Inspiré du beau travail du grand Turner, il lance son pinceau au gré de son imaginaire... Son grand amour, ce sont les femmes et leurs courbes La galerie de l'Agora est un petit espace doté d'une belle luminosité. Il met en exergue les tableaux des artistes, grâce à un halo de lumière braqué sur chaque fresque. C'est dans cet espace que le peintre Chedly Ben Jabria a offert ses œuvres aux regards des visiteurs... La peinture et lui, c'est une vieille histoire d'amour. A l'âge de 10-12 ans, alors que les garçons jouent aux billes, lui «faisait les expositions au grand étonnement de tous». Puis, bercé par ce monde magique, il en fait sa raison d'être... Notre artiste est diplômé des Beaux-Arts de Paris et de l'école «Caroussel du Louvre». Inspiré du beau travail du grand Turner, il lance son pinceau au gré de son imaginaire... Son grand amour, ce sont les femmes et leurs courbes. Né en 1963, il a exposé, à l'âge de 18 ans, à Paris, en Autriche, en Belgique, au Canada et à Tunis. «Le plus souvent, je puise mon inspiration dans les photos d'art. Et puis, je prends de chaque peintre, Modigliani, Turner, Van Gogh et je cherche mon style à moi». Il a, à son actif, plus de 100 expositions partout dans le monde. C'est un nomade et sa peinture parle plusieurs langues. A l'Agora, Chedly Ben Jabria chante l'hymne de la beauté. Ainsi, l'artiste nous balade au gré d'un pinceau généreux, bercé par un imaginaire riche et débordant... Il part à la conquête du beau, le retrouve et le pérennise... à travers les atours de la femme... et nous ouvre ainsi les portes de son univers onirique. Son pinceau parle et la femme est son maître. Que de la peinture à l'huile qui s'incline face à la beauté. Aussi, le visiteur se retrouve emporté dans des paysages, des visages et des corps qui caressent le regard : magie de la peinture. Chedly Ben Jabria se lance dans un jeu de séduction. Ses touches sont portées par des couleurs chatoyantes et harmonieuses qui font montre d'un goût bien relevé... «Mes couleurs reposent», nous dit-il. Un véritable plaisir pour les yeux. On assiste alors à un accouchement non sans douleur et, puis, comme par enchantement, les œuvres de notre artiste prennent corps... Parfois ses réalisations le devancent, d'ailleurs, il affirme: «Quand je finis de peindre, parfois je recule et je découvre ma création». Ainsi, pour lui, l'expérience joue un grand rôle. Il est rodé, vu sa belle carrière dans le domaine de la peinture. Il peint les yeux fermés «tout comme un chef cuisinier qui crée un plat bizarre au goût vachement bon». Les œuvres de Chedly Ben Jabria sont plongées dans les profondeurs de l'être. Il obéit aux moindres fluctuations de son pinceau. Qui sait envoûter le regard. Plus est, un pinceau qui connaît son chemin et se distingue par une grande maturité. Notre artiste est un touche-à-tout. Il flirte, tour à tour, avec le figuratif et se lance dans des touches impressionnistes en jet. Tel un sculpteur, aucun détail ne lui échappe. Chedly Ben Jabria nous offre des courbes nettes et précises et ses touches subtiles restent en perpétuel mouvement. Fluides et vives, pas de point final que de la mouvance. Ainsi , nous dit l'artiste : «On donne une âme à sa création. Un tableau peut être beau, mais sans rien dégager». Fin psychologue, il sait toucher l'âme des gens. Il la perce à travers un pinceau qui se ressource dans son cœur. Dans les créations de Chedly Ben Jabria, «les nus prennent le dessus». Ils s'imposent, pris dans un tourbillon de sensualité où il met en exergue la beauté presque insaisissable de la femme. Courbes et gestuelles sont mises en valeur. Sa peinture est femme. Elle fait montre d'une force de touche et d'une sensibilité à fleur de peau. Alors, on voit ces femmes dévêtues, nues, habillées d'une sorte de voile et qui s'offrent au regard dans toute leur beauté. Belles et non moins pudiques, elles se noient dans un jeu d'ombre et de lumière... A l'aide de son pinceau, Chedly Ben Jabria caresse le corps des femmes dans toute leur splendeur. Et ce, à travers des touches franches, parfois même effrontées. Une femme nue, affalée et pensive nous invite à pénétrer son univers. Il y fait sombre. Elle semble se laisser aller à ses peines. On l'écoute gémir... Puis, une autre femme jouant du violoncelle est sans visage, anonyme... son visage est flou, parsemé de couleurs vives, là Chedly Ben Jabria effleure l'abstrait... Par la suite, le regard est interpellé par une belle femme, dont on ne voit que la tête, les cheveux et les yeux. Son visage est à terre. Est-ce un vertige ou la mort, au visitant d'interpréter la toile qui semble sortie d'une BD contemporaine et est d'une beauté ineffable... on s'y attarde. Puis soudain, nostalgique, le pinceau de notre peintre se balade dans les ruelles de la Médina... des femmes en sefsari... Elles sont distinguées, gracieuses, élégantes et sensuelles. On éprouve l'envie de les suivre... Clin d'œil au passé, à notre identité bafouée et aux traditions indélibiles. Bleu, noir, jaune orange, marron, jeu d'ombre et de lumière, le pinceau de Chedly Ben Jabria n'a pas dit son dernier mot. Il nous invite à une promenade rafraîchissante dans des paysages de la vieille Tunisie. Un village qui surplombe la mer dans un élan d'impressionnisme, presque un cliché photographique, hommage à la vieille Tunisie. Puis, le pinceau de l'artiste continue sa route, il va ressusciter de vieilles maisons dans des formes presque géométriques et précises. Il met ainsi en valeur les bâtisses d'antan. Jeu de séduction, hommage aux traditions, Chedly Ben Jabria se balade avec une aise déconcertante. Il suit le chemin de son cœur, le chemin que lui dictent son être et son imaginaire... Le tout est exprimé à travers une palette forte, sublimissime et fort imposante. Voire apaisante. L'artiste a joué. Il a chanté les louanges de la beauté... Il a même rendu hommage à la Tunisie d'antan,celle de ses souvenirs enfouis. Son pinceau est séducteur et nostalgique. Il est l'écho du subconscient de tout un chacun... Et une aura se dégage de ses œuvres.