SB Sleeman nous a fait voyager au gré de ses nuages... De mer en terre, on a scruté, à travers ses peintures, le firmament et on a atterri dans la lumière. «Je ne suis ni Monet ni Money», nous dit le peintre SB Sleeman ... «Cela peut être ma dernière exposition»... Modeste, notre artiste, car sa peinture nous balade ça et là dans un univers onirique où imaginaire et réalisme s'entremêlent... A travers sa peinture, on se balade de pays en pays, de mer en mer, de montagne en monagne... Il s'agit d'une randonnée où l'on se sent emporté par les vagues et où l'on voyage au gré des nuages... Il est libre, l'artiste libéré de ses chaînes passionnées»... Oui, j'ai eu des moments difficiles dans ma vie, une déprime qui m' a terrassé, nous dit SB Sleeman... Le voilà qui émerge et renaît de ses cendres en faisant vibrer son pinceau. A travers lui, il parle et ses mots sont poétiques... Il exorcise ses maux. Comme ses nuages qu'on retrouve dans la majorité de ses toiles, notamment en bois, il s'envole sans visas tel un oiseau... de terre en mer... de minaret en oasis, de l'Algérie jusqu'aux Marquises en passant par la Grèce pour atterrir au Niger. Sa plume se balade partout, elle n'a pas peur des distances et, plus est, des hauteurs. Il ne jure que par les montagnes. Les îles de Zembra et Zembretta, Boukornine. Les hauteurs sont la continuité, une issue. C'est la survie, explique SB Sleeman. Il flirte avec le mysticisme et a une prédilection pour l'abstrait. Les touches sont saillantes au contour courbé et assez fluides. On voit la mer bouger, sauvage et d'un bleu foncé qui nous emmène loin jusqu'au Abysses... La lune brille, dans tous ses éclats sur un minaret, la mosquée de Kairouan est là. Un effet lumineux des plus magiques, son pinceau se change en magicien, il dévoile dame nature dans toute sa beauté. Il s'attarde sur le mausolée de Sidi Bou Saïd où il a jeté l'ancre depuis quelques années. Passionné par ce village, notre peintre nous promène dans le Café des nattes, puis à la Médina. Une toile attire le regard «Terre de rencontre» où tout s'entremêle: oasis, montagnes, steppes, nord, centre, sud, ouest, lac-rivière, palmier, olivier en référence à l'Islam, témoins d'une Tunisie pluridimensionnelle. Journaliste, universitaire, notre peintre carbure à la poésie. Poète à ses heures, il introduit les vers dans sa peinture...Il laisse son pinceau écrire... Un déferlement de mots. Il joue aussi au sein de ses tableaux. Il insère deux animaux, aux visitants de les percevoir... «Un petit essai ludique destiné aussi aux enfants». Le voici qui nous prend par les yeux, pour nous emmener au Brésil. Derrière une zelebia (fer forgé typique de Sidi Bou Saïd). Une ombre apparaît et là SB Sleeman rend hommage à un grand poète brésilien, chanteur aussi, Vinicius de Moraes. Ce dernier s'est produit en 1978 au Festival de Tabarka. Ses chansons sont encore fredonnées partout dans le monde. Mais ce grand artiste a fait plus, il a composé un thème musical sur la Tunisie, intitulé «Valsa de Tunisia», relegué aux oubliettes. Après, direction Matmata. Cette région est dépeinte par notre artiste, dans toute sa splendeur. La terre engloutit la mer. Puis, un tour à El Haouaria et Kélibia. Une mer rocheuse où des vagues folles viennent s'abattre sur les rochers. Mer, mère de son imaginaire, elle symbolise la richesse de Sidi Bou Saïd Rais Labhar, patron des Marins. SB Sleeman nous fait escalader des montagnes. Que de hauteurs, symbole de la majestuosité. Un élément mystique. L'altitude, c'est la transcendance vers Dieu. Les dunes, aussi, sont présentes dans cette balade onirique. En mouvement, sous forme de vagues, elles gardent jalousement leurs richesses... qui gisent dans leurs profondeurs... l'aventure n'est pas terminée, les toiles se succèdent et nous emportent entre ciel et mer. A notre grand étonnement, notre artiste change de registre, il se lance dans la réalisation de portraits des plus réalistes. Les murs de la galerie Saladin nous offrent un personnage, mémoire de Sidi Bou Saïd... Différentes expressions se lisent sur son visage... Et ses yeux s'imposent... Ils sont bleus à force d'avoir regardé la mer. Il s'agit de Habib Chelagou, un marin mythique «homme des étoiles, raconte SB Sleeman, premier moniteur de voile à Zembra»... Puis, crayon à la main, notre peintre dessine portrait sur portrait... Aucun détail n'échappe à sa mine... les expressions crient de réalisme. On rencontre même Brel. Hommage à ce grand artiste... Plus encore, SB Sleeman a l'âme d'un poète. Il écrit de la poésie, qui nous balade telle une brise au gré de son imaginaire. Il est également «Fdawi»... notre artiste raconte des histoires passionnantes nées de sa propre plume. Sauvé des Abysses par la peinture, SB Sleeman peint la mer qui a failli l'engloutir. La peinture est sa bouée de sauvetage et la poésie est sa rive. Désormais, il marche sur l'eau... en lévitation... il nage sans se noyer. Il a représenté les montagnes, l'altitude, une belle escapade vers les cieux. Serein, il a traversé les frontières sur les aîles de ses nuages, traversant un chemin illuminé par la lune ou le croissant. A travers sa peinture, S.B. Sleeman s'est battu contre ses démons, bercé par l'authenticité du village de Sidi Bou Saïd et de différentes régions, où eau et sable s'entremêlent. Son pinceau magique nous a promené dans un imaginaire riche et fascinant en perpétuel mouvement qui a jeté l'ancre dans la sérénité. S.B. Sleeman a peint et nous a fait voyager sur ses nuages. Il est libre le peintre et nous a offert sa liberté.