L'abonnement des bibliothèques universitaires à des milliers de titres et de revues scientifiques permet d'assurer un accès gratuit aux enseignants et aux étudiants Des doyens de diverses institutions universitaires, des directeurs de bibliothèques universitaires au sein des 13 universités publiques du pays, des représentants de l'Institut supérieur de la documentation de l'université de Manouba (Tunis) ainsi que de la société civile ont pris part aux travaux du premier séminaire national sur le rôle des bibliothèques universitaires dans la réforme de l'enseignement supérieur organisé hier à El Kantaoui par l'université de Sousse et placé sous l'égide du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Signalons qu'avant le début des travaux de ce séminaire, une minute de recueillement a été observée par les participants à la mémoire des martyrs de la garde présidentielle tombés sur le champ d'honneur à Tunis lors de l'acte criminel lâche et barbare du mardi 24 novembre. Au cours de son allocution introductive, le professeur Faiçal Mansouri, président de l'université de Sousse, a indiqué que le développement des bibliothèques universitaires et notamment les ressources éducatives libres permettront la garantie d'une large participation des apprenants aux potentiels documentaires disponibles à l'université tunisienne. Il a souligné que la réforme du système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique s'étalant sur la période 2015-2025 vise à doter les universités des moyens nécessaires pour la concrétisation de quatre missions principales: la formation, la recherche, le développement économique et le développement humain. Ce projet de réforme vise encore la mise en place des pratiques de la bonne gouvernance dans la gestion des institutions universitaires, le renforcement de l'autonomie des universités et leur intégration dans l'environnement. Numérisation des ressources Au cours de son intervention portant sur «la bibliothèque numérique», le professeur Khaled Habchi, directeur de l'Institut supérieur de documentation de l'université de Manouba, a indiqué que le concept de numérisation désigne en fait des notions plus larges telles que la bibliothèque numérique et les centres de ressources et d'apprentissage. Il a donné un aperçu sur l'état des lieux de la bibliothèque numérique à travers le monde et dont il a cité en particulier la bibliothèque numérique de Google qui comporte 30 millions de livres dans diverses disciplines. Dans le cadre de la numérisation de la bibliothèque universitaire tunisienne, a-t-il poursuivi, l'on a envisagé la numérisation des thèses et des mémoires par des procédés de mise en ligne (scanner, reconnaissance optique des caractères...). Il a évoqué l'urgence de la constitution de la bibliothèque numérique par l'acquisition de livres numériques, et ce, dans diverses disciplines (littérature, technologie, médecine, sciences humaines et sociales, sciences exactes...). Il a, par la suite, évoqué la problématique de la lecture numérique qui nécessite un matériel de lecture tels que les tablettes, les liseuses de livres numériques. Opportunités et défis A ce propos, il a remarqué que les étudiants boudent la lecture numérique et préfèrent imprimer les textes puis les lire. Il a évoqué la nécessité de réduire le fossé numérique par le renforcement de l'infrastructure technologique, surtout dans les régions intérieures . Wahid Gdouri, enseignant - chercheur à l'Institut supérieur de documentation de l'université de Manouba, a indiqué au cours de son intervention que l'objectif de cette manifestation est de repenser le rôle et la mission des bibliothèques universitaires en Tunisie dans le cadre de la réforme du système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique . Pour cela, il a insisté sur la nécessité de réfléchir sur les composantes du système de l'information scientifique et technique qui s'articule sur 4 éléments essentiels, à savoir la recherche scientifique et la créativité, la production intellectuelle et les écrits scientifiques, l'édition savante et la bibliothèque universitaire. Ces éléments, a-t-il rétorqué, sont en perpétuelle interaction pour permettre une meilleure circulation du savoir et la diffusion de la documentation scientifique et technique. Il a ensuite passé en revue l'état des lieux dans les bibliothèques universitaires selon la formule Swot qui consiste à évoquer leurs forces et faiblesses ainsi que les opportunités et les défis. Concernant les forces du secteur de la documentation scientifique, il a cité essentiellement la présence d'une infrastructure bibliothécaire, d'un personnel qualifié ainsi que des produits documentaires( catalogue informatisé «Buruni», revues électroniques...). Quant aux faiblesses, il a insisté sur l'absence d'une bibliothèque centrale au sein de chaque université. Actuellement, il n'existe que des bibliothèques rattachées aux institutions universitaires. La bibliothèque centrale joue le rôle de coordination entre ces bibliothèques, œuvre pour la bonne rationalisation des dépenses, regroupe les acquisitions d'ouvrages scientifiques et assure le traitement documentaire de toutes les ressources électroniques. Concernant les opportunités qui s'offrent aux bibliothèques universitaires, il a souligné que les NTIC (internet, sites web, bases de données bibliographiques, catalogues en ligne, livres électroniques...) ont contribué à une meilleure circulation de l'information scientifique et technique. Concernant les défis qui pèsent sur le système de l'information scientifique et technique, il a évoqué la nécessité de combler l'absence d'une vision stratégique de la mission des bibliothèques universitaires dans toutes les activités de recherche, d'enseignement et d'apprentissage. Il a remarqué que les bibliothèques universitaires qui sont abonnées à des milliers de titres de revues scientifiques peuvent assurer un accès gratuit au public des enseignants et étudiants. Révision du statut de bibliothécaire Parmi les principales recommandations émises au terme de ce séminaire : la nécessité de développer une réflexion sur la nouvelle vision de la mission des bibliothèques universitaires, le repositionnement de ces bibliothèques dans le système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la mise en place d'une gouvernance appropriée pour ces bibliothèques ( autonomie financière et administrative, coordination entre les bibliothèques ...), la révision du statut du personnel qualifié des bibliothèques universitaires de manière qu'il soit aligné sur le statut des enseignants et des chercheurs.