L'association Aloès des amis de Hammadi Chérif a rendu un vibrant hommage au défunt, lundi dernier à Ennejma Ezzahra. Cet hommage particulier, car il ne consacre pas uniquement l'homme mais pérennise sa trace, a été un moment solennel. Une teinte de magie a envahi les lieux où l'émotion atteignait son apogée par les envolées lyriques en acapella de Alya Sellami ou le concert de musique avec les très jeunes Mestiri et les chansons de Yasser Jerad. Un public nombreux était égalemnt là pour partager une prolifération d'hommages à Hammadi Chérif. Hamma Hannachi, ami de longue date du défunt et président de l'Association Aloès, en maître de cérémonie, a déclamé un poème très émouvant à la mémoire de Hammadi Chérif. La vice-présidente Edith Zäch a, pour sa part, prononcé un discours où elle a passé en revue le parcours riche et dense du défunt. Elle a par ailleurs levé le voile sur une partie de sa vie en Suisse. Elle rappelle ainsi que c'est par un jour comme un 7 décembre, il y a 68 ans, que Hammadi Chérif a vu le jour dans ce village pittoresque, de Sidi Bou Saïd. Il a ouvert les yeux et immédiatement il est conquis par la lumière pure, incandescente, éclatante, aveuglante comme la vérité ou la foi, qui a déjà ébloui avant lui Klee et Macke. «Avec ses frères et sœurs, il passe une enfance et une jeunesse heureuse baignées d'amour et de tolérance», raconte-t-elle. «Le jeune Hammadi quitte tôt la maison familiale pour aller étudier à l'étranger. A la fin des années 60, il apprend la profession de galeriste chez Ernst et Hildy Beyeler à Bâle (Suisse) qui, conscients du talent de Hammadi, ont encouragé sa passion pour les arts et la culture tout en lui transmettant certaines valeurs, dont celle-ci ; l' art ne doit jamais servir à des buts uniquement commerciaux», ajouta-t-elle. Ce fut, pour lui, un défi qui engage une responsabilité. Dar Chérif Edith Zäch a, par ailleurs, indiqué que Hammadi a, au cours de sa carrière professionnelle, ouvert plusieurs galeries, dont l'une dans la maison familiale de Sidi Bou Saïd, Cherif Fine Art. «Il est resté très proche d'Hildy et d'Ernst Beyeler, qu'il considérait comme des modèles. Sans enfants, les époux Beyeler ont fait don de leur vivant de leur patrimoine à la fondation qu'ils avaient créée», explique-t-elle. Et de préciser que Hammadi qui désirait lui aussi réaliser quelque chose de similaire, à savoir une fondation pour la Tunisie, a édifié, après de longues années, à Sidi Jmour, un centre culturel. «Hammadi était heureux et fier du succès de ce centre, mais il restait modestement en retrait. Il laissait la première place à l'Art», souligne-t-elle. Et de conclure que «Hammadi nous a légué bien plus que des bâtiments et des collections d'art. Il nous a transmis sa philosophie; sa faculté à rendre les gens heureux, à les intéresser à la culture et à soutenir les jeunes artistes, avec un altruisme, une générosité et une ouverture d'esprit sans pareil». Lesquelles valeurs ont marqué la cérémonie de remise du prix Aloès d'or, lors de cette soirée. En effet, le lauréat Mehdi Ben Cheikh, galeriste à Paris (Itinérance), connu pour avoir organisé Djerbahood, une manifestation qui lui a valu plus de 2.000 articles dans les plus prestigieux journaux du monde et les magazines des plus grandes compagnies aériennes, a annoncé sous un déluge d'ovations qu'il cède ce prix à Hosni Hertelli qui est un street-artiste qui a participé à Djerbahood et a récemment monté un spectacle avec les Derviches tourneurs de Damas au Quai Branly qui a rencontré un succès public et une critique phénoménale .D'un montant de dix mille dinars (10.000 DT), ce prix, le plus important à être décerné par une association, récompense un artiste pour réaliser ou finaliser un projet en Tunisie. En organisant, au Centre des musiques arabes et méditerranéennes, «Ennejma Ezzahra», sous le patronage du ministère de la Culture et le soutien du ministère du Tourisme, cette cérémonie de remise du Prix l'Aloès d'Or, d'une qualité exceptionnelle, l'Association «Aloès» pérennise de la meilleure façon la trace et l'œuvre du galeriste et homme de culture feu Hammadi Chérif.