne sont pas formalisés par les textes du parti.
Le troisième scénario : la scission du parti. Nida Tounès (85 députés) se scinde en deux ou trois nouveaux partis. Le groupe autour de Mohsen Marzouk dispose aujourd'hui de 32 députés, celui autour de Hafedh Caïd Essebsi compte de 53 députés. Il semble même que Faouzi Elloumi a créé son propre clan politique, un courant sans doute stratégique, allié au groupe Marzouk ou tendant à le renforcer et à lui apporter certains éléments destouriens et rcédistes, qui ont adhéré plutôt au courant du fils Essebsi.
Au-delà du nombre des députés résultant de cette scission, Nida se divise ici en deux partis, sinon plus. Le courant majoritaire au Parlement (HCE) gardera sans doute le nom de Nida Tounès, l'autre courant de Marzouk choisira un autre nom. Tous les deux resteront à l'intérieur du cadre idéologique du parti, mais divergeront quant à la conception de la composition gouvernementale et de la forme d'alliance avec les islamistes. Nida cessera, en tout cas, d'être un parti de rassemblement. Ils affronteront les prochaines élections en ordre dispersé. Nida, le parti qui a rétabli les équilibres politiques, qui a véritablement sorti Ennahdha du pouvoir, donnera naissance à deux partis parlementaires : l'un sera celui de HCE, étoffé par les destouriens et les rcédistes ; l'autre sera celui de Mohsen Marzouk, réunissant autour de lui les démocrates, les syndicalistes, la gauche. Ce dernier a, il est vrai, moins de poids parlementaire que le premier, si l'on s'en tient du moins au nombre des députés. Mais ils auront vraisemblablement tous les deux le même poids politique. Cela dit, les deux nouveaux partis auront à mener une autre bataille à l'approche des municipales : la mainmise sur les réseaux et coordinations régionales et locales, qui a déjà commencé, réseaux sans lesquels ils ne peuvent espérer mener la bataille des élections municipales et législatives. La scission sera peut-être le début de l'usure du parti auprès de l'opinion et le signal de défection progressive des électeurs. Il ne suffit pas pour un parti d'avoir des tentacules et des réseaux régionaux, encore faut-il qu'il sache garder ses électeurs et les séduire dans l'action politique. Les électeurs ont voté pour Nida parce qu'il représentait la seule alternative à l'islamisme sur le plan des rapports de force et parce qu'il incarnait le mieux l'identité tunisienne. Les différents courants en lutte ne semblent pas trop craindre le lâchage d'Ennahdha en cas de scission de Nida et l'idée d'une nouvelle élection avec une autre majorité. Comme s'ils étaient rassurés par des hypothétiques accords occultes entre Essebsi et Ghannouchi, les deux hommes qui font la pluie et le beau temps du système politique. A supposer que tel est le cas, le parti ne devrait pas pour autant trop croire les propos des dirigeants d'Ennahdha lorsqu'ils prétendent que la deuxième position des islamistes est mieux acceptée par l'opinion. Ennahdha peut toujours provoquer une crise, ou menacer de se retirer de la coalition pour faire tomber la majorité et le gouvernement, et provoquer de nouvelles élections, si elle sent que la conjoncture peut lui être favorable.
Le mieux n'est jamais sûr, surtout en politique.
*(Professeur à l'université de Carthage)


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