Ils sont sept, chacun sa touche, chacun son univers. Généreux, ils nous ouvrent la porte de leurs rêves et nous introduisent lentement et tout en douceur dans les fluctuations de leur être. Sept jeunes peintres; six jeunes filles et un sexagénaire, passionnées d'art, elles ont trouvé leur voie après des cours intensifs. Ainsi leur professeur ne cesse de leur dire : cherchez en vous-même et exprimez-vous. Chose dite, chose faite, chaque pinceau s'est noyé dans les profondeurs de leur âme. Tous ne jurent que par l'acrylique. Une peinture bien malléable qui sèche vite et qui emporte le pinceau loin et ne néglige aucun détail D'ailleurs, nous dit la jeune Hana Aouadi, je ne lave pas mon pinceau pour profiter de chaque nuance. La jeune peintre s'est baladée dans les dédales de la médina. Couleurs apaisantes, foule de femmes en sefsari, elle fait montre d'une belle agilité. Elle peint la médina à travers une vision contemporaine, aidée par les murmures d'un imaginaire riche et débordant. Tout est bon à prendre, même les jets de peinture. Elle enfante des toiles dynamiques et assez parlantes. Haïfa Baccouche, quant à elle, a scruté le firmament. Son pinceau parle aux étoiles et aux planètes. Sable, acrylique, ses œuvres sont en relief et sollicitent le toucher. Bleu clair, gris, les planètes semblent arides, relevés par des couleurs lumineuses. De son côté, Oumaïma Kéfi sollicite l'enfant qui vit toujours en elle. Telles des BD, ses tableaux sont hauts en couleur. Des enfants têtards, des yeux exorbitants, sa peinture est en mouvement et se noie dans des tons flashy. Assez naïves, ses œuvres respirent la joie et l'innocence de l'enfance. Au tour de Mariem Debira de nous emporter dans un univers riche et assez original. D'une touche fort précise naît un abstrait qui flirte avec le cubisme. Elle s'essaye même au collage, le tout porté par des couleurs chatoyantes. Le nez, les yeux, la bouche deviennent un instrument artistique au langage poignant. On se laisse aller dans les dédales de ses élans oniriques émanant de son âme rebelle. Le figuratif est également présent grâce aux touches saillantes et aux courbes nettes et harmonieuses de Ghada Abdelbari qui rend hommage à la femme japonaise. Impressionnée par les traditions de ce pays, elle ne laisse rien au hasard et son pinceau connaît bien le chemin. Il est précis et puise sa force dans le beau. Le seul homme de cette exposition de groupe est un retraité, il nourrit une passion pour la peinture intarissable. A travers ses tableaux, il nous offre une médina scindée en deux. Celle d'antan et celle d'aujourd'hui. Sa peinture repose sur des couleurs terre. Elle est timide et ne se laisse pas entièrement emporter par son imaginaire. Ces tableaux projettent une image plutôt incongrue d'une vieille ville qui a pris un sacré coup de vieux. Où est son faste, semble-t-il nous dire. Le mouvement détermine la force de son pinceau et s'accroche au langage dicté par sa mémoire, beaucoup de balbutiements et d'hésitation nous laisse sur notre faim, et on en redemande plus. «Paroles berbères», c'est ainsi que Mariem Naouar a intitulé l'ensemble de ses œuvres. Inspiré des tapis traditionnels. Son pinceau nous invite à un jeu de couleurs vives et joyeuses. Figures géométriques, elle s'essaye dans l'abstrait et remporte haut la main le challenge. Rose, bleu, jaune illuminent les murs de la galerie. L'imagination est fertile et libérée de toute chaîne. Ses touches sont folles et mouvementées. Elles tendent vers l'infini. Ces jeunes peintres nous ont offert une belle randonnée dans un univers onirique très riche et vivace. Ils ont ouvert la porte de leurs cœurs et ont étalé les mots de leurs âmes.